mercredi 10 mars 2010

Des prix et des films


Les professionnels de la profession ont parlé ces derniers jours, ou plutôt ont voté, pour élire les meilleurs d’entre eux. C’est la grand messe traditionnelle des Césars, Oscars et autres récompenses en tous genres qui rythment les derniers jours de l’hiver. La curiosité est attisée, un peu, les interrogations se posent, nombreuses, et l’agacement et la déception parviennent toujours à s’inviter à la fête. Des César je n’ai rien dit la semaine dernière, parce que l’on s’attendait à ce que l’Académie soit prévisible, et cela n’a pas manqué.

Qu’y avait-il à dire sinon qu’Un Prophète était annoncé grand gagnant, et qu’il est arrivé grand gagnant. C’était le meilleur film français de l’année 2009, et il a récolté tous les suffrages. Certains s’en offusqueront, pour ma part je regrette sans doute que d’autres films que j’ai beaucoup aimé, à l’image d’A l’origine, ne se voient pas mieux représentés au palmarès, mais j’aurais trouvé plus révoltant qu’Un prophète reparte avec deux récompenses seulement.

Mais je ne tiens pas particulièrement à parler des César. Non que je tienne absolument à écrire ma bafouille sur les Oscars, mais ces jours-ci, en se rendant au cinéma, on peut difficilement échapper aux films qui se trouvaient en concurrence aux fameux Academy Awards le week-end dernier. Precious, Crazy Heart, Une éducation, A single man, In the air… Qui veut savoir ce qui se fête à Hollywood peut le voir dans les salles françaises, et constater ou non si l’Académie américaine a bon goût. Bien sûr les deux films les plus attendus de la cérémonie ont soit disparu des salles depuis un petit moment (Démineurs, six Oscars dont Meilleur Film, Meilleure réalisatrice et Meilleur scénario original), soit déjà touché et divisé tout ce qui compte de spectateurs sur la planète (Avatar, justement oublié des récompenses « suprêmes » pour se voir restreint à la technique).

Du coup il est possible de se pencher à loisir sur les films marginaux de la compétition, les outsiders moins nommés, moins attendus, moins récompensés. Il y avait par exemple un outsider qui il y a à peine plus de trois mois, alors que personne ou presque ne se méfiait de Démineurs et Avatar, était perçu comme LE film à battre, qui était presque certain de connaître son moment de gloire le week-end dernier : In the air, dont la critique et le public américain se sont entichés, tellement entichés que la sortie française avait été avancée de quelques semaines pour surfer sur la popularité générale du film (qui finalement ne s’est pas franchement retranscrite en France).

Ce week-end In the air, un très bon film, n’a rien gagné. Inglorious Basterds, un autre excellent film, a lui été récompensé via son interprète Christoph Waltz, Oscar du Meilleur Acteur dans un second rôle. Si les meilleurs films anglo-saxons de l’année étaient seulement (à peine pour la plupart) nommés (A single man, District 9, L’imaginarium du docteur Parnassus) voire complètement niés (The Box, Moon), les déceptions ont elles eu droit à leur part du gâteau. Je ne parle pas de Démineurs qui m’a donné des frissons et m’a fait suer à grosses gouttes le jour où je l’ai vu. Je ne parle pas de Là-haut, Star Trek ou Jeff Bridges. Quoique, parenthèse, l’Oscar de l’immortel Dude des frangins Coen me fait plaisir au plus haut point (il était temps qu’il reçoive un Oscar celui-là), mais j’ai tout de même une pointe d’amertume pour Colin Firth qui des cinq nommés délivrait cette année la performance la plus éblouissante du lot, peut-être parce qu’elle était situé dans un beau film, là où celle de Bridges servait un film, Crazy Heart, malheureusement assez bateau. Bien sûr la vraie grande performance d’acteur de l’année est celle de Sam Rockwell dans Moon, mais ça c’est une autre histoire.

Bon je referme la parenthèse sur l’Oscar du Meilleur acteur. Je parlais de déception aux Oscars. Et en y réfléchissant la déception ne se limite pas aux Oscars, mais à peu près à toutes les cérémonies de remises de prix cinématographiques qui ont eu lieu aux États-Unis ces trois derniers mois. Oui, bon, d’accord, je l’avoue, en fait aujourd’hui je voulais m’offusquer de l’engouement Precious. Ce film qui érige l’horripilante complaisance en phénomène populaire, ce film qui se plaît à magnifier la misère humaine dans une esthétique toc, ce film qui déborde de mauvais goût a raflé presque tous les Independent Spirit Awards (les Oscars du cinéma indépendant), et a décroché deux Oscars, celui de la Meilleure actrice dans un second rôle (Mo’nique), et celui du Meilleur scénario adapté (la bonne blague).

Tous les ans c’est pareil, les Oscars s’entichent d’un film qui m’agace. Ces dernières années, il y avait eu Chicago, Un homme d’exception ou plus récemment Slumdog Millionaire. Dieu merci Precious n’est pas allé plus loin que ces deux Oscars, contrairement aux trois autres films cités. Mais faites-moi plaisir, et faites-vous du bien au passage, si vous ne l’avez pas vu, n’allez pas voir Precious, ce film qui ne l’est pas (précieux).Allez voir A single man, allez voir Fantastic Mr Fox, allez voir Une éducation, allez voir Le guerrier silencieux. Vous verrez un vrai bon film.

