mardi 1 décembre 2009

Spike Jonze, sa moustache, son Max et ses Maximonstres à Paris


Spike Jonze attire assurément le geek parisien. Dimanche soir aux Halles, nous étions nombreux à nous être déplacés pour découvrir en avant-première le nouveau film du cinéaste culte, Max et les Maximonstres, qu’il était venu présenter lui-même, accompagné de son jeune acteur principal Max Records.

Décontract’ et moustachu, Jonze le quadra nous a présenté son troisième long-métrage, le plus accessible de sa filmographie et pourtant celui qui aura été le plus compliqué à mener à son terme d’après ce que les rumeurs en disent. Il faut dire que Max et les Maximonstres a été tourné il y a plus de trois ans maintenant, que sa production a été émaillée de nombreuses difficultés techniques, et que le cinéaste a été en conflit avec deux studios différents (d’abord Universal, qui a lâché le film, puis Warner, qui a obligé Jonze à revoir sa copie).

L’œuvre de Maurice Sendak, dont ce film est adapté, est un classique de la littérature enfantine en Amérique du Nord. En France, elle est nettement moins connue. Peu d’enfants (petits ou grands) sont familiers de Max, cet enfant à l’esprit débordant d’imagination de parents divorcés, vivant avec sa mère et sa grande sœur. Un jour, après une énième dispute avec sa mère, Max s’enfuit et s’imagine plonger dans un monde peuplé de drôles de créatures habitant une île éloignée. Ces créatures, les fameux maximonstres, sont grandes, fortes, mais déboussolées. Max, haut comme trois pommes, va devenir leur roi et les guider.

Max et les Maximonstres est un film bien plus riche que le titre français le laisse entendre. Si c’est sur l’aspect aventureux et enfantin que le film est avant tout perçu, le sujet qui se trouve au cœur du film est la famille et ses désagréments lorsque l’on est enfant et que l’on a du mal à s’intégrer au monde qui nous entoure. Film sur l’enfance, Max et les Maximonstres est aussi un film sur l’explosion de l’unité familiale.

La force du film de Jonze est de parfaitement creuser ces thèmes lorsque l’on bascule dans la fantaisie. Max s’enfuit de son foyer familial branlant pour s’en créer un nouveau, fun et équilibré à première vue pour l’enfant, lequel va bientôt se rendre à l’évidence qu’il est difficile de vivre harmonieusement et que la perfection n’est pas de mise dans les relations humaines. Chacun est faillible, lui le premier.

Spike Jonze filme cette vision de l’enfance avec une énergie peu habituelle pour des longs adressés au jeune public, ce qui classe Max dans un coin à part dans l’univers des films pour jeune public. Avec sa caméra à l’épaule et sa vivacité, Jonze ne déroge pas à son style vibrant et s’intéresse finalement plus à faire un film sur l’enfance pour des adultes qu’à un film sur l’enfance pour les enfants.

On ne peut nier toutefois que le film souffre d’une inégalité de rythme, que dans sa vivacité, il traîne parfois un peu des pieds et menace souvent de tourner en rond. Jonze se dépêtre de ce piège en ne délaissant pas l’univers visuel, puissant, et l’humour qui éclaire régulièrement le récit avec un goût savoureux pour le décalé. Cet univers visuel et ce ton décalé, c’est dans les Maximonstres que Jonze les trouve. Leur univers est à la fois dépouillé et fascinant, et leur allure respire la bonhomie tout en bénéficiant à l’évidence d’un savoir faire technique discret mais palpable (ont dirait d’immenses peluches aux expressions terriblement humaines).

Jonze excelle par ailleurs dans sa tâche consistant à imprimer à chaque personnage, chaque Maximonstre, une personnalité propre. C’est à travers eux, à travers Alexander l’incompris, Ira le tout mou KW l’amie des chouettes ou Douglas le bras droit que Max et les Maximonstres fournit ses moments les plus chaleureux, les plus tendres, les plus drôles, les plus inattendus.

Étrangement, malgré tous ces compliments que j’ai pour lui, Max et les Maximonstres ne m’a pas libéré dans un état d’intense fascination, plutôt de gentille satisfaction. Jonze n’avait pas réalisé de long-métrage depuis 2002 et Adaptation. Toutes ces années d’attente m’ont peut-être joué un tour. J’y ai tout de même vu un beau film, offrant à James Gandolfini son plus beau rôle au cinéma, celui permettant d’étaler toute la finesse de son jeu trop souvent mal exploitée sur grand écran, même si on ne fait finalement ici qu’entendre sa voix, celle de Carol, le leader des Maximonstres. Mais c’est amplement suffisant pour capter le talent monstre de l’acteur.
A voir en salles le 16 décembre.

Aucun commentaire:

over-blog.com