lundi 9 février 2009

Le Grand Chef et Tajja : la BD coréenne sur grand écran

L’adaptation au cinéma de bandes dessinées n’est pas l’apanage des cinémas français, américains ou japonais. La Corée du Sud a elle aussi une riche offre dans ce genre connu sous l’appellation « manhwa » (oui je sais ça ressemble à « manga », mais bon du coup c’est facile à retenir pour les néophytes !), et 2009 marque justement son centenaire.


A l’occasion de cet anniversaire, le Centre Culturel Coréen de Paris a organisé la semaine dernière une exposition sur le sujet, justement agrémenté de la projection de trois films adaptés de célèbres manhwas. Si je n’ai malheureusement pu assisté à la projection du tout récent Hello, Schoolgirl (Soonjeong Manhwa), je me suis rattrapé en allant voir les deux autres.


Le premier, Le Grand Chef, est présent mais sans cesse repoussé sur le calendrier des sorties françaises. Aux dernières nouvelles, le film de Jeon Yoon-Soo devrait finalement sortir en avril prochain. Le film a pour héros Sung-Chan, un ancien apprenti du plus prestigieux cuisinier du pays, qui, 5 ans après failli empoisonné accidentellement les jurés d’une compétition, voit poindre une opportunité de réaliser son rêve avorté via une nouvelle compétition.


Il est impossible de ne pas penser au Festin Chinois de Tsui Hark devant Le Grand Chef. Ce petit frère coréen du chef-d’œuvre de Hong Kong suit vaguement la même structure dans son récit, avec la mise à l’écart, le retour, la romance, les sidekicks à ressort comiques, l’éternel rival… Et au cœur du scénario, ce défilé gastronomique à vous mettre l’eau à la bouche en un instant.


Le film se regarde avec beaucoup de plaisir, malgré quelques petites tendances à verser dans le lacrymal. L’humour constant fait facilement oublier ce défaut. Mais il manque tout de même au Grand Chef la virtuosité d’un Tsui Hark derrière la caméra pour rendre le film mémorable. Tel quel, c’est une sympathique comédie.


Le troisième film projeté à l’exposition se montra nettement plus intéressant. Intitulé Tajja en coréen (le titre international oscille entre Tazza : the high rollers et The War of Flower), il prend place dans l’univers du jeu. Son protagoniste est Go-ni, un jeune homme qui va découvrir les cartes et l’addiction au jeu qui s’ensuit. Formé à l’art du hwatu (une spécialité coréenne) par un maître en la matière, il va très vite devenir l’un des plus habiles joueur (et tricheur) du pays. Sous la protection de Madame Jeong, à qui il sert d’amant et de gagne-pain, Go-ni va expérimenter l’adrénaline et le danger du jeu.


Seconde réalisation de Choi Dong-Hun, Tajja pourrait facilement être pris sur le papier pour un simple film d’arnaque, une sorte d’Ocean’s Eleven coréen. On en est finalement très loin. Tajja assure le show d’un divertissement intense tout en offrant une densité et une complexité scénaristique étonnante. Naviguant entre plusieurs périodes avec une facilité et une logique déconcertantes, Choi prend le temps de poser ses intrigues, ses personnages, comme si l’efficacité et l’automatisme habituellement attribués au genre ne l’intéressaient pas (le film dure 2h20 !!).


Or non seulement le suspense et la tension sont bien là, mais en plus le ton du film tend

régulièrement, avec talent, vers le dramatique, donnant au film un sacré caractère. Ajoutez à ce savant mélange de l’humour (via le comédien Yoo Hae-Jin, sidekick hilarant) et du charme (Kim Hye-Soo et Lee Soo-Kyeong m’ont laissé bouche bée)… que demander de plus ?

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