
Les films comme The Box sont ceux dont on aime débattre pendant des heures avec ceux l’ayant vu, en sortant de la salle, mais qu’il est bien difficile de retranscrire pour des yeux vierges du film. Les risques de spoiler sont grands et c’est bien pour ma part la dernière chose que je souhaite accomplir, déflorer cette boîte. Je me restreindrai donc au maximum pour ce qui est des éclaircissements scénaristiques, et resterai en marge.
La projection de lundi soir aux Halles était sans doute une des premières projections publiques

Richard Kelly a beau avoir besoin d’un succès au box-office, j’ai peur de ne pas trop m’avancer en devinant que ce n’est pas avec The Box que le cinéaste américain cartonnera au box-office. Certes le pitch pourrait le laisser croire : En Virginie, en 1976, les Lewis, un couple respirant bon l’Amérique avec une belle maison, un coupé sportif sexy et un enfant, se voient offrir un paquet par un mystérieux personnage : un vieil homme à qui il manque une partie du visage leur fait don d’un « bloc contact ». Une boîte, ornementée d’un bouton. S’ils décident d’appuyer sur ce bouton, une personne qui leur est inconnue, quelque part, mourra. Mais peu après, une valise contenant un million de dollars en liquide leur sera livrée.
Le film choisit à ce moment-là une direction audacieuse. En fait non. Cette direction audacieuse, le film la prend dès les premiers plans. Le film ne choisit en fait jamais de dévier de cette direction pour tomber dans les travers modernes du film hollywoodien. Cette direction, c’est une atmosphère. Un style cinématographique apposé au film, choisi consciencieusement par Richard Kelly. Celui du thriller américain des années 70.

Le choix du cinéaste de confier les rôles principaux à Cameron Diaz et James Marsden m’avait surpris, voire déçu, lorsque Kelly avait annoncé le tournage de son film. Deux archétypes de l’imaginaire hollywoodien rarement convaincants. Le film justifie pourtant ce choix. Kelly a choisi son Ken et sa Barbie, cette incarnation parfaite du couple américain, pour les plonger dans le test ultime, celui qui le fascine de film en film. Une course éthique, une interrogation sur la morale, sur ce qui fait la nature humaine (au-delà du choix parfait pour ce que leur physique représente, Marsden s’avère étonnamment bon dans le rôle de l’époux… Diaz en revanche continue à me laisser de marbre).
The Box est un film posé, qui comme ses références 70’s, préfère faire monter la tension,

Par certains aspects, il sera possible de trouver The Box réac, et surtout misogyne, offrant à la gente féminine cette millénaire image de « celle par qui le péché est commis ». Mais c’est sa portée biblique, au cœur de l’obsession de Kelly, qui pousse le film dans cette voie-là. La religion m’intéresse peu en soi, je suis profondément athée, mais les questions morales que soulève la foi donnent lieu à des enjeux dramatiques des plus forts. Et permettent, par la métaphore ésotérique de la croyance, d’observer avec distance mais profondeur, et lucidité, les questions les plus terre-à-terre qui soient.
The Box n’est assurément pas un film trépidant par l’action. Mais la force de son propos rappelle à quel point il est plus trépidant, et passionnant, de goûter à un film qui ne fera peut-être pas de vagues au box-office, et n’est pas parfait de par son caractère très personnel, mais nous stimule intellectuellement.
Non monsieur Kelly, vous ne tenez sûrement pas avec The Box le film qui fera de vous une star du box-office. Mais en vous obstinant à ne pas sacrifier votre talent sur l’autel du succès, en persistant à explorer un cinéma adulte, tout en vous appuyant sur le film de genre (à la force hautement évocatrice), vous faites assurément grandir votre nom dans l’esprit, et le cœur, de nombreux cinéphiles. Et cela vaut tous les millions de dollars du monde.
2 commentaires:
TRES BON COMMENTAIRE
Merci Benoît ^^
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