mercredi 7 juillet 2010

Plongée dans Paris Cinéma avec un beau film japonais

Quand il a été annoncé que l’édition 2010 de Paris Cinéma mettrait à l’honneur le Japon, j’ai senti que cette nouvelle édition monopoliserait une large part de mon attention entre le 3 et le 13 juillet. Et c’est bien parti pour, en effet. Cela me rappelle au bon souvenir de l’édition 2006 de la manifestation qui mettait à l’époque en lumière le nouveau cinéma coréen, et m’avait ainsi permis de me plonger avec une soif difficile à étancher dans la cinématographie de ce pays qui m’est depuis devenu familier. Que vaudra donc le focus sur le cinéma japonais dans ce Paris Cinéma 2010 ? Un premier élément de réponse est tombé.

Le premier film à m’avoir attiré dans ses filets s’intitule Solanin, et alors même que le film n’est que l’entame du festival pour moi, j’ai déjà tendance à penser qu’à moins d’une sélection d’une très, très grande qualité, ce premier film sera l’un des meilleurs que je verrai au cours des jours à venir. A la base pourtant, dimanche soir, je devais aller voir Dog Pound de Kim Chapiron. Mais lorsque samedi matin, je me suis attelé à faire mon planning pour Paris Cinéma, en épluchant le programme du festival et lisant les synopsis de chaque film projeté, Solanin a accroché mon regard, et le seul moyen de le voir était d’y aller dimanche soir. J’ai donc convaincu mon amie de changer notre fusil d’épaule et d’aller voir le film japonais au MK2 Bibliothèque (j’avoue qu’elle ne fut pas difficile à convaincre).

Chose rare, ce qui m’a attiré à lecture du synopsis de Solanin est exactement ce que j’ai aimé dans le film. Bien souvent un film se révèle différent de ce que l’on attendait, pour le meilleur ou pour le pire, mais Solanin a su m’offrir ce qui me plaisait dans son thème. A savoir qu’il a su être un film semblant s’adresser directement à moi, parisien de 28 ans, en parlant pourtant d’une bande d’amis japonais à peine plus jeunes que moi.

Les héros de Solanin sont dans la deuxième moitié de leur vingtaine. C’est principalement un couple, Meiko et Taneda, qui vit ensemble à Tokyo aujourd’hui. Ce sont des jeunes gens de leur temps, un temps de crise mondiale où, ayant finis leurs études et étant entrés dans le monde du travail, ils ne savent pas trop ce que l’avenir leur réserve. Ils ont un job alimentaire, des hobbys qu’ils aimeraient peut-être transformer en moyen de gagner leur vie, mais ils n’en sont pas sûr. Meiko démissionne de son boulot, et encourage Taneda à se consacrer à son groupe de musique, ce groupe qu’il a commencé sur les bancs de la fac mais qu’il n’a jamais su faire décoller.

Premier film d’un jeune cinéaste, adapté d’un manga, Solanin sait parler de ses contemporains, de ses semblables, de son époque, avec une justesse de ton qui se pose rapidement. Empreint des doutes de notre génération et de notre époque, Solanin est une balade amère et mélancolique dans les méandres d’une société qui ne promet aucun avenir. C’est une génération d’indécis qui ne sait pas à quelle sauce elle sera mangé demain, et apprend à accepter de vivre au jour le jour. De profiter de ce que la vie offre de bonheurs quotidiens pour digérer l’acceptation que les rêves sont parfois trop grands, les épaules pas assez solides, et la perspective d’avenir, un grand flou peu engageant.

