lundi 4 mai 2009

Liev Schreiber, acteur de l'ombre

Quoi que puisse en dire les stars de premier plan, les seconds rôles sont les éléments essentiels de la distribution d’un film. Il est vital pour un film qu’ils soient là, bien écrits et bien interprétés. Un film qui n’offre pas de second rôle volant la vedette au premier rôle n’est pas tout à fait abouti. La liste est longue, de ces comédiens auxquels on offre rarement le devant de la scène, mais qui savent se tailler la part du lion derrière les stars. Parmi ceux-ci, il y en a une poignée dont le seul nom suffit à me faire me déplacer en salle. Liev Schreiber en fait partie.

Longtemps cantonné au seul cinéma indépendant, Schreiber est devenu un visage familier du grand public depuis quelques années, moins pour sa carrière cinématographique que pour son apparition remarquée dans la série « Les Experts » ou sa présence dans la presse people en tant que compagnon de l’actrice Naomi Watts.
Grand acteur de théâtre formé à l’Ecole d’Art Dramatique de Yale et à la Royal Academy of Dramatic Art de Londres (croyez-moi, peu d’acteurs américains peuvent se vanter d’un tel CV), Schreiber vaut pour chacune de ses apparitions à l’écran. Vous n’avez pas le temps de voir tous ses films ? Alors pour vous voici les cinq moments clés de sa filmographie.

Le cinéma indépendant
Plutôt que cinq rôles, je préfère détacher cinq moments de la filmo de Schreiber. Le premier est son travail en tant que second rôle dans le cinéma new-yorkais des années 90. Jeune homme accroché à son téléphone dans Denise au téléphone, geek romantique dans Walking and Talking, employé de restaurant dans Big Night ou beau-frère solidaire de sa belle-sœur trompé dans En route vers Manhattan, Schreiber ballade sa grande carrure un poil gauche, figure sympathique, juste, mais pas tout à fait notable.



La trilogie Scream
Entre 1996 et 2000, Schreiber se fait connaître du grand public avec un second rôle dans la fameuse trilogie slasher de Wes Craven. Il campe Cotton Weary, suspect favori du premier film qui s’avère être innocent, tient un rôle plus important dans le second et se fait trucider au cours de la première bobine du troisième. En soi, le rôle n’a rien de très intéressant. Il permet tout de même aux producteurs hollywoodiens de remarquer que ce grand gaillard écumant les planches et les seconds rôles du ciné indé peut se montrer sacrément crédible en personnage trouble.


Profession « scene stealer » à Hollywood
Hollywood débauche Schreiber dès 1996 avec La Rançon, mais c’est dans les années 2000 que Schreiber se voit confier des rôles intéressants sous le soleil californien. Dans La somme de toutes les peurs, il dévore l’écran de mystère et dangerosité dans le rôle de John Clark, le tueur de la CIA bien connu des romans de Tom Clancy. Si les récents Les insurgés et X-Men Origins : Wolverine s’avèrent peu mémorables, le comédien, lui, se détache sans difficulté dans des rôles ambigus, s’y révèlant impeccable. Sa meilleure performance à Hollywood reste tout de même celle qu’il donne pour incarner Raymond Shaw, l’ancien soldat modelé à coup de lavage de cerveau, dans le remake d’Un crime dans la tête par Jonathan Demme.


Cinéaste à l’insu de tous
En 2005, personne ne voit Liev Schreiber venir. L’acteur a préparé dans son coin, loin des spotlights, en Europe centrale et avec un financement indépendant, son premier film en tant que réalisateur, dans lequel il ne joue pas (fait rare pour les acteurs passant derrière la caméra). Son road movie Tout est illuminé, adapté du roman de Jonathan Safran Foer, est un bijou méconnu du cinéma indépendant américain, voyage à travers l’Ukraine moderne à la recherche du passé. L’œuvre hilarante et émouvante d’un cinéaste en puissance qui pourtant ne laisse transparaître aucun indice annonçant une quelconque seconde réalisation. Dommage.


Spring Forward : LA performance
Impossible de ne pas mettre en avant un rôle en particulier de Liev Schreiber, une performance exposant l’étendue de son talent. Il n’y a pas à hésiter sur le choix de Spring Forward. Malheureusement je dois être un des trois seuls en France à avoir vu cette petite perle sortie discrètement aux États-Unis en 1999… et jamais chez nous, pas même en DVD. Schreiber y incarne un ancien taulard en phase de réinsertion qui se voit confier un job de jardinier dans une petite bourgade provinciale, au côté d’un homme au bord de la retraite. Entre les deux hommes, l’amitié semble impossible. Pourtant les secrets de chacun, et leur rapport aux autres, va les rapprocher à leur insu. A découvrir de toute urgence (je suis disposé à prêter mon zone 1 avec sous-titres anglais pour faire découvrir cette merveille !).

Les mois à venir devraient témoigner une fois de plus de sa capacité à faire le grand écart entre Hollywood (Salt, thriller avec Angelina Jolie) et le cinéma indépendant (Taking Woodstock d’Ang Lee, en compétition à Cannes, dans lequel il campe un travesti), toujours avec charisme.

4 commentaires:

Michael a dit…

Il faut définitivement que je te le prenne ce SPRING FORWARD. Déjà au moment où tu l'as acheté, tu m'avais donné envie ;-)

David Tredler a dit…

C'est un film indispensable =)

Jay a dit…

Eh c'est dingue cet article ! Pas plus tard que la semaine dernière, je me disais que c'était vraiment injuste que personne ne reconnaisse le talent de Shreiber à sa juste valeur, et voilà que c'est fait ! Et bien en plus.
Cool !

David Tredler a dit…

Content de faire la connaissance d'un admirateur de Liev Schreiber, Jay ! Un jour, le monde saura ce que nous savons (que c'est un grand acteur !!!) ;-)

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