On dit de Woody Allen qu’il est un cinéaste prolifique. Le cinéaste new-yorkais est pourtant une paresseuse tortue lorsque l’on compare son rendement d’un film par an à son confrère de Hong Kong Johnnie To. Ces dix dernières années, To a réalisé (tenez-vous bien…) 25 longs métrages, dont 10 seulement sont sortis en salles en France. Évidemment, à ce rythme-là, le cinéaste ne sort pas un film remarquable de son chapeau à tous les coups. Les spectateurs français sont d’ailleurs peu à savoir que To signe autant de comédies légères que de films noirs (mais seuls ces derniers arrivent jusqu’à nos écrans). A l’occasion de la sortie française de Vengeance, petit panorama des polars indispensables de To (avis tout à fait subjectif bien sûr).
Vengeance (2009)
Autant crainte qu’attendue, la rencontre entre Johnnie et Johnny s’avère loin d’être au niveau des meilleurs films du cinéaste. Si le sens implacable de la mise en scène de To est indéniable et réserve des séquences (de gunfights notamment) d’une maîtrise incontestable, son éternelle tendance (habituellement parfaitement gérée) à bâcler ses scénarios se révèle ici clairement marquée. Le coup de l’homme tueur / vengeur s’accrochant autant que faire se peut à sa mémoire rappelle en plus distrait La mémoire du tueur et bien sûr Memento, mais Hallyday, malgré son mutisme, ne semble pas en harmonie avec l’univers du réalisateur. Le film aurait gagné à se recentrer sur le trio de tueurs à gages interprétés par les fidèles que sont Anthony Wong (d’une classe folle), Lam Suet et Lam Ka Tung, parfaits.
Triangle (2007)
Triangle ne compte pas parmi les vingt-cing longs-métrages réalisés par Johnnie To ces dix dernières années, puisqu’il n’en a réalisé qu’un tiers, les deux autres étant l’œuvre de Tsui Hark et Ringo Lam. Mais force est de constater que le segment de To (d’une durée de 40 minutes environ) est le plus fort, le réalisateur ayant eu l’avantage de conclure le film. Il a ainsi pu laisser libre cours à son talent sans pareil pour la mise en scène d’affrontements dans un final grandiose, en nocturne, dans un décor campagnard donnant l’occasion d’une partie de cache-cache à flingues ahurissante.
Vengeance (2009)
Autant crainte qu’attendue, la rencontre entre Johnnie et Johnny s’avère loin d’être au niveau des meilleurs films du cinéaste. Si le sens implacable de la mise en scène de To est indéniable et réserve des séquences (de gunfights notamment) d’une maîtrise incontestable, son éternelle tendance (habituellement parfaitement gérée) à bâcler ses scénarios se révèle ici clairement marquée. Le coup de l’homme tueur / vengeur s’accrochant autant que faire se peut à sa mémoire rappelle en plus distrait La mémoire du tueur et bien sûr Memento, mais Hallyday, malgré son mutisme, ne semble pas en harmonie avec l’univers du réalisateur. Le film aurait gagné à se recentrer sur le trio de tueurs à gages interprétés par les fidèles que sont Anthony Wong (d’une classe folle), Lam Suet et Lam Ka Tung, parfaits.
Triangle (2007)
Triangle ne compte pas parmi les vingt-cing longs-métrages réalisés par Johnnie To ces dix dernières années, puisqu’il n’en a réalisé qu’un tiers, les deux autres étant l’œuvre de Tsui Hark et Ringo Lam. Mais force est de constater que le segment de To (d’une durée de 40 minutes environ) est le plus fort, le réalisateur ayant eu l’avantage de conclure le film. Il a ainsi pu laisser libre cours à son talent sans pareil pour la mise en scène d’affrontements dans un final grandiose, en nocturne, dans un décor campagnard donnant l’occasion d’une partie de cache-cache à flingues ahurissante.
Exilé (2006)
Si l’on prend Johnnie To dans sa représentation de cinéaste la plus symbolique, alors son plus grand film est sans conteste cet Exilé. Sa fascination pour les tueurs à gages et les affrontements fraternels atteint ici son paroxysme dans un film dont le classicisme scénaristique est magnifié par une mise en forme en rupture totale avec ce qu’on peut attendre d’un polar Hongkongais. To, indéniablement cinéphile, signe un film noir à influence Leonienne, un duel groupé qui sent la poussière, le sable, et les règlements de compte semblant sortis tout droit d’un pur western. C’est beau et époustouflant à la fois, du grand cinéma.
Election (2005)
Election, et par extension sa suite, se détache nettement dans la filmographie de To. Ni comédie légère ni polar sec, il s’agit d’une ambitieuse observation de l’univers des Triades, loin de la glorification ou de l’aseptisation. To, habituellement si chiche lorsqu’il s’agit de densifier ses scénarios, laisse libre cours à une déferlante narrative sans pareil dans sa carrière, démythifiant, rapetissant l’univers mafieux de Hong Kong pour le rendre plus fascinant et terrifiant encore. Pour la première fois, le cinéaste se trouvait en compétition officielle au Festival de Cannes avec le premier Election. Une reconnaissance pleinement justifiée.
