Si l’on a droit à une petite poignée de films d’animation
japonais par an dans les salles hexagonales, le contingent le plus important a
tendance à finir directement dans les rayonnages DVD. Non, les cinémas français
ne croulent pas sous les animes dès lors que l’on ne compte pas les films du Studio Ghibli mais par bonheur, l’une de
ces exceptions va sortir à la fin de l’été sur grand écran en France, « Les Enfants Loups – Ame & Yuki »
de Mamoru Hosoda. Avoir découvert en avant-première ce si beau film m’a fait
regretter que l’on ne voit pas plus de film du genre dans les cinémas français,
alors forcément lorsque j’ai vu que le Festival Paris Cinéma prenait le parti
de programmer « Voyage vers Agartha » lors d’une projection unique à
l’UGC Ciné Cité Bercy, la veille de sa sortie en DVD, mes papilles s’en sont
trouvées toutes excitées.
C’est donc dans une salle comble, une fois de plus et
sans surprise, que la projection a eu lieu en présence de son réalisateur
Makoto Shinkai (qui avait précédemment réalisé « Cinq centimètres par
secondes » et « La tour au-delà des nuages », tous deux déjà
directement édités en vidéo). Une salle emplie de spectateurs répondant pour l’immense
majorité au même profil (20-35 ans) et ayant l’air pour une bonne moitié de
tous se connaître (et pour certains je les avais déjà vus la semaine précédente
à la projection des « Enfants Loups »).
A chaque fois que je mets les pieds dans une salle
projetant un film d’animation japonaise, j’espère me voir transporter vers un
monde dont je ne voudrais plus sortir. Mes préférés sont souvent ainsi, des
voyages humains dans lesquels j’aimerais vivre. Pourtant à mon grand déplaisir,
dès les premières minutes de « Voyage vers Agartha » l’osmose
avec l’univers créé par le réalisateur ne s’est pas fait sentir. Une sensation
amère qui reviendrait régulièrement tout au long de la projection. Peut-être
que voir le film de Mamoru Hosoda quelques jours plus tôt a défavorisé Agartha.
A un film plein, magnifiquement pensé et exécuté a succédé un film au potentiel
certes évident mais à la conception maladroite et inaboutie.
A quoi donc tient cette déception qui m’a étreint (je
m’emporte dans le vocabulaire désolé) ? A une mise en route trop rapide
nous plongeant dans l’action avant même qu’un semblant de base ait été posé
pour définir les personnages et la mythologie du film. Il devient dès lors
difficile de s’attacher pleinement aux péripéties et à la destinée de personnages
qui manquent de caractère. Cela induit un autre problème inhérent au film, car
lorsqu’enfin le réalisateur s’attache à proprement définir son univers, c’est
comme si un second film commençait, et cela semble un peu tard. Le film gagne
en panache autant qu’en beauté, avec un monde fantasmagorique intéressant, mais
le rythme n’y est jamais vraiment, et si majesté et danger sont recherchés, on
ne vibre ni ne tremble jamais franchement. L’intrigue semble alors prolongée
artificiellement, les deux heures sont péniblement atteinte, et un sentiment de
gâchis se dégage de l’œuvre.
L’enthousiasme n’était pas de mise lorsque le réalisateur
s’est présenté à nous en fin de projection (je parle en mon seul nom bien
sûr…), et après avoir écouté l’introduction de celui-ci à la séance de
questions et réponses avec le public – au cours de laquelle il a comparé son
film au « Voyage de Chihiro », pas gonflé mais presque – j’ai préféré
prendre la poudre d’escampette, histoire de profiter d’une bonne nuit de sommeil
avant le retour cinématographique à Hong Kong le lendemain. L’instinct semble
m’avoir guidé avant même que le film commence puisque pour une fois je m’étais
installé près d’une travée. Le départ n’en a été que plus facile dans la
discrétion. Contrairement à une projection à laquelle j’allais assister le
lendemain, un spectateur qui file est un détail dans une salle aussi pleine...
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