Un rien peut me perturber une projection. Et parfois cela
n’a rien à voir avec les autres spectateurs, rien à voir non plus avec les
qualités de projection, non, parfois, ce n’est vraiment rien. Dimanche soir,
pour la projection de « Games of
werewolves » (en VO, "Lobos de Arga"), l’Étrange festival avait invité le réalisateur espagnol
du film, Juan Martines Moreno, et son acteur principal Gorka Otxoa. Bon certes
la grande salle 500 n’était même pas à moitié pleine, mais l’enthousiasme du
cinéaste à l’idée de présenter son film dans « la capitale mondiale de la
cinéphilie » comblait le vide. Après quelques mots sympas, une petite
présentation du film, et quelques mots de l’acteur, le réalisateur nous annonça
qu’il avait un petit cadeau pour nous avant de nous laisser regarder le film.
Quelque chose qu’il avait l’habitude de faire lors des séances de questions/réponses en fin de projection, mais
puisqu’il n’y aurait rien de tel à l’issue de cette projection, il nous
proposait de le faire sur le moment. Un petit quiz sur les films de loups
garous qui vaudrait à deux personnes dans la salle un comic book tiré du film
et la bande-originale pour accompagner.
Les films de loups garous ne sont pas ma spécialité, je
ne m’attendais donc nullement à remporter l’un des deux cadeaux, me doutant
qu’il y avait certainement assez de connaisseurs dans la salle pour se battre.
Et puis boum, la première des deux questions tombe : « Quel acteur
interprète le protagoniste du Loup-garou
de Londres de John Landis ? ». Tout de suite, le visage de l’acteur se
dessine dans ma tête, une ou deux mains se lèvent, je me dis que c’est plié. La
première main répond Jack Nicholson (???), la seconde David McNaughton. La
réponse est non aux deux. Je m’apprête à lever la main en me disant « Mais
ils sont nuls ou quoi c’est… c’est… ». Et là, le blanc. Le vide
intersidéral. Mais comment s’appelle-t-il déjà ! Mais c’est pas possible
je ne connais que lui ! Il a joué dans « Le Grand Bleu » ! Dans « After Hours » !
Il a même réalisé la comédie romantique à la con avec Meg Ryan et Matthew
Broderick à la fin des années 90 ! Ah mais bon sang c’est… c’est… Non ça
ne vient pas. Ils filent le cadeau à celui qui a répondu David McNaughton,
posent la deuxième question, l’homme aux sacs plastiques a la réponse et remporte son comic book et sa BO.
Et alors que le film commence. Je repense à l’acteur du
« Loup-garou de Londres ». Comment s’appelle-t-il à la fin ?
Sam… Non, ce n’est pas ça… Dan… non plus. David… Je ne sais plus. Et son nom de
famille, ne finit-il pas en « -on » ? Non, en « -ell »
je crois… Ça n’a pas quitté mon esprit pendant les trois premiers quarts
d’heure du film. Tomas le jeune écrivain qui retourne dans le petit
village où il a passé son enfance, un
village où pèse une malédiction et où sévit un loup-garou. Tomas ne sait pas
que les villageois veulent le sacrifier au loup-garou pour mettre un terme à leur
malédiction. Pourra-t-il s’en sortir ? J’essayais de consacrer pleinement
mon attention à cette comédie horrifique qui me semblait parfaitement
réjouissante, mais rien à faire, mon esprit revenait constamment à l’acteur du
« Loup-garou de Londres ». Jusqu’à ce qu’enfin j’arrive à glisser
cette obsession sous un tapis de mon cerveau, pour me plonger entièrement dans
« Game of Werewolves », alors que la moitié du film s’était déjà
envolé. Carlos Areces, l’acteur principal de « Balada Triste » d’Alex
de la Iglesia, acteur in dans le cinéma espagnol actuel, tient l’un des rôles
principaux du film et contribue à apporter de la joie à cette farce macabre
rendant joliment hommage aux classiques du genre. Rires et sursauts se sont
mêlés et ont finalement réussi à m’emporter.
Cela tombe bien parce que quelques heures plus tôt,
j’étais tombé sur un os. Le premier à cette 18ème édition de
l’Étrange Festival. Le problème quand un festival commence sur les chapeaux de
roue, c’est que la baisse de tension est presque inévitable. A voir au moins
deux films par jour, à un moment ou à un autre, on est condamné à tomber sur du
mauvais, il faut seulement espérer que cela arrive le moins possible. Du
vraiment mauvais, pas de la simple déception comme Motorway la veille. En même temps il serait difficile à l’Étrange
Festival de nous en vouloir de ne pas aimer un film lorsque Rurik Sallé qui
introduit le film (celui-là même qui nous avait survendu Motorway) laisse
entendre que le film n’est pas exceptionnel.