Breaking News (2004)
L’évocation seule de ce film renvoie en mémoire une des scènes d’action les plus saisissantes de ces dernières années au cinéma : un plan séquence de près de dix minutes, en ouverture du film, mettant des criminels aux prises avec les forces de l’ordre. Johnnie To, dans cette séquence éclatante, fait exploser sa maestria. Le reste du film, quasi en huis-clos, se veut une dénonciation du cirque médiatique moderne, à travers une prise d’otage dans un immeuble résidentiel populaire de HK, dont la prise en charge policière est filmée en temps réelle par les télévisions. To n’est pas très à l’aise dans la tenue du propos, mais le cadre claustrophobe de l’intrigue lui sied à merveille.
PTU (2003)
Une nuit à Hong Kong. Tel aurait pu être le titre de ce film de To, peut-être le plus réputé de la filmographie du cinéaste, même s’il est loin d’être mon favori. L’arme égarée d’un policier y met en branle une mécanique lente mais fatidique à travers les rues de la cité chinoise. Un long-métrage toujours à contretemps, évitant constamment l’emballement pour mieux faire monter la tension en sourdine. Derrière l’incontournable Simon Yam, To offre l’un des rôles les plus épais de sa carrière à l’imposant Lam Suet, second rôle remarquable de la plupart des films du réalisateur mais habituellement trop souvent cantonné à l’apport comique.
The Mission (1999)
Le film par lequel tout a commencé en France. C’est avec cette histoire de gardes du corps engagés pour protéger un parrain des Triades que la plupart des cinéphiles français ont découvert Johnnie To, dont les films n’avaient jusqu’ici pas atteints les salles obscures hexagonales. Anthony Wong, Francis Ng, Lam Suet et Simon Yam allaient devenir des noms indissociables de l’univers du polar Hongkongais. A la fois décalé, prenant, amusant et tragique, The Mission annonçait le style To, magnifié sur un thème presque similaire quelques années plus tard dans Exilé. La musique de The Mission, tout à fait inattendue, est un sommet de décalage divin.
Running out of Time (1999)
Running out of time ne ressemble pas vraiment aux autres polars de Johnnie To. Probablement parce qu’habituellement, le cinéaste laisse assez peu de place à la représentation policière dans ses films, à quelques rares exceptions près. Ici, To orchestre un jeu du chat et de la souris entre un voleur atteint d’un mal incurable et un flic pugnace bien décidé à le mettre sous les verrous. Les conflits fratricides au sein des Triades sont bien loin, pourtant To signe là un divertissement remarquable, alternant action, humour et émotion avec un brio indéniable. Ce face-à-face palpitant, parfaitement servi par le duo Andy Lau / Lau Ching Wan (malheureusement méconnu en France, où on l’a surtout vu dans le tortueux Mad Detective du même Johnnie To), préfigure un autre grand polar de la même trempe, Infernal Affairs (qui n’a rien à voir avec To).
Non je ne me suis pas arrêté dessus, mais OUI j’adore Fulltime Killer, duel de tueurs au sommet, Mad Detective, portrait tortueux d’un ancien flic meurtri mais génial, ou Sparrow, qui suit avec légèreté les sympathiques méfaits d’un groupe de pickpockets.
11 commentaires:
Le réalisateur contemporain le plus surestimé du monde ! ;-)
Seul PTU était pas mal, à mon goût !
Pfffff... qu'est ce qu'il faut pas entendre... ;-)
Un jour tu les reverras et tu changeras d'avis...
Et évidemment tu as oublié Running on karma que j'adore!! Mais comment as tu pu!! ^^
As-tu lu mon intro Pierre ??? Lis mon intro et tu auras un indice de "pourquoi je n'ai pas cité Running on Karma". Et de toute façon, je suis pas fan de ce film... lol
mais j'ai bien lu, j'ai bien lu ^^. mais Running on karma a une part polar, entre autre beaucoup d'autres parts ^^.
Désolé Pierre, j'ai du mal à le considérer comme un film noir malgré sa petite part polar. Moi Andy Lau dans sa combi de baraque, ça me fait rire, j'arrive pas à prendre le perso au sérieux ;-)
Du lourd. Du grand. Justement pour ma part, je considère que Johnnie To est peu estimé aux yeux du public de par chez nous. Il mériterait une place plus importante sur la scène internationale et d'une vraie reconnaissance. Est-ce parce qu'il est un cinéaste asiatique et tout particulièrement hongkongais ? Même avec les années qui passent, le cinéma asiatique (je généralise, pardon) souffre encore de l'image d'un cinéma "exotique" et donc pas facile d'approche alors qu'il ruisselle de véritable perle dont tu te fais justement échos. Un jour peut-être...
Un jour, espérons...
Merci de faire honneur au grand Mr To ;-)
A noter la sortie prochaine d'un documentaire Johnnie Got His Gun ! réalisé et écrit par Yves Montmayeur. (Source)
Une image furtive à trouver sur la bande annonce du festival du film asiatique à HK.
(Musique : Orange Shirt de Discovery)
De rien Gouchi !
Je guetterai pour sûr ce documentaire...
Un bon réalisateur mais qui a connu des hauts et des bas... Il frôle un peu le ridicule sur ses derniers films...
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