dimanche 19 décembre 2010

Steven Seagal est énorme

Ce qu’il y a de bien avec Robert Rodriguez, c’est qu’il joue le jeu de la série B à fond. Le réalisateur n’a jamais aspiré (pour le moment ?) à faire autre chose que de la série B, de la bonne série B sanglante, sexy et stylisée. C’est lorsqu’il se donne complètement dans cet esprit là qu’il est le meilleur. Une nuit en enfer, Sin City, Planète Terreur en sont les illustrations parfaites. Machete, tiré d’une fausse bande-annonce qu’il avait tourné pour Grindhouse - la version américaine de Planète Terreur et Boulevard de la mort en un double film entrecoupé de fausses bandes-annonces alléchantes - perpétue l’accomplissement de Rodriguez dans le genre.

Et moi ce que j’adore plus que tout chez Rodriguez, c’est qu’il va chercher les acteurs qui ont la gueule de l’emploi, quel que soit leur statut à Hollywood. Il est allé chercher Mickey Rourke pour Sin City, Jeff Fahey et Michael Biehn pour Planète Terreur… Pour Machete, il a fait encore plus fort. Il est allé chercher Steven Seagal. Oui, ce Steven Seagal, le seul et unique. L’ex-gloire du cinéma d’action au légendaire jeu de bras. Celui qui cartonnait avec Nico et Piège en Haute mer et est depuis devenu un roi, que dis-je, un empereur du nanar à deux balles pour vidéoclubs. Comme toutes les stars du cinéma d’action des années 80 et 90, Seagal est parti en décrépitude et est tombé aux oubliettes. Plus de place pour ce genre de mec dans le cinéma américain. Trop ring’, trop beauf, trop macho, trop ridicule. Mais ça, Robert Rodriguez s’en fout. Seagal a une gueule, une carrure et un passé qui peuvent parfaitement nourrir un personnage.

Alors Rodriguez a fait de Seagal le grand méchant de Machete, son délire qui transfigure la série B. Il a même pour l’occasion donné le rôle principal à son vieux pote et cousin Danny Trejo, une des tronches les plus burinées du cinéma américain, qui manque rarement un film de Rodriguez et se voit ainsi propulsé tête d’affiche. Machete est un ancien flic mexicain dont la famille a été tuée par Torrez, un baron de la drogue locale qui laisse notre héros pour mort. Trois ans plus tard, Machete est un immigré clandestin au Texas, et alors qu’il fait profil bas, il va devoir à nouveau lutter contre le crime et la corruption (et accessoirement calmer ces donzelles sexy qui se jettent étrangement sur lui). Une lutte qui va de nouveau le mettre sur le chemin de Torrez… Et vous l’aurez deviné, Torrez, c’est notre cher Steven. Il a vieilli, plutôt mal, engoncé dans ses chemises et laissant deviner une silhouette bien arrondie. Mais avec cet accent mexicain lâchant des « pendejo » et « cabron » à tout va, avec cette stature de bad guy qui tient tout le monde à sa botte, et avec quelques coups de sabre bien sentis, il tient son rôle à la perfection, et le plaisir est grand à le voir hanter le film ainsi, au premier comme au second degré.

Il n’est pas le seul invité surprise de la fête, avec une Lindsay Lohan offrant ses charmes entre deux cures et un Don Johnson tout à fait méconnaissable et lui aussi impérial en salaud. Ils se fondent impeccablement dans un festival de jubilation, un enchaînement de décapitations, énucléations, crucifixions dont la jouissance n’a d’égale que les répliques décomplexées qui fusent. L’apothéose de ce festival de répliques qui tuent étant le déjà célèbre « Machete don’t text ! ». Gloire à Robert Rodriguez et son amour des gueules de cinéma !

8 commentaires:

selenie a dit…

Quelle déception énorme !... On était en droit de s'attendre à un film dingue et loufoque tel que son "Planète terreur" mais ça en est au final qu'une copie fade et facile. Moins de délire fou car moins de choses surprenantes, l'humour est moins recherché... Et pourquoi le côté sexy est-il si prude ?! Notamment avec Danny Trejo où bizzarement le plan est coupé à chaque fois que le héro s'allonge avec une belle ?! Il semble que la belle et la bête n'a pas eu l'aval nécessaire. Bref le film surnage surtout grâce aux gueules, c'est tout de même un peu juste ! 08/20

David Tredler a dit…

Point de déception pour moi selenie, comme tu as pu le lire ;)

Vincent a dit…

Ouaif, je trouve le film assez balourd et malgré l'abattage déployé complètement dépourvu de fun. Raté quoi.

David Tredler a dit…

Le degré de fun d'un film est tellement subjectif Vincent ;) Moi je me suis éclaté !! Assis à côté de moi dans la salle il y avait l'acteur Laurent Lucas, je pense qu'on a été les deux à se marrer le plus pendant le film !

I.D. a dit…

Laurent Lucas ! Il a donc vu un film qu'il n'aura jamais l'opportunité de jouer ! ;) A part, à part si Rodriguez se penche sur son CV. ^^

David Tredler a dit…

Ca m'étonnerait effectivement que le cinéma français lui offre la possibilité de jouer un jour un film comme Machete...^^

I.D. a dit…

En attendant que Laurent Lucas interprète un nazi bionique qui se réveille plus de 65 ans après la fin de la guerre pour régner en maître sur le monde... j'ai vu "Machete".

Perso', j'ai adoré. A titre comparatif, je l'ai préféré à "Planète Terreur". C'est débile, c'est fun, décomplexé, bourré de référence sans oublier un casting monstre. La réal' se tient. Après le scénar', on n'en parle pas. N'empêche, il y a dedans des répliques qui tuent. Après, on pourra toujours reprocher à Rodriguez de trop vouloir faire comme les films qu'il pastiche bien que ce soit le principe même du film. Je précise la chose puisque apparemment il semblerait que des personnes n'aient pas compris le propos.

Il est clair que si l'on juge "Machete" sans prendre en compte ce "pastiche" alors on est face à un film bourré de défaut avec un montage pourri, un scénario nawak, une réalisation plus que bancale, des interprétations caricaturales et j'en passe. Je peux tout de même comprendre qu'on puisse ne pas aimer ce côté complaisant de Rodriguez, ce côté fait "exprès", ce côté parodique sans réel inventivité. Si ce n'est de piocher ici et là les idées des autres (la plupart du temps). Après y a des fois... faut juste pas se prendre la tête. Ce n'est pas pour ça qu'on ne peut être un véritable amateur de Cinéma.

Vite fait pour répondre à selenie (même si j'arrive tardivement).

> "Et pourquoi le côté sexy est-il si prude ?! Notamment avec Danny Trejo où bizzarement le plan est coupé à chaque fois que le héro s'allonge avec une belle ?!"

Ça reproduit là encore certains films d'exploit' où tu avais la coupe à ce moment-là pour découvrir plus loin (ou avant) du nichon. Fallait un certain quota de nudité pour éviter certaine classification. Du coup, Rodriguez s'amuse à faire la même. Et il a raison ! Je n'aurai jamais supporter de voir Jessica Alba dans les bras de Danny Trejo !!!! ^^

David Tredler a dit…

C'est clair que voir Jessica ALba frôlater dans les bra de Danny Trejo, ça aurait fait mal au coeur ! Mais en même temps, c'est Machete quand même, le mexicain le plus couillu d'Amérique ;)
Content que tu te sois comme moi éclaté devant Machete ID ;)

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