jeudi 12 mars 2009

Marley et moi, torrent de larmes pour un chien ?

Il y a quelques jours un blogueur appelé Michael (qui se reconnaitra) écrivait sur les conséquences lacrymales du film Marley et moi, renvoyant la référence au « classique » du tire-larme qu’est Love Story. Je n’ai pas pour habitude de me rendre au cinéma le dimanche soir, période de la semaine où comme tout un chacun je préfère me caler bien au chaud chez moi. Mais après une semaine en sevrage d’excursions en salles obscures, ce dimanche soir était ma première fenêtre libre pour une telle sortie en près de huit jours.

L’avantage d’habiter à 10 minutes à pied du plus grand cinéma de Paris s’est donc fait ressentir lorsque j’ai pointé le bout de mon nez à l’UGC Ciné Cité Les Halles. Le dimanche soir n’étant pas le moment propice à la joie, la réflexion « Quitte à chialer, autant le faire un dimanche soir » m’a traversé l’esprit et m’a poussé vers Marley et moi qui, comme presque tous les films démarrant dans les 20 minutes qui suivaient, affichait déjà presque complet (il le fut complètement au moment où commença le film).

Aller voir un film dont le bouche-à-oreille clame haut et fort que seule une brute épaisse sans cœur ne sentirait pas les larmes lui couler le long des joues sonne comme un défi. « Et si moi je ne pleurais pas ? Chiche ? ». Bon après tout, ce n’est jamais que l’histoire d’un couple qui, en attendant de fonder une famille, se fait la main sur un labrador particulièrement peu malléable, filmée qui plus est par le réalisateur du Diable s’habille en Prada, et avec deux comédiens dont la carrière s’épanouit en général dans la comédie.

Alors qu’est-ce qui fait pleurer au cinéma ? La réponse la plus évidente est bien sûr la mort. Prenez un personnage bien sympathique, un bon gars, une bonne fille, rendez-les gentils pendant 1h30 et tuez-les à la fin, et le commun des mortels y va de sa petite larme. Love story, cité plus haut, en est un exemple. Philadelphia, qui plus est assorti d’un regard sur la génération SIDA, reste à mes yeux la référence en la matière. Tom Hanks sur son lit d’hôpital, et les premières notes de Neil Young, et je sens déjà mes yeux s’humidifier.

Une des règles d’or d’Hollywood tiendrait dans une maxime à résumer ainsi : « Pas touche aux animaux ». L’encre a amplement coulé par le passé pour souligner à quel point les cinéastes, ou producteurs, ou pontes de studios, étaient frileux dès qu’il s’agit de faire trépasser les fidèles compagnons des êtres humains. Pas envie de traumatiser les gamins. Cela rend les morts animales qui échappent à la coupe de la « censure » d’autant plus marquantes. La mort de Two-Socks, Chaussettes en VF, le loup emblématique du lieutenant Dunbar dans Danse avec les loups de Kevin Costner, fut, et reste, l’un des moments les plus émouvants de ma vie de spectateur (salauds de militaires !!!).

Bon, bien sûr, lorsque l’on croit avoir cerné « l’effet lacrymal » au cinéma, que l’on croit savoir ce qui est susceptible de nous faire pleurer dans un film, cet imprévisible Clint Eastwood débarque et nous prouve le temps de Sur la route de Madison que, finalement, on peut faire pleurer par des artifices bien plus complexes que la « simple » mort. Le gâchis, la perte, l’absence, le renoncement, l’amour abandonné peuvent se montrer encore plus redoutables dans le ressenti de l’émotion.

Mais à ce jeu-là, le grand Clint est de toute façon imparable, tant le cinéaste a montré ces dernières années une faculté incroyable à véhiculer l’émotion dans ses films, comme nous l’a rappelé tout récemment Gran Torino.
David Frankel, le réalisateur de Marley et moi, n’a pas l’étoffe d’un Clint Eastwood pour ce qui est du talent, du moins ne joue-t-il pas dans la même catégorie. Son film n’est pas un grand film, mais il n’est pas besoin d’un grand film pour amener les larmes. Il suffit de créer des personnages. De les faire exister pendant deux heures, de les faire apprécier, évoluer, vivre. De rendre leur existence palpable le temps d’un film, de leur donner un lien qui semble indéfectible. Et de laisser la vie faire le reste, dans la fiction qu’il a créé pour nous.

Le verdict, dans l’affaire Marley et moi, est incontestable et unanime : ce lien, cette vie, ont bien été insufflé au long-métrage. Et au bout de presque deux heures de film, après bien des joies et des peines dans la vie du couple Grogan, la salle était en larmes, reniflant, essuyant ses yeux, sortant les mouchoirs. Chaque spectateur, moi le premier.

Non, Marley et moi ne restera pas parmi les plus grands films de l’année, comme le seront Benjamin Button ou Gran Torino. Mais il me semble peu probable qu’un autre film me fasse autant pleurer que celui-ci en 2009. Et rien que pour ça, je me souviendrai tout de même longtemps d’Owen Wilson et son labrador.

5 commentaires:

Michael a dit…

D'abord, merci pour la citation !
Ensuite, concernant les animaux et le cinéma hollywoodien, il faut se rappeler de cette fameuse scène du PIC DE DANTE où la grand-mère préfère se sacrifier et mourir dans d'atroces souffrance pour sauver le chien !!!!

Et il faut souligner également le dernier film de Barry Levinson PANIQUE A HOLLYWOOD qui est construit quasi-uniquement autour du combat d'un producteur pour imposer au studio le fait de faire mourir un chien à la fin de son film !

David Tredler a dit…

De rien ;-)
Tu l'as vu le Levinson ?

Michael a dit…

Yep ! Il y a 15 jours sur C+ Cinéma. C'était pas mal - mais vraiment réservé aux gens qui connaissent un peu le cinéma et son univers.

Anonyme a dit…

Je tombe un peu par hasard sur ce post en faisant un tour sur ton blog. Et le moins qu'on puisse dire est que je suis inquiet quant à l'état de tes nerfs. Pleurer à Marley et moi ? Non, non, ce n'est pas possible à moins d'être dépressif.La seule équivalence qui me vienne à l'esprit est Robert de Niro face à la pub TV de Mafia Blues... David, consulte !

David Tredler a dit…

Cher Anonyme, je ne serai pas le seul à consulter un psy pour avoir pleurer au cinéma devant Marley et Moi. Le soir où je l'ai vu, nous étions 250 à pleurer en choeur ;)

over-blog.com