L’histoire de Meiko, Taneda et leurs amis, c’est l’histoire d’un grand nombre de jeunes gens d’aujourd’hui, qu’ils soient japonais, français, australiens ou je ne sais quelle nationalité encore. Solanin est clairement un film générationnel qui risque de ne pas autant parler à un ado de 15 ans ou un quinqua à quelques années de sa retraite. Eux pourront s’arrêter sur les défauts du film, comme sa longueur (2h06) ou sa tendance à appuyer un peu sur le larmoyant. Mais personnellement je ne tiens pas rigueur à Miki Takahiro de ces défauts. Certes j’ai eu peur, à l’entame du dernier acte du film, par la tournure prise par le film, avec le décès de l’un des personnages de la bande d’amis, mais en ne perdant pas de vue son discours sociétal, le réalisateur parvient à retomber sur ses pattes et à faire accepter ses faiblesses, à l’image du parcours chaotique des filles et garçons auxquels il s’attache.

Une belle entame de festival donc, qui donne soif quant aux jours à venir…

6 commentaires:

I.D. a dit…

Pas mal Solanin mais je serais plus septique sur la dernière partie du film avec la nénette qui se met à la gratte etc... c'est... pas nécessaire. Comme pas mal de scène d'ailleurs. Il n'y avait vraiment pas besoin de ça même si derrière on y voit tout un symbole. Les 2h et des poussières n'avaient pas lieu d'être non plus. Mais ce film a su me toucher et ça faisait un bail qu'un film ne m'avait parler comme celui-ci. Je n'avais pas vu venir la chose. Mais finalement, il n'y a pas le choc qui l'accompagne à cause de ce que je viens de dire plus haut. L'impact en ce qui me concerne aurait pu être tout autre mais là, il est juste petit.

Sinon, y a du bon dans la prog' japonaise du festival. Un moment donné, j'ai eu peur mais à voir des Vibrator et les deux films de Yuya Ishii, je suis rassuré. J'espère avoir d'autre sympathique et jolie surprise. Pour les Yuya Ishii c'est Sawako Decides (on y a croisé Muriel d'ailleurs ^^ qui a eu sa photo avec le réal', c'était hier soir, vu l'heure) et To Walk Beside You. Un auteur qu'il faut découvrir ! :)

Et ce n'est pas japonais mais thaïlandais : Mundane History. Très beau film.

David Tredler a dit…

Solanin est loin d'être parfait, mais le film est m'a suffisamment parlé pour que je lui pardonne ses défauts. Il ne s'agit en aucun cas d'un choc, mais d'un film joliment juste.

Pour ce qui est des Yuya Ishii, je suis dégoûté je n'ai pu voir aucun des deux films programmés =(
IL me reste une dernière petite chance pour Sawako Decides, mais le film est à 16h45... ça va être chaud !!!

Le film thaï, en lisant le synopsis, j'ai eu peur d'un cinéma à la Weerasethakul. Rien à voir ou y a de ça ?

I.D. a dit…

Mundane History pourrait plus s'apaprenter à du Pen-ek qu'à du Apitchapong... enfin, d'après moi s'il faut aller chercher un point de comparaison. D'ailleurs et c'est Xavier qui m'a souligné la chose. Pas mal de mec derrière caméra qui ont bossé notamment pour Pen-ek sont au générique du film thaï en compétition. Ca vaut le coup d'oeil, à savoir si tu apprécieras ou non... ;)

David Tredler a dit…

Je préfère largement Pen-ek à Apichatpong, j'avoue ^_^

Xavier a dit…

Petite précision, le monteur et le directeur son de Mundane ont déjà bossé sur les films de Pen-Ek et Apichatpong.

Sinon, je pense que Mundane History se rapproche davantage du cinéma de Weerasethakul. Ce même goût pour le plan qui dure, la fixité, "le temps qui passe", de faux-airs de film fantastique (la représentation du cosmos, surprise du chef comme le traveling sur la bouche d'aération lors du final de Syndromes and a Century), la maladie faisant clairement partie d'une "nouvelle thématique" chère au cinéma d'auteur thaï, j'en cause déjà un peu dans ma critique d'Oncle Boonmee.

David Tredler a dit…

C'est trop tard pour moi pour Mundane History... S'il sort en salles peut-être...

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