samedi 5 décembre 2009

Noise, ou la pêche aux films oubliés

Il y a huit ans, Henry Bean réalisait Danny Balint, qui révéla le talent du comédien Ryan Gosling. Fin 2009, voici que débarque enfin dans les salles françaises le second long-métrage du cinéaste, Noise. Une diatribe très personnelle contre un mal de la société moderne, le bruit, porté par Tim Robbins. Intéressé ? Dépêchez-vous, le film ne joue que dans deux salles en France…

Noise ressemblait jusqu’ici typiquement au film chimère, une figure cinématographique fantomatique apparaissant régulièrement dans le calendrier des sorties pour en disparaître quelques semaines plus tard. Tourné en 2006, présenté en festivals en 2007, sorti aux États-Unis au printemps 2008, le film a failli être distribué à plusieurs reprises, jusqu’à sortir enfin le 25 novembre dans deux salles en France, dont le Publicis sur le Champs-Élysées.

On ne peut trop en vouloir au distributeur Eurozoom d’avoir hésité, tant le long-métrage d’Henry Bean est un objet étrange, assez foutraque, plus à même de déconcerter que de fédérer. Le film dépeint la croisade d’un new-yorkais contre les bruits qui pullulent et lui gâchent le quotidien. Se transformant en véritable vengeur anonyme autoproclamé « Le Rectificateur », il traque tout particulièrement les alarmes de voiture sonnant intempestivement, au grand dam de son épouse et du maire de New York qui n’apprécie guère cet original justicier du bruit.

Parfois très amusant, Noise part un peu dans tous les sens, dans le ton (du film engagé à la comédie loufoque) et dans la forme (Bean joue avec la chronologie des évènements). On y prend du plaisir en se disant tout de même au final que l’entreprise demeure futile, malgré l’hallucinant numéro de cabotinage de William Hurt en maire de New York.

2009 se sera avéré une année chargée en sorties en salles différées. Si Noise sort plus de 18 mois après sa sortie américaine, d’autres œuvres auront enfin aperçu le bout du tunnel après de longs mois à stagner dans un tiroir ou sur une étagère.

Nous aurons ainsi enfin eu droit à Smart People, tourné en 2006, sorti aux États-Unis au printemps 2008 et en France à l’été 2009. Au rayon asiatique, la fantaisie culinaire Le Grand Chef et la décevante balade de Bollywood Saawariya seront sortis deux ans après leurs sorties respectives dans leurs pays d’origine.

Le champion toutes catégories de sortie décalée reste tout de même Silver City de l’américain John Sayles, que plus personne ne s’attendait à voir sur un grand écran hexagonal. Tourné en 2003 et sorti au Pays de l’Oncle Sam en 2004, le film est arrivé comme une fleur cinq ans plus tard, en plein été 2009, dans nos salles. Qui dit mieux ?

Avant la fin de l’année, nous auront droit à une dernière de ces sorties inattendues, The Proposition, le beau western australien de John Hillcoat datant de 2005. Aussi regrettable que cela soit de devoir patienter plusieurs années avant de pouvoir découvrir un film espéré sur grand écran, je ne saluerai jamais assez ces distributeurs (le plus souvent petits) de ne pas renoncer à nous faire découvrir ces films qui peuvent se révéler des pépites, aussi tard soit-il.
Qui sait, peut-être aura-t-on un jour droit à une sortie en salles de Napoleon Dynamite ? (on peut toujours rêver…)

2 commentaires:

Michael a dit…

Compte tenu que les droits de Napoleon Dynamite sont détenus par Fox, ça risque pas d'arriver ;-)

Cf. Garage Days d'Alex Proyas !

David Tredler a dit…

Je sais bien que c'est la Fox qui cache ce bijou, mais qui sait, peut-être entendront-ils raison un jour ? Un objet culte pareil, c'est un scandale^^

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