Nouveau Latina, rue du Temple, 18h10. Si j’ai plus pour
habitude de fréquenter le cinéma du Marais le samedi soir à 22h pour y assister
aux mémorables séances de « Panic !Cinéma », cette fois-ci j’y allais en séance de rattrapage pour « César doit mourir », que je
devais voir depuis près d’un mois mais dont je repoussais sans cesse le
visionnage. Il était temps, car le film des frères Taviani commençait à ne plus
passer dans beaucoup de salles…
Au lieu des habituels Phil Siné ou Plastic Man
que je croise régulièrement aux folles séances du samedi soir, je ne vis qu’un
drôle de type profondément endormi au 5ème rang (il ronflera même allègrement pendant le
premier quart d’heure du film… heureusement que j’ai senti le coup et que je me
suis un peu éloigné de mon cher 5ème rang). J’aurais dû me douter,
comme mes voisins du rang de devant, que quelque chose clochait lorsque la
bande-annonce du film que nous étions venus voir, « César doit
mourir », fut la première chose projetée lorsque la séance commença. Mes
fameux voisins se retournèrent et me demandèrent « Vous venez voir quel
film ? », à quoi je répondis que je venais voir le film des frères
Taviani. Après tout, ce n’était pas la première fois que je voyais un cinéma
nous envoyer la BA du film que j’étais sur le point de voir. Ça ne m’inquiéta
pas plus que cela.
Mais lorsque la lumière s’éteignit et que les crédits du
générique d’ouverture apparurent à l’écran, quelque chose de vraiment louche se
produisit. Alors que nous nous attendions tous à voir apparaître un univers
carcéral (le film suit des prisonniers répétant « Jules César » de
Shakespeare en atelier théâtral…) et des mots italiens, nous vîmes se former…
une citation en anglais… puis des crédits en anglais… puis un titre en anglais
par-dessus des champs de fleurs colorés : « House of Boys ». Ah.
Bon. Ok. C’est pas le bon film. Dans la salle, l’émoi est palpable. Tout le
monde se regarde, certains s’interrogent, mes voisins de devant paniquent, les
p’tits jeunes du 4ème rang sont déjà prêts à quitter la salle. Chacun
semble penser qu’il s’est trompé de salle.
Sauf que l’évidence est beaucoup plus simple que trente
personnes ayant tous commis la même erreur : une seule personne a commis
une erreur, le projectionniste. Pendant que les spectateurs restent un peu
hébétés et ne savent trop quoi faire, je me lève, remonte la salle en courant
pour aller trouver le caissier du Nouveau Latina : « Y a un problème
en salle 1, on nous projette « House of Boys » au lieu de
« César doit mourir » »…
« Ah » me répond le caissier, « y a pas de
projectionniste dans la salle, il a dû mal programmer, je vais le prévenir tout
de suite ». Sur quoi je retourne en salle, et tombe nez à nez avec les
deux jeunes du 4ème rang, que je préviens de ce que m’a dit le
caissier, qui retournent donc soulagés s’asseoir à leur place. Je fais de même
pour mes voisins les plus proches dans la salle.
Une minute plus tard, la salle se rallume et « House
of Boys » s’interrompt juste au moment où un mec essaie de s’exploser un
bouton devant son miroir. Et en quelque secondes, par la magie du numérique
(qui était également le fautif sur l’erreur de film, remarquez…), le beau film
des frères Taviani commença, documentaire largement scénarisé nous plongeant dans
les répétitions d’une pièce de Shakespeare par une troupe de prisonniers. Au 5ème
rang, l’endormi semble s’être à peine aperçu de ce qui venait de se produire.
Cela m’a rappelé « Green Hornet » deux ans plus tôt, où j’avais dû également sortir en courant
de la salle pour sauver la projection. Pendant que les spectateurs restent
hébétés, je suis là pour sauver leur séance. Alors c’est ça, la vie de
super-héros…
6 commentaires:
> "Alors c’est ça, la vie de super-héros…"
En quelque sorte. ;)Une nouvelle mission réussie !
A grand pouvoir, grande responsabilité.
Bien joué, Super-David !
Bon, mais du coup, on n'a même pas droit à un avis un peu détaillé sur ce "César" ?
Est-ce que tu iras voir "House of Boys", aussi, avec une petite impression de déjà vu au départ de la projo ?
Martin, non, je ne pense pas que j'irai voir "House of Boys", malgré la présence au générique du toujours formidable Stephen Fry, trop de films à voir en ce moment...
"César doit mourir", très beau film. La force des mots de Shakespeare joue beaucoup, mais la mise en scène élégante des Taviani n'est pas en reste.
oh mais tu aurais du laisser house of boys, c'est un chouette film ! :)
d'ailleurs je l'ai préféré à césar doit mourir dont tu ne dis d'ailleurs presque rien du coup... ;)
Je ne presque rien sur césar doit mourir c'est vrai, mais tu devrais avoir l'habitude, tu sais bien à force que mon blog n'est pas un blog de critiques ;) Mais César m'a fait belle impression. "Houses of Boys", j'ai rien contre, mais quand je viens voir un film, ça m'énerve d'en voir un autre commencer ;)
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