6 commentaires:

I.D. a dit…

T'inquiète pas va, Precious c'est mort. Ca sent le roussi et tu n'es pas le seul à le démonter avec les mêmes arguments. Forcément ça fait réfléchir autant de mauvaise critique à son égard. Je parviens aisément à m'imaginer dans quelles méandres abjectes Precious s'est plongé.

David Tredler a dit…

oui c'est dommage car il y avait de bonnes idées et matière à un bon film, mais en fin de compte...

I.D. a dit…

Je reviens ! I'm back in this ticket, lol.

C'est vrai. On peut s'étonner d'absent comme The Box. Etonnant. On peut s'offusquer de ces films dont les décideurs s'entichent. Affligeant. Et tant pis pour Colin Firth (l'acteur dont je n'ai aimé aucun de ses films vus jusqu'ici) et viva le Dude ! Jeff Bridges ! Rien de tel que pour fêter le Lebowski Fest (dont les festivités vont bientôt commencer). Maintenant, il faut voir le film. Mais c'est le Dude. En ces temps d'élections en France, moi je vote pour le Dude les yeux fermés. :)

Finalement, tu sais... Inglorious Basterds et bien... ce film me pose un problème. Je ne le trouve pas si transcendant que ça. C'est juste un bon film, c'est tout et encore. Je ne comprends pas l'engouement critique à son sujet bien que j'ai vu que certains le descendaient comme il se doit. Un peu fainéant de la part de Tarantino. Moins incisif. Le film promet plein de chose qui ne vienne pas. A croire que le créatif chez lui atteint une limite (pas facile le cinéma écolo', je parle de son cinoche du recyclage). Je suis resté sur ma faim. Seul Christoph Waltz mérite d'être cité. Et bravo à lui.

Ah, les cérémonies. Un grand mystère qui ne l'est pas ! On va de déception en déception et puis de temps en temps nos yeux s'illuminent pour les voir s'assombrirent par la suite... non vraiment, je ne m'y ferais jamais à tout ce strass et pallette remplit d'une hypocrisie gerbante ! On se croirait dans un repas d'entreprise... ;)

David Tredler a dit…

L'absence d'un film comme "The Box" me désole, mais ne me surprend pas. Aux Etats-Unis ils n'ont rien compris aux films, même la critique l'a descendu...

Quant à Colin Firth, tu serais surpris par la qualité de son interprétation dans "A single man". Il est si différent de ce qu'il a été, en tant qu'acteur, jusqu'ici. ce n'est plus le bon gars toujours sympathique. C'est un personnage bien plus complexe, et une performance captivante.

Moi aussi je suis fan du Dude, et je ne me réjouirait jamais assez de son Oscar. Mais ce qui est décevant avec ces prix, c'est qu'ils récompensent les mauvaises performances. Bridges aurait dû avoir l'Oscar pour "The Big Lebowski" plutôt que ce petit "Crazy Heart".

"Inglorious Basterds" est quand même un sacré bout de cinéma. En plus des deux personnages fantastiques que sont Landa et Raines (un peu trop vite oublié pour ce qui est de la réussite comique), il y a quelques séquences époustouflantes. La scène d'ouverture dans la ferme et la partie de cartes dans la cave, notamment, qui osent la durée comme rarement dans le cinéma américain, s'étirant sans jamais perdre un instant la captivation du spectateur.

I.D. a dit…

Ok pour Jeff Bridges, franchement combien d'acteur et de cinéaste ont été récompensé pour un rôle ou un film qui n'était pas le "bon". Je te rejoins là dessus. Un exemple qui me vient : Denzel Washington pour Training Day !! Un scandale. D'autant plus que je trouve que ce dernier a péréclité à partir de ce film. Dans son jeu et ses choix d'acteur. Pas vu le Livre d'Eli donc peut-être que... Et on pourrait parler de Martin Scorsese, bref. Jeff Bridges est un autre exemple. Il fallait le récompensé pour X ou Y raison et on trouve ce film, seulement.

Je ne polémiquerai pas sur Inglorious Basterds. La scène de la cave est grosse comme ça, on voit le truc venir à des kilomètres comme ces voiture de début de film qui s'approchent de la ferme soit dit en passant, très belle scène. Deux scènes finalement qui rappellent un paquet de western. Sauf que. Tarantino sait tirer les choses en longueur sans ennuyer. C'est son cinéma alors encore heureux qu'il sache le faire. Mais ce film est loin de m'avoir convaincu. Nan... franchement...

Tiens, en parlant de Scorsese un peu plus haut, je vais aller voir Shutter Island ce soir. Enfin, si c'est pas ce soir c'est demain mais je vais le voir. Et puis y a le dernier Kitano en salle : Achille et la Tortue. Je me tâte c'est fou de dire ça d'un film de T. Kitano ;)

David Tredler a dit…

Oui, l'Oscar l'année où Denzel l'a eu pour Training Day aurait dû revenir à Will Smith dans Ali de Michael Mann, ils se sont plantés cette année là (encore...)^^
Le Livre d'Eli est un film post-apo regardable mais franchement oubliable, ça ne va pas changer la face de la carrière de Washington...

Moi non plus j'ai toujours pas vu le Scorsese, mais je ne suis pas pressé vu que j'avais lu quand il était sorti l'excellent polar de Dennis Lehane dont il est adapté. Mais bon je vais aller le voir bientôt quand même. Le Kitano, normalement je le vois dimanche. J'ai rien regardé dessus pour ne pas me décourager de le voir, je n'ai pas aimer un film de Kitano depuis "L'été de Kikujiro", mais celui-là je vais lui donner sa chance.

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