vendredi 16 juillet 2010

Dustland, un court en cavale

Les blogs ciné ne parlent pas assez des courts-métrages, ces petites choses qui bien souvent restent tapies dans l’ombre mais permettent de découvrir les créations de cinéastes jeunes (ou moins jeunes !) pouvant, qui sait, devenir les cinéastes majeurs de demain. Ayant vécu une partie de ma vie à Pantin en Seine Saint-Denis, le court métrage, je connais. Le Ciné 104, le cinéma local, organise chaque année un des plus grands festivals de courts-métrage de France, Côté Court (dont j’ai même fait partie du Jury Jeunes il y a quelques années… excellent souvenir).

Récemment j’ai assisté à la projection d’un court-métrage d’une jeune diplômée de l’ESRA. Bon je ne vous cacherai pas que c’est une amie, mais ne croyez pas que cela fasse des lignes qui vont suivre un quelconque éloge subjectif. Elle serait la première à m’en vouloir de noircir des lignes qui ne transpirent pas la sincérité. Alors n’ayez crainte, ce que je dirai de Dustland, le court-métrage en question, n’a rien de moins objectif que si je n’avais jamais rencontré Leah Marciano (la réalisatrice). Ca va se voir, d’ailleurs, mais autant le signaler.

De quoi ça cause alors, Dustland ? D’une poignée de personnages qui par un concours de circonstances, vont voir leurs chemins se croiser près de la frontière suisse. Il y a un couple de musiciens et leur manager devant donner le soir même un concert ; une jeune fille fan de ce groupe cherchant à se rendre au concert en faisant du stop ; un vieil homme transportant les cendres de sa défunte épouse ; un jeune routard à vélo vagabondant dans les environs. Et il y a Ellen et Jim. Ellen l’infirmière amoureuse de Jim le patient, qu’elle a fait évader de l’hôpital psychiatrique. A cause d’eux, la région est bouclée. A cause d’eux, tous vont se retrouver ensemble, le temps d’une soirée, dans une ferme locale.

Un film choral pour un court-métrage, c’est audacieux, et risqué. Lorsque j’ai vu tous ces personnages apparaître les uns après les autres avec la promesse qu’ils se télescopent, j’ai eu un peu peur. Je n’ai rien contre les films à personnages (principaux) multiples, mais je trouve déjà qu’1h30 est souvent trop peu pour un tel choix narratif, alors une petite demi-heure pour une bonne demi-douzaine de personnages, le risque de ne faire que les effleurer est grand. La qualité de Dustland, étonnamment, est de ne pas vouloir trop en faire et de ne pas se donner plus d’ambition qu’il n’est possible pour cette tâche ardue.

Finalement, les personnages ne s’éloignent pas des sentiers battus, du veuf attendrissant aux deux personnages solitaires se rapprochant inexorablement, en passant par les musicos passionnés, il n’y a rien de bien surprenant dans la construction des personnages, un défaut qui devient une qualité lorsqu’il s’agit de faire tenir tant de personnages dans un court film. Du coup le problème vient d’ailleurs. De deux aspects du film. Le premier, c’est que, consciente ou non du danger de tous ces personnages pouvant amener beaucoup de dialogues, Leah Marciano choisit de se simplifier la tâche en laissant la musique parler à la place de ses protagonistes. Ce qui en soit n’est pas une mauvaise idée si ce choix est bien dosé, mais malheureusement pendant une bonne partie du film, la dose est mal calculée.

Je suis le premier à apprécier un film se laissant bercer d’une atmosphère mélancolique exprimée en musique, mais je suis également le premier à m’en agacer lorsqu’on en abuse (Cameron Crowe, c’est une des raisons pour lesquelles tu as foiré Rencontres à Elizabethtown !). Aussi bonne que puisse être la musique employée dans Dustland, elle est trop présente. Ce que je trouve regrettable, car lorsqu’elle délaisse son couple en cavale d’infirmière / patient qui jouent les nunuches à l’eau de rose en batifolant dans la paille (sérieux Leah, qu’est-ce qui t’est passé par la tête là ?), les dialogues savent se montrer justes et savoureux, particulièrement lorsqu’il s’agit d’apporter un zeste d’humour.

Allons, laisser la musique transcrire les mots et les émotions n’est pas une réponse absolue, il faut savoir s’en affranchir et prendre confiance dans son écriture. Lorsqu’elle aura dompté ce travers, et la naïveté suspecte de ses scènes d’amour, j’ai bon espoir que mademoiselle Marciano trouvera un langage cinématographique plein de promesses. La suite au prochain court-métrage…

6 commentaires:

Leah Marciano a dit…

Merci pour ta critique pleine de sincérité. Je suis amplement d'accord avec toi pour la musique, alala si seulement toute cette musique avait un quelconque sens artistique pour moi ... mais non, elle est là pour masquer (dans tellement de court-métrage autoproduit ...) une bande son foirée au tournage. Quel dommage en effet !

PS : Pour la scène d'amour, tout le monde vote pour en scène preféré, grr ^^

David Tredler a dit…

Quand tu dis "scène préférée" pour la scène d'amour, tu veux dire que tout le monde trouve que c'est la meilleure du film, sans dec' ? Naaaaaaan je le crois pas^^ Sarcasme quand tu nous tiens ;-)

La musique couvrant la bande son foirée au tournage, c'est une justification acceptable pour le trop plein de musique^^. J'espère que les prises de son seront meilleures au prochain alors ;-)

Leah Marciano a dit…

Oui, je te jure qu'on me parle très très souvent de cette scène d'amour :-)

J'espère aussi qu'au prochain elles seront meilleures ;)

Leah Marciano a dit…

By the way, les DVD sont en vente à 5 euros, pour ceux qui ça interesse la surenchère de musique et les scènes d'amour mielleuse :D

David Tredler a dit…

Vive les scènes d'amour mielleuses alors^^

clovis simard a dit…

Une scène d'amour !


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