Cette semaine, le nouveau Jason Statham est sorti, ça
s’appelle « Safe », et je ne serais pas étonné que le film ressemble
à peu de choses près à tout ce qu’a fait Jason Statham ces dernières années. Est-ce
vraiment un mal, difficile à dire, chaque génération a ses stars du cinéma
d’action, et cette génération-ci semble devoir s’accommoder de compter le
britannique parmi les têtes d’affiche du genre. Statham pètent les gueules des
salauds par dizaines, et il est indéniable qu’il doit beaucoup à l’influence du
cinéma d’action asiatique à Hollywood aujourd’hui. Si le cinéma HK n’avait pas
pris d’assaut la scène internationale il y a quelques années, si le
savoir-faire HK ne s’était pas exporté, si Tsui Hark, Ringo Lam et d’autres
n’avaient pas tenté une aventure américaine, le cinéma d’action occidental
aurait certainement un tout autre visage aujourd’hui, et Statham n’aurait
peut-être pas la carrière qu’il a aujourd’hui (même si avouons-le, sa carrière
n’est pas franchement glorieuse).
Si je parle cinéma d’action, c’est parce que depuis
quelques jours, le Festival Paris Cinéma, édition 2012, a pris ses quartiers
dans la capitale, et fête pour l’occasion son dixième anniversaire. Ce qui fait
la particularité et l’attrait numéro 1 de Paris Cinéma, c’est que chaque année
un pays différent est mis à l’honneur avec des dizaines de films de toutes
époques, pour que les novices fassent une grande découverte nationale et que
les amateurs comblent leurs lacunes. L’Asie a souvent eu l’honneur de ces mises
en lumières, et si je me souviendrai longtemps de la spéciale Corée en 2006, parce qu’elle m’a indirectement ouvert
les portes de ce pays et de sa culture, le Japon avait lui aussi eu droit à cet
honneur, il y a deux ans.
Cette année, pour les dix ans du Festival, les
organisateurs ont choisi Hong Kong. L’histoire cinématographique locale est
suffisamment riche pour nourrir un tel coup de projecteur qui va encore durer
quelques jours pour mon plus grand bonheur. Je ne fais pas partie de ces grands
spécialistes du cinéma HK, mais je suis tout de même un amateur passionné par
le genre, et à ce titre il est hors de question que je ne profite pas à fonds
de la programmation de Paris Cinéma. Et si j’ai ouvert ce billet sur le cinéma
d’action, c’est parce que le premier film pour lequel je me suis déplacé au
Festival est un vieux Jackie Chan. Non, pas « un » vieux Jackie Chan,
mais bien son premier rôle emblématique alors qu’il n’avait pas encore 25 ans.
Jackie Chan n’est pas un inconnu à Paris Cinéma puisqu’il
y a quelques années déjà, le Festival avait invité l’acteur chinois pour lui
consacrer une rétrospective dont j’avais bien profité et où j’avais pu
découvrir sur grand écran « Le Marin des Mers de Chine »,
« Police Story » ou le moindre « Opération Condor » (j’en
avais même profité pour me faire dédicacer par Jackie himself un bouquin que j’ai qui lui est consacré, mais non je ne
fais pas le fanboy…).
Jackie Chan fait partie de ces figures du cinéma d’action
avec lesquelles j’ai grandi. Quand j’étais ado, on se regardait entre potes les
exploits cinématographiques de l’acteur en VHS, avant qu'il ne vienne s'aventurer à Hollywood (certains diraient "s'égarer", mais il y a tout de même tourné une poignée de films réjouissants). Ce qui m’émerveillait à l’époque, et qui m’émerveille
toujours quand je revois ses films, c’est cette grâce comique que l’acteur insufflait
dans ses combats et cascades. Jackie Chan ne se contentait pas de faire du
kung-fu, ses combats étaient une vraie chorégraphie, il embrassait complètement
l’environnement de ses scènes, ne faisait qu’un avec tout ce qui lui tombait
sous la main. Voir un Jackie Chan, c’était autant voir de la castagne
qu’assister à une démonstration visuelle et comique.
Alors forcément, armé de ces souvenirs, je n’ai pas pu
m’empêcher de résister au plaisir de voir « Drunken Master » sur
grand écran à Paris Cinéma, un des tous premiers Jackie Chan réalisé par le
maître Yuen Woo-Ping (par ailleurs invité du Festival), même si c’était une
projection vidéo qui ne bénéficiait donc pas d’une grande qualité d’image. Pendant
un moment, je me suis même demandé si c’était bien « Drunken Master »
que j’allais voir, car si le programme officiel du festival annonçait bien ce
titre, lorsque je prenais ma place au MK2 Bibliothèque où se déroule une partie
des projections, le ticket était imprimé « Déchaînés du Karaté »
(alors que le titre français officiel est « Le Maître Chinois »), un
titre pour le moins… comment dire… incongru ?
Mais ce fut bien « Drunken Master », ce fut
bien Jackie Chan et son air juvénile, ce furent bien les chorégraphies
incroyables de Yuen Woo-Ping, et ce fut bien un spectacle à la hauteur de mon
amour du cinéma de Jackie Chan. Pour la génération qui a droit à Jason Statham
en star du cinéma d’action, Jackie Chan ne représente peut-être que ce chinois
ringard ayant joué dans le dernier « Karaté Kid », dans « Rush
Hour 3 » et « Kung Fu Nanny ». C’est bien dommage, et il faut
espérer qu’un jour, elle tombe sur un vieux Jackie Chan, même par hasard. Paris
Cinéma ne fait que commencer, mais avec Hong Kong à l’honneur, les promesses
sont grandes.
4 commentaires:
Arf les traductions de titres fantaisistes sont une ruse je crois bien, histoire de voir si les petits jeunes de la caisse arrivent à suivre. Jusque là, tout va bien :D
Le premier qui se plante est viré ! Ils sont durs chez MK2 ;)
Oh oui, les promesses sont grandes !
Sinon, pas mal leur « Déchaînés du Karaté ». Pas la seule séance qui eu ce petit souci de retitrage. "Tabou" de Miguel Gomes en compét' officielle retitré pour l’occase "Aurora". Le cinéaste présent a bien tripé avant la projo'.
En tout cas, il est certain que Jackie flaire bon les souvenirs passés. Il est un peu moins "actuel" mais il reste tout de même une réf' que beaucoup devraient s’empressés de découvrir.
Quant à Jason S., nous on a bien eu nos Stallone et autre Schwarzy ! Les traditions sont rudes ! :)
Effectivement ils s'amusent à changer les titres de films ! Si Gomes était pas au courant, il a dû être surpris^^
Les déchaînés du Karaté, c'est pas mal quand même. Ils auraient mis "Les déchaînés du kung-fu", encore, mais même pas...
C'est peut-être mon côté nostalgique, mais au moins les Schwarzy et Stallone tournaient de temps en temps des films qui marquaient l'époque, qui cassaient le box-office ou sortaient un peu de leur niche. Statham, aussi sympathiques certains de ses films puissent-ils être, refait toujours le même rôle, le même film, et tout le monde a l'air de s'en taper vu les scores au box-office...
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