jeudi 15 juillet 2010

Un drôle de Symbol pour saluer Paris Cinéma



Mon Paris Cinéma s’est achevé lundi soir avec un dernier inédit japonais. Après la déception Hana de la veille, je comptais bien laisser l’ennui de côté avec Symbol, le genre de film au pitch barré qui laisse penser en entrant dans la salle « Ca passe ou ça casse ». Le film avait été programmé à la précédente édition de Deauville Asia, le Festival du Film Asiatique de Deauville, au printemps dernier. Je me souvenais avoir lu le sujet du film en regrettant de ne pouvoir aller en Normandie voir le film tant il semblait sûr qu’avec un sujet pareil, il y avait peu de chances qu’il sorte un jour dans les salles françaises. Peut-être à l’Étrange Festival ?

Grâce à la mise à l’honneur du cinéma japonais à Paris Cinéma, il ne m’a pas été nécessaire d’attendre éventuellement l’Étrange Festival. Symbol était à Paris cette semaine, et je ne l’ai pas manqué. Mais de quoi ça parle donc, vous impatientez-vous (et si ce n’est pas le cas, faites semblant au moins, pour le fun…) ?

Tenez-vous bien ce film japonais commence… au Mexique. Sur une route poussiéreuse et désertique, une voiture avec au volant une bonne sœur clope au bec fonce à travers ce décor purement américain. S’il n’y avait eu l’apparition du titre à l’écran, on aurait pu croire à une erreur de salle. Mais non, c’est bien Symbol qui démarre dans cette famille populaire d’un bled mexicain, avec des grands-parents qui s’engueulent, un gamin rêveur, et un drôle de catcheur. D’ailleurs les retardataires entrés en salle après l’apparition du titre à l’écran semblent déboussolés une fois installés dans leurs sièges. L’un d’entre eux sort même avant de revenir moins d’une minute plus tard, s’étant sans doute vu confirmé par une ouvreuse que oui, ce catcheur mexicain est bien l’un des personnages de Symbol.

Puis, alors que l’on se demande comment le scénario va bien pouvoir nous amener au pitch décrit dans le programme, nous y voilà sans prévenir. Tout à coup, on passe de la bonne sœur mexicaine à une pièce immaculée dans laquelle se réveille un japonais en pyjama. Quelques dizaines de mètres carrés, quatre murs blancs semblant monter jusqu’au ciel… et une protubérance sur l’un des murs. Intrigué, notre homme appuie dessus… alors de petits chérubins, des anges de statue sortent en riant des murs, nus, avant de tous redevenir invisibles… sauf pour ce qui est de leurs parties génitales. Tout à coup, le japonais en pyjama se retrouve avec des centaines de petits pénis caoutchouteux ornant les murs blancs. Et très vite, il se rend compte qu’en pressant l’un de ses pénis, quelque chose sort des murs immaculés. A chaque pénis, un nouvel objet. Et la sortie, elle est où ?

Lorsque cet emprisonnement est lancé, on se dit que le prologue mexicain était un leurre incongru, un peu comme le « Pendant ce temps, à Vera Cruz » de La Cité de la Peur, une fantaisie narrative. Et puis finalement non. Alors qu’on ne s’y attend pas, le réalisateur Hitoshi Matsumoto revient à cette famille mexicaine. Le film va ainsi osciller tout du long entre le catcheur « Escargot Man » (oui oui) au Mexique et l’homme en pyjama dans sa pièce à bites. Cette coexistence narrative est des plus étranges, mais fonctionne parfaitement, aussi bizarre que cela puisse paraître. Ce petit film loufoque tient étonnamment bien la route pendant 1h10 ou 1h15. Sans surprise, le sel du film tient principalement à la partie enfermée dans cette pièce blanche. Le mérite en revient à des trouvailles scénaristiques souvent hilarantes pour faire évoluer le récit dans cette impasse apparente, avec les découvertes du prisonnier, et bientôt ses stratagèmes pour sortir de sa pièce blanche. Il règne dans ce pan du film un esprit manga tout à fait réjouissant.

Ce qui est peut-être le plus important dans la réussite de toute cette partie, ce qui fait tenir le film, c’est la performance d’acteur. Hitoshi Matsumoto lui-même campe ce drôle de type enfermé, et sa prestation est tout bonnement hallucinante. Précis et physique, l’acteur / réalisateur arrache les fous rires tout du long… de ces 1h15. Malheureusement, Symbol dure un peu plus d’1h30, et le film s’écroule peu ou prou dans son dernier acte, ne parvenant pas du tout à trouver la prolongation finale de tout ce qui fait le sel de ce qui a précédé. Matsumoto finit par tourner en rond et tomber dans une sorte de trip métaphysique peu inspirée.

J’aurais aimé finir mon Paris Cinéma 2010 sur une note finale enthousiasmante comme elle semblait pouvoir l’être avec Symbol. Dommage, cela s’est joué à 20 minutes près. Heureusement, pas de quoi me décourager de revenir l’année prochaine pour l’édition 2011 !

2 commentaires:

Phil Siné a dit…

en fait, je l'ai bien aimé moi cette fin un peu métaphysique... mais dès qu'on commence à plus rien y comprendre, je suis plutot bon public en général ! :)
c'est vrai qu'on y pense au "pendant ce temps à vera cruz"...
et alors, ça fait quoi d'écrire "petit pénis" dans une chronique ? ;)

David Tredler a dit…

J'ai cru comprendre que toi tu l'avais aimé cette fin en effet Phil... Ecrire "petit pénis", ça passerait presque inaperçu, mais il a fallu que j'écrive "des centaines de petits pénis", et là tout de suite... ;)

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