dimanche 13 décembre 2009

J'ai grandi avec Sami Frey

En l’espace de dix jours, j’ai vu Sami Frey deux fois. Seul en scène pour jouer « Premier Amour » de Beckett, puis dans l’ombre faible de Nicolas Cazalé dans Mensch de Steve Suissa. Longtemps pour moi, l’acteur n’aura pourtant été qu’un nom. Le nom de l’acteur français préféré de ma mère. J’ai grandi avec ce nom résonnant régulièrement à mes oreilles, sans jamais vraiment me faire une idée de la valeur de l’acteur.

Il faut dire que Sami Frey est un acteur rare, qui ne tourne pas tous les ans, et que le peu qu’il a tourné n’a jamais vraiment été le genre de films que l’on voit le dimanche soir en prime time à la télé. Du coup j’ai grandi avec ce nom m’entourant régulièrement, sans jamais vraiment le matérialiser. Je l’ai bien aperçu de-ci de-là, tout jeunot dans La vérité de Clouzot, égaré dans Le garde du corps ou en vieil Aramis dans La fille de D’Artagnan.

Mais pour moi, Sami Frey restait « l’acteur préféré de ma mère ». Un acteur tant aimé que j’avais un jour appris qu’il était l’une des deux raisons pour laquelle je m’appelais David. Car si ma mère aime tant Sami Frey, ce n’est pas tant pour Bande à part de Godard ou Qui êtes-vous Polly Magoo ? de William Klein. Non, si ma mère aime tant Sami Frey, c’est pour César et Rosalie dans lequel l'acteur interprète un homme prénommé David.

J’ai mis longtemps à voir César et Rosalie. Peut-être parce que j’ai mis longtemps à m’intéresser au cinéma français datant d’avant ma naissance. Peut-être parce qu’il aura fallu que je découvre Claude Sautet et ses films les plus récents comme Quelques jours avec moi, Un cœur en hiver et Nelly et monsieur Arnaud pour me plonger vers le Sautet de la grande époque. Un jour pourtant j’ai fini par voir César et Rosalie, il n’y a pas si longtemps, quatre ou cinq ans tout au plus. Et il aura fallu ce film dont j’avais tant entendu parler pour enfin matérialiser pour de bon cet acteur appelé Sami Frey.

C’était le bon moment, le bon âge, le bon film, et voilà que Sami Frey a pris tout son sens. Au passage César et Rosalie est devenu un de mes films français préférés, et la valeur de Sami Frey, cet homme à la fois sec et entouré d’un charme mystérieux, s’est révélée à mes yeux. Il n’est pas devenu mon acteur préféré, mais j’ai enfin pardonné à ma mère de m’avoir tant rabâché sans cesse dans mon enfance les mérites de Sami Frey, et de César et Rosalie.

Cette année pour son anniversaire, j’ai emmené ma mère au théâtre pour voir Sami Frey jouer « Premier Amour » de Samuel Beckett, seul, au bord de la scène, dans un décor minimaliste. Une performance drôle, et émouvante, qui fut suivie quelques jours plus tard par la projection de Mensch de Steve Suissa, dans lequel Frey incarne le patriarche rigoureux de la famille, le grand-père soucieux de son petit-fils et de ses magouilles. Un second rôle dans un film plus qu’anodin, électrisé par la présence de Frey le temps d’une séquence rendue intense par le simple visage du comédien, à la fin du film.

J’ai grandi avec Sami Frey sans vraiment le connaître. J’espère maintenant qu’il me rendra visite sur grand écran pendant de longues années encore.

2 commentaires:

Michael a dit…

Voilà le mérité de ce genre de post : j'apprends des choses dont je ne soupçonnais pas l'existence... en 8 ans ;-)

David Tredler a dit…

J'espère que ce n'est pas le seul mérite ;-)
Et puis ça ne serait pas drôle si on savait tout de ses amis tout de suite ^_^

over-blog.com