Ce film, ce mauvais film, c’est « A Chinese Ghost Story » de Wilson
Yip, remake d’un classique du cinema HK des années 80, et remake qu’il est
impossible de désigner autrement qu’en le qualifiant de parfaitement inutile.
J’ai eu beau avoir un espoir que le film me plaise par le simple fait que
l’homme qui m’avait survendu Motorway semblait ne pas être fan, mais non, pour
le coup, il avait bien raison. Démons et chasseurs de démons s’affrontent dans
un ballet qui n’a de fantastique que le genre, virevoltant devant la caméra
mais désolant le spectateur. Désolant par son incapacité à faire naître la
moindre étincelle de vie, désolant dans la mollesse de son récit, dans la
fadeur de ses personnages, dans cet esthétisme qui ne prend pas et paraît laid
même s’il ne l’est pas tant que cela.
Louis Koo, loin des polars contemporains de Johnnie To, fait ce qu’il peut, mais
rien n’y fait. C’est un film déjà fatigué, déjà dépassé, déjà inutile, qui ne
trouve un sursaut de vie que dans une réplique qui semble parfaitement déplacé
mais a le mérite, enfin, de nous sortir de l’encéphalogramme désespérément plat
(Louis Koo balance un mystérieux liquide à son ennemi « Tiens c’est de la
pisse de vierge, ça fait des années que je la garde, c’est ma touche
personnelle ! » que personne n’a vu venir). C’est la première et (et
dernière j’espère) fois que je me demande, depuis le début du festival, ce
qu’il est passé par la tête des programmateurs pour nous offrir un tel
spectacle. Après cela, le niveau ne pouvait que remonter, et ce fut donc le cas
avec les loups garous espagnols.
Et puisque l’on reparle de « Games of
Werewovles », c’est alors que je passai le tourniquet du métro pour
rentrer chez moi, à la fin de la journée, que le nom de l’acteur américain du
« Loup-Garou de Londres » s’est enfin matérialisé dans mon esprit :
Griffin Dunne ! Mais oui c’est cela, Griffin Dunne ! Comment ai-je pu
occulter son nom pendant toutes ces heures ! Griffin Dunne… Et puis rentré
chez moi, je suis allé sur IMDb, et je me suis rendu compte que le nom
qu’attendait certainement le réalisateur était « David Naughton »,
que Dunne ne jouait pas le héros mais son pote. Bon sang, je me suis gâché la
moitié d’un bon film pour rien. Enfin, même si cela avait été lui, je me le
serais gâché pour rien. Je me disais aussi… je savais bien que je n’étais pas
un spécialiste du film de loups garous !
4 commentaires:
Alors deux choses, peut-être trois allez !
D'une, monsieur, à quoi bon avoir reçu en cadeau un trivial pursuit cinéma par le passé si vous n'êtes pas capable de vous souvenir du blaze d'un acteur comme celui-ci ?! ;)
De deux, la présence de "A Chinese Ghost Story" enfin son remake, je ne l'ai pas compris. Choix surprenant. Perso', je conseille à tous bien entendu le film original avec le regretté Leslie Cheung.
De trois, Louis Koo s’orthographie sans "h". Alors oui, je sais. Il n'y a pas de faute d'orthographe dans les noms propres mais tu es le seul à ma connaissance à le faire mon cher David. Encore une façon de se faire remarquer après avoir oublier ce pauvre Griffin Dunne alors que c'était David Naughton que le réal' voulait ! :D
Alors trois choses ID :
1. Le trivial Pursuit cinéma qu'on m'a offert, c'est uniquement cinéma français, et en plus personne veut jouer avec moi...
2. Ne remplace pas Leslie Cheung qui veut, je ne te le fais pas dire...
3. Quelle idée de s'appeler Koo et non pas Khoo, ça claque plus avec le "h". Mais bon, puisque Louis préfère sans, je retire le "h"... ;)
:D Effectivement ! J'avais totalement zappé. Il est en français. Pour le reste, c'est... triste. :p
Sinon, Eric Khoo n'est pas contre le "h". ^^
Un film espagnol à noter sur le calepin alors. Par contre, "Motorway", j'ai un peu les boules. Surtout que j'en avais entendu et lu du bien. Je me ferais ma propre opinion. N'empêche les films asiat' ne semblent pas être à l'honneur pour cette édition de l'Etrange.
Les deux films espagnols vus à L'Etrange ont été de belles satisfactions, celui-ci et "Un jour de chance". Alors que le cinéma asiat', entre Motorway et Chinese Ghost Story... mais bon, Motorway est pas mal, mais pas mal, ce n'est pas assez, n'est-ce pas ? ;)
Donc effectivement, les films asiat', c'est pas l'éclate cette année à L'Etrange.
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