Je me suis posé la question il y a quelques semaines. Tout à coup sur le site de bandes-annonces d’Apple, je tombai sur l’affiche d’un film intitulé Nice Guy Johnny sur laquelle était écrite « A film by Edward Burns ». A une époque, je guettais du coin de l’œil ce que concoctait l’acteur/réalisateur new-yorkais, mais depuis quelque temps, il semblait avoir plus ou moins disparu de la circulation. Du moins ne semblait-il plus vraiment d’actualité qu’il fasse un film ces temps-ci. Pourtant si, il l’a fait, dans l’indifférence un peu générale.
Pour ceux qui sont trop jeunes, ou ceux qui ont la mémoire courte, Edward Burns a été un des espoirs du cinéma indépendant new-yorkais. Mais c’était il y a 15 ans, quand Les Frères McMullen enchantait Sundance, quand Jennifer Aniston jouait dans Petits mensonges entre frères, quand Robert Redford le produisait et que Steven Spielberg le faisait jouer dans Il faut sauver le soldat Ryan. C’étaient les années 90.
Edward Burns, c’était le gars de la banlieue, dans ses films ou ceux des autres, le gars de Queens, de Long Island, rarement celui de Manhattan. Le mec fier encombré d'une famille bancale mais aimante.
Avec sa carrure et sa belle gueule qui rappelle les jeunes années de James Caan ou Richard Gere, on aurait pu l’imaginer accéder à la A-list hollywoodienne le Burns, à une époque. Le problème c’est qu’à quelque époque que ce soit, il n’a jamais semblé s’intéresser à une quelconque liste hollywoodienne. Après Il faut sauver le soldat Ryan, le climax de sa carrière d’acteur, en 1998, Burns n’a pas enchaîné. Il n’a pas fait de film avant 2001 et Rencontres à Manhattan, sa quatrième réalisation, la dernière à être sortie en salles en France. Après cela, la décennie 2000 a ressemblé à un gros gâchis pour ce qui est de sa carrière d’acteur, et à du bricolage discret en famille pour ses réalisations.
En tant qu’acteur, il tourne des films aussi essentiels (faut-il préciser mon ton ironique ?) que 15 minutes avec Robert de Niro, Sept jours et une vie avec Angelina Jolie, A sound of thunder avec Ben Kingsley ou le remake US de La mort en ligne de Takashi Miike. Heureusement il décroche aussi des seconds rôles dans des films tout aussi essentiels (haha) mais qui ont le mérite d’avoir un peu de succès, comme The Holiday ou 27 robes, ou dans la série Entourage.
Les frères McMullen sont loin, très loin désormais, et il faut bien avouer qu’aucun des films d’Edward Burns que j’ai vu depuis n’était au niveau de son coup d’essai. Il faut aussi avouer que je n’ai vu aucun de ses films depuis Rencontres à Manhattan. J’ai Ash Wednesday, avec Elijah Wood et Burns lui-même, depuis un p’tit bout de temps en DVD, mais je ne l’ai toujours pas regardé. The Groomsmen avait eu droit à une sortie DVD en France, mais je n’ai pas (encore ?) mis la main dessus. Quant à Purple Violet, celui qui était encore jusqu’à peu son dernier film, en 2007, il a marqué son temps en devenant le premier film à être diffusé en exclusivité sur iTunes, sans passer par la case cinéma ou DVD. Depuis, c’était le silence radio excepté quelques uns des films cités en tant qu’acteur et une websérie intitulée The Lynch Pin écrite, produite, réalisée et interprétée par ses soins en 2009. Dix épisodes (pas mal) de 3 minutes dans laquelle il incarne un tueur à gages sur une mauvaise pente qui cherche à raccrocher.
Nice Guy Johnny, son neuvième long-métrage derrière la caméra, débarque donc sans prévenir, d’autant plus qu’il ne semble pas avoir les traits du cinéma auquel Burns nous avait habitués. Point de comédie dramatique urbaine ici, mais plutôt à vue de nez une petite romance aérienne de bord de mer, sans aucune tête connue (alors que ses films en sont généralement peuplés) sinon la sienne. Une fois de plus, Burns écrit, produit, réalise et interprète (un second rôle cette fois). Une fois de plus, le film ne fera pas de vague en sortant sur tous les supports en même temps, dans une micro poignée de salles (américaines bien sûr), en DVD, et online, le 26 octobre.
Edward Burns fait toujours des films, mais je suis bien l’un des derniers à m’en soucier.
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