samedi 19 février 2011

Souvenir... J'ai failli voir Le Monde Perdu en espagnol

Quand j’ai commencé L’impossible blog ciné, un des buts premiers était de raconter mes aventures dans les salles obscures autant que parler des films que je voyais. Ce qui est dommage c’est que si, avec toutes mes expéditions dans les salles obscures parisiennes, je rencontre des gens et vit des situations décalées que je ne peux m’empêcher de décrire dans ces pages, ma vie de spectateur n’a pas commencé en décembre 2008 avec ce blog. J’ai fait mes premiers pas de spectateurs dans les années 80, découvert mon envie de cinéma dans les années 90, et développé ma cinéphilie dans les années 2000. Ca en fait des aventures vécues. Des histoires à raconter. Certaines oubliées, certainement. D’autres gravées dans ma mémoire.

Alors forcément, cette pensée s’est mise à trotter dans ma tête, pourquoi ne pas partager quelques souvenirs de spectateurs en culottes courtes et de cinémaniaque en devenir qui traînent dans les recoins de ma mémoire de quasi trentenaire (c’est si peu, et pourtant cela paraît déjà tant…), au fil du blog, plus ou moins régulièrement ? Attendez, j’en discute avec mon comité de rédaction… t’en penses quoi David ? Pas mal l’idée, ça peut être marrant. Allez go. Adjugé.

Mais par où commencer ? La liste des films, des cinémas et des souvenirs est longue. Mon premier souvenir de cinéma, je l’ai déjà raconté, pas besoin de cibler la chronologie, de toute façon ma mémoire n’est pas assez bonne pour cela. Alors au gré des envies et des fulgurances du passé, ça sera plus drôle. Pourquoi pas un peu de soleil en ce gris jour de février… Laissez-moi vous raconter comment j’ai failli voir Le Monde Perdu en espagnol. Oui pour faire original, je vais vous raconter comment je n’ai pas vu un film. Pourquoi pas.

Remontez vos montres quatorze années en arrière. Vous arrivez à vous faire une photo mentale de l’époque ? Moi à peu près. C’est l’été 1997 et je n’ai pas encore 16 ans. En bon fils de divorcés que je suis, l’été c’est le bénéfice de partir deux fois, et après la Normandie avec ma mère en juillet, c’est direction l’Espagne avec mon père (faut bien que ça ait du bon les déchirements familiaux !). Je me souviens de la route, longue (en voiture !), jusqu’aux abords de Valence, pas loin de la côte. Une maison, perchée sur une route montante, une maison où vit une vieille espagnole, des amis d’amis de mon père, une piscine dans le jardin, deux jolies sœurs espagnoles dont l’une avait mon âge.

Combien de temps sommes-nous restés, je ne sais plus. Que faisions-nous de nos journées (à part la piscine…) je ne sais plus. Mais je me souviens qu’en ces jours d’août 1997, Le Monde Perdu, la suite tant attendue de Jurassic Park, était déjà sorti en Espagne. Probablement un des films que j’attendais le plus cette année-là. Nouveau Spielberg, suite d’un des meilleurs blockbusters jamais produits à Hollywood, comment ne pas attendre avec impatience un tel évènement cinématographique ? Malheureusement, la France à l’époque était la championne pour sortir les films les plus attendus longtemps après la bataille, les distributeurs hexagonaux étant frileux en été et préférant lancer leurs gros films à l’automne (aaah, La menace fantôme…). Résultat, alors que le monde entier avait eu droit au Monde Perdu au cours de l’été 97, en France, il fallait attendre la fin octobre pour pouvoir le découvrir. L’avènement du piratage sur Internet aura au moins forcé les distributeurs à ne pas attendre des mois pour sortir leurs blockbusters.

Mais en 97, l’idée de l’attente d’un film était tout autre, et la perspective de voir Le Monde Perdu en avance s’est ainsi présentée à moi. Les deux sœurs espagnoles sortaient un soir avec des amis pour aller le voir et nous proposaient dans l’excellent français qu’elles parlaient (nettement meilleur que mon espagnol), à ma sœur et moi, d’aller le voir avec elles. Rétrospectivement, je me rends compte qu’en ce jour d’été 1997, j’ai fait preuve d’un des mes premiers actes de cinémaniaque. Alors que ma sœur a sauté sur l’occasion et a accepté l’offre des sœurs… j’ai décliné. La perspective de sortir avec de jeunes espagnol(e)s avait beau me tenter, les sœurs nous avaient prévenues que le film serait doublé en espagnol et non en version originale.

A l’époque, l’idée d’aller voir des films autrement qu’en VO ne me gênait pas encore trop, mais là il ne s’agissait pas de VF. Il s’agissait de voir l’un des films que j’attendais le plus dans une langue étrangère que j’aurais bien du mal à suivre, et qui très certainement ferait que je ne comprendrais pas grand-chose aux dialogues. Et moi je l’attendais trop pour me contenter d’une version que je comprendrais à peine. Pas question de le voir en espagnol. J’ai dit non. J’ai dit non aux jolies espagnoles (l'une des soeurs était craquante...), non à un film que je pouvais voir près de trois mois avant sa sortie française, à la grande surprise de mon père qui ne comprenait pas comment je pouvais dire non à une telle proposition. Et je dois bien avouer qu’aujourd’hui, si je pouvais remonter le temps, je changerais d’avis et j’irais le voir, Le Monde Perdu en espagnol. Le frisson de la confrontation hollywoodienne aux dinosaures de Spielberg se serait facilement laissé apprécier en espagnol, j’en suis aujourd’hui certain.
Ma sœur était revenue de la soirée enthousiaste, me racontant que j’aurais halluciné de voir comment les espagnols se comportaient dans la salle, allant et venant souvent pour aller chercher des boissons, des pop-corns et autres, pas aussi sages qu’en France. Elle m’a aussi raconté le film sans me spoiler, me racontant ce qu’elle en avait compris.

Nous avons quitté l’Espagne quelques jours plus tard, y laissant pour ma part ce double regret d’être passé à coté d’une ravissante espagnole et d’un Spielberg en avant-première. J’ai finalement vu Le Monde Perdu plus de deux mois plus tard, à Paris, constatant au passage que ma sœur n’avait pas tout compris des relations entre les personnages (mais comment avait-elle pu comprendre que Julianne Moore jouait une lesbienne ?!). Quatorze ans plus tard, je ne me souviens pas de l’avoir revu depuis, mais je me souviens toujours de ce jour de 1997 où j’ai dit non à une espagnole qui voulait que je vienne le voir avec elle. Ce qu’on peut être con quand on est ado.

4 commentaires:

I.D. a dit…

Ha ! David Tredler c'est Dawson Leery. Y a des filles (non consumées, ouh ce que c'est mal dit "consumées", non mais) et du Spielberg ! Génial. ;)

David Tredler a dit…

Ouais c'est pas beau ton "consumées", beuuurk^^
J'ai jamais vu un seul épisode de Dawson figure-toi !

I.D. a dit…

Ouais bah Dawson c'est toi. Sauf que toi, tu réalises pas des films fait à la maison. ;) C'était juste l'association fille "avec laquelle il pourrait se passer quelque chose et puis non ! Finalement rien" et Spielberg toujours dans le coin.
J'avoue que j'ai un peu honte de la référence que je suis allé chercher là. D'autant plus que Dawson arrive à ses fins avec la prude Joey. Et puis je me dis que t'es pas cul-cul comme ce mec. Oublions tout ça, c'est préférable. :)

David Tredler a dit…

Reprend-toi I.D., merde ! ;)

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