vendredi 6 juillet 2012

Paris Cinéma nous fait voyager vers Agartha sur grand écran


Si l’on a droit à une petite poignée de films d’animation japonais par an dans les salles hexagonales, le contingent le plus important a tendance à finir directement dans les rayonnages DVD. Non, les cinémas français ne croulent pas sous les animes dès lors que l’on ne compte pas les films du Studio Ghibli mais par bonheur, l’une de ces exceptions va sortir à la fin de l’été sur grand écran en France, « Les Enfants Loups – Ame & Yuki » de Mamoru Hosoda. Avoir découvert en avant-première ce si beau film m’a fait regretter que l’on ne voit pas plus de film du genre dans les cinémas français, alors forcément lorsque j’ai vu que le Festival Paris Cinéma prenait le parti de programmer « Voyage vers Agartha » lors d’une projection unique à l’UGC Ciné Cité Bercy, la veille de sa sortie en DVD, mes papilles s’en sont trouvées toutes excitées.

C’est donc dans une salle comble, une fois de plus et sans surprise, que la projection a eu lieu en présence de son réalisateur Makoto Shinkai (qui avait précédemment réalisé « Cinq centimètres par secondes » et « La tour au-delà des nuages », tous deux déjà directement édités en vidéo). Une salle emplie de spectateurs répondant pour l’immense majorité au même profil (20-35 ans) et ayant l’air pour une bonne moitié de tous se connaître (et pour certains je les avais déjà vus la semaine précédente à la projection des « Enfants Loups »).

A chaque fois que je mets les pieds dans une salle projetant un film d’animation japonaise, j’espère me voir transporter vers un monde dont je ne voudrais plus sortir. Mes préférés sont souvent ainsi, des voyages humains dans lesquels j’aimerais vivre. Pourtant à mon grand déplaisir, dès les premières minutes de « Voyage vers Agartha » l’osmose avec l’univers créé par le réalisateur ne s’est pas fait sentir. Une sensation amère qui reviendrait régulièrement tout au long de la projection. Peut-être que voir le film de Mamoru Hosoda quelques jours plus tôt a défavorisé Agartha. A un film plein, magnifiquement pensé et exécuté a succédé un film au potentiel certes évident mais à la conception maladroite et inaboutie.

A quoi donc tient cette déception qui m’a étreint (je m’emporte dans le vocabulaire désolé) ? A une mise en route trop rapide nous plongeant dans l’action avant même qu’un semblant de base ait été posé pour définir les personnages et la mythologie du film. Il devient dès lors difficile de s’attacher pleinement aux péripéties et à la destinée de personnages qui manquent de caractère. Cela induit un autre problème inhérent au film, car lorsqu’enfin le réalisateur s’attache à proprement définir son univers, c’est comme si un second film commençait, et cela semble un peu tard. Le film gagne en panache autant qu’en beauté, avec un monde fantasmagorique intéressant, mais le rythme n’y est jamais vraiment, et si majesté et danger sont recherchés, on ne vibre ni ne tremble jamais franchement. L’intrigue semble alors prolongée artificiellement, les deux heures sont péniblement atteinte, et un sentiment de gâchis se dégage de l’œuvre.

L’enthousiasme n’était pas de mise lorsque le réalisateur s’est présenté à nous en fin de projection (je parle en mon seul nom bien sûr…), et après avoir écouté l’introduction de celui-ci à la séance de questions et réponses avec le public – au cours de laquelle il a comparé son film au « Voyage de Chihiro », pas gonflé mais presque – j’ai préféré prendre la poudre d’escampette, histoire de profiter d’une bonne nuit de sommeil avant le retour cinématographique à Hong Kong le lendemain. L’instinct semble m’avoir guidé avant même que le film commence puisque pour une fois je m’étais installé près d’une travée. Le départ n’en a été que plus facile dans la discrétion. Contrairement à une projection à laquelle j’allais assister le lendemain, un spectateur qui file est un détail dans une salle aussi pleine... 

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