Après avoir impatiemment attendu sa sortie, et largement tardé à le voir, j’ai enfin vu La Vida Loca, le documentaire de Christian Poveda sur le gang de la Mara 18. L’assassinat du cinéaste quelques semaines avant la sortie du film, au Salvador, sur les lieux mêmes du documentaire, ont grandement médiatisé la sortie du film qui, coïncidence, a récemment été suivie par la sortie de Sin nombre, une fiction cette fois-ci avec en toile de fond les mêmes gangs d’Amérique Centrale.
Finalement j’aurai vu l’excellent Sin Nombre avant La Vida Loca. Une fiction âpre prenant pour protagoniste un membre de la Mara Trucha, Casper, qui plaque tout lorsque son chef tue sa petite amie. Dans sa fuite qu’il sait sans issue, il croise la route d’une adolescente migrant illégalement vers les États-Unis. La similarité thématique entre La vida loca et Sin nombre est saisissante, et il s’avère que leur complémentarité se pose facilement.
Là où le documentaire de Poveda s’attache à nous faire découvrir de l’intérieur la Mara 18, au plus près de ses membres, la fiction de Cary Fukunaga inscrit le problème des gangs dans un cadre plus large, celui de la violence de l’Amérique Centrale, et du violent désir d’y échapper en fuyant, bien sûr souvent vers les États-Unis et la promesse du rêve américain.
Les deux films se rejoignent dans la volonté de montrer que parmi ces gangs, il y a des espoirs individuels, des jeunes qui ouvrent les yeux pour tenter de s’extraire de ce ghetto moral et social.
La question que je me pose depuis que j’ai vu La Vida Loca, en revanche, c’est « Peut-on reprocher à un documentariste de ne pas montrer ce que l’on s’attend à ce qu’il filme ? ». Car aussi intéressant que soit le sujet, et aussi fort le documentaire ait-il été malheureusement rendu par l’assassinat de Poveda, il manque quelque chose à La Vida Loca. Il manque de la distance. Il manque un œil objectif. Ce dont j’ai peur, ce que j’ai ressenti à la vision du film, et j’en suis le premier désolé, c’est une grande complaisance du cinéaste pour ceux qu’il filme.
Poveda passe beaucoup de temps à nous montrer les membres de la Mara pleurer les siens « tombés au combat », s’écrouler de douleur aux enterrements. Il offre aussi de nombreuses séquences sur leur « réinsertion » par la boulangerie, tout en faisant toujours partie du gang. Sur leurs visites chez le docteur. Sur leurs tentatives de renouer avec leurs familles. C’est bien sûr tout à son honneur de montrer cet aspect de leur personnalité, de montrer leur humanité, évidemment.
Mais où est le contrepoids ? Où sont-elles ces scènes montrant également le mal qu’ils infligent ? Où sont-elles ces scènes où leur part violente est révélée ? Sont-ce simplement ces remarques vengeresses rapides, ces « Ils vont nous le payer » à l’enterrement de l’un des leur ? Sont-ce simplement ces scènes de tatouages où ils marquent leur appartenance à la Mara ? Ne seraient-ils finalement qu’une bande de bons gars certes spéciaux et marginaux, mais finalement plus harcelés et victimes que véritablement malfaisants ? Bien sûr ils sont eux aussi les victimes d’une société latino-américaine gangrénée par les injustices, par la pauvreté et la violence. Bien sûr il est important et remarquable que Christian Poveda ait choisi de le dire et le montrer.
Là où le bat blesse c’est lorsque le cinéaste ne fait qu’esquisser la part sombre de ces hommes et femmes. Cette violence, on ne la ressent vraiment que dans le plan final du film, montrant l’initiation par les coups. Comme si tout à coup le cinéaste disait « Tiens au fait, ils se prennent beaucoup de coups dans la tronche, mais ils en donnent eux aussi ». Un peu tard malheureusement.
Finalement j’aurai vu l’excellent Sin Nombre avant La Vida Loca. Une fiction âpre prenant pour protagoniste un membre de la Mara Trucha, Casper, qui plaque tout lorsque son chef tue sa petite amie. Dans sa fuite qu’il sait sans issue, il croise la route d’une adolescente migrant illégalement vers les États-Unis. La similarité thématique entre La vida loca et Sin nombre est saisissante, et il s’avère que leur complémentarité se pose facilement.
Là où le documentaire de Poveda s’attache à nous faire découvrir de l’intérieur la Mara 18, au plus près de ses membres, la fiction de Cary Fukunaga inscrit le problème des gangs dans un cadre plus large, celui de la violence de l’Amérique Centrale, et du violent désir d’y échapper en fuyant, bien sûr souvent vers les États-Unis et la promesse du rêve américain.
Les deux films se rejoignent dans la volonté de montrer que parmi ces gangs, il y a des espoirs individuels, des jeunes qui ouvrent les yeux pour tenter de s’extraire de ce ghetto moral et social.
La question que je me pose depuis que j’ai vu La Vida Loca, en revanche, c’est « Peut-on reprocher à un documentariste de ne pas montrer ce que l’on s’attend à ce qu’il filme ? ». Car aussi intéressant que soit le sujet, et aussi fort le documentaire ait-il été malheureusement rendu par l’assassinat de Poveda, il manque quelque chose à La Vida Loca. Il manque de la distance. Il manque un œil objectif. Ce dont j’ai peur, ce que j’ai ressenti à la vision du film, et j’en suis le premier désolé, c’est une grande complaisance du cinéaste pour ceux qu’il filme.
Poveda passe beaucoup de temps à nous montrer les membres de la Mara pleurer les siens « tombés au combat », s’écrouler de douleur aux enterrements. Il offre aussi de nombreuses séquences sur leur « réinsertion » par la boulangerie, tout en faisant toujours partie du gang. Sur leurs visites chez le docteur. Sur leurs tentatives de renouer avec leurs familles. C’est bien sûr tout à son honneur de montrer cet aspect de leur personnalité, de montrer leur humanité, évidemment.
Mais où est le contrepoids ? Où sont-elles ces scènes montrant également le mal qu’ils infligent ? Où sont-elles ces scènes où leur part violente est révélée ? Sont-ce simplement ces remarques vengeresses rapides, ces « Ils vont nous le payer » à l’enterrement de l’un des leur ? Sont-ce simplement ces scènes de tatouages où ils marquent leur appartenance à la Mara ? Ne seraient-ils finalement qu’une bande de bons gars certes spéciaux et marginaux, mais finalement plus harcelés et victimes que véritablement malfaisants ? Bien sûr ils sont eux aussi les victimes d’une société latino-américaine gangrénée par les injustices, par la pauvreté et la violence. Bien sûr il est important et remarquable que Christian Poveda ait choisi de le dire et le montrer.
Là où le bat blesse c’est lorsque le cinéaste ne fait qu’esquisser la part sombre de ces hommes et femmes. Cette violence, on ne la ressent vraiment que dans le plan final du film, montrant l’initiation par les coups. Comme si tout à coup le cinéaste disait « Tiens au fait, ils se prennent beaucoup de coups dans la tronche, mais ils en donnent eux aussi ». Un peu tard malheureusement.
2 commentaires:
J'ai pu voir Sin Nombre en attendant de tomber un jour (peut-être) sur le documentaire. J'ai bien apprécié le film qui sait (il me semble) rester juste. Sans parti-pris. Il y a une bonne mise en scène, de bonne prestation et une histoire plutôt bien écrite. J'ai vraiment bien accroché à la chose et puis il est toujours intéressant de voir le fonctionnement d'un gang comme celui-ci même si cela reste une fiction. L'ouverture du film sur le papier peint de la chambre avec le contexte où habite notre anti-héro, je l'ai trouvé génial.
Sin Nombre est une belle réussite ID, on est d'accord. Tu me diras quand tu auras vu, un jour, La Vida Loca.
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