Après un vendredi blanc, retour samedi 7 novembre à l’Action Christine pour le premier week-end de la quinzaine du Festival Franco-Coréen du Film. Débuter la journée ciné par un documentaire d’à peine plus d’une heure plaisait d’emblée à mon mal de crâne, mais la perspective d’enchaîner derrière avec le second film de l’hommage à Lee Myeong-Se, après celui vu jeudi, tempérait le ciel bleu de la programmation. Mais chaque chose en son temps…
Film de la sélection officielle, Portrait de famille est le film documentaire de fin d’études de Kim Young-Jo. Le cinéaste en herbe, qui a notamment étudié à Paris, s’y livre aux retrouvailles avec le père qu’il avait cru mort toute sa vie. Enfant, c’est ce que sa mère lui avait dit, préférant lui cacher que l’homme l’avait mise enceinte alors qu’il était déjà marié, qu’il avait finalement renoncé à être son père et était parti.
Portrait de famille montre donc ce trentenaire prendre contact avec ce distant père pour essayer de comprendre ce qui s’est passé entre lui et sa mère trois décennies plus tôt. En fait de documentaire, il s’agit plus d’un journal intime filmé (dans la veine, toutes proportions gardées, de Tarnation de Jonathan Caouette) dans lequel Kim Young-Jo s’interroge sur ce père qu’il n’a jamais connu, son caractère, les raisons qui ont fait que sa famille s’est brisée avant même qu’il ait été en âge de voir ses parents ensemble.
Sans pudeur et avec un certain aplomb, le réalisateur signe un portrait de famille coréenne éclatée qui révèle toute la complexité des mœurs locales, dans les rapports de couples et les rapports familiaux. Élevé seul par une mère bien entourée, abandonné par un père déjà marié qui s’est finalement remarié avec une troisième femme avec laquelle il a fondé une famille (vous suivez ?), Kim est un individu étrange au regard de la société coréenne, surtout pour un enfant né au début des années 70.
Au-delà de l’intérêt presque ethnographique que l’on peut trouver à Portrait de famille, le film séduit par quelques séquences assez surréalistes de retrouvailles familiales. En particulier une scène de restaurant où le fils réunit pour la première fois en 30 ans son père et sa mère, confrontant ainsi un homme refusant de voir dans son passé un comportement plus que malvenu (si ce n’est à demi mot et avec tout de même une certaine bonhomie), et une femme ayant accumulé des années de ressentiment envers un homme qu’elle estime avoir ruiné sa vie.
Ce sont ces confrontations décalées, ces admissions à demi-mot (la mère révélant à son fils que s’il avait plus ressemblé physiquement à son père, elle ne l’aurait certainement pas aimé comme une mère doit aimer son enfant) qui font le sel de ce court documentaire (à peine 1h10).
Avec 45 minutes de pause avant la présentation de First Love, second film présenté dans le cadre de l’hommage au cinéaste Lee Myeong-Se, les spéculations allèrent bon train sur ce à quoi s’attendre avec cette comédie romantique datant de 1993. Serait-ce la pierre angulaire permettant de regarder la filmographie si étrange de Lee avec un autre œil ? Présent, monsieur Lee nous précisa avant que le film ne commence qu’à l’époque, le film avait été mal reçu. Aïe. Mais après tout, peu importe l’accueil qu’a pu recevoir un film quinze ans plus tôt à l’autre bout du monde. Ce qui compte, c’est aujourd’hui, ici, maintenant.
Aujourd’hui, ici, maintenant, j’ai donc vu First Love de Lee Myeong-Se, et il m’est facile de concéder qu’il s’agit globalement d’un film plus plaisant que Their last love affair. Notamment parce qu’il y règne dans toute la première partie un kitsch évident. L’héroïne est une étudiante de 19 ans, habitant un quartier modeste avec ses parents et sa jeune sœur, allant à l’université où elle ne voit pas ce prétendant qui lui tourne autour en cours de théâtre. Le seul qu’elle voit, c’est justement celui qui leur enseigne l’art dramatique. Ce professeur citadin, fumeur, buveur, rustre au premier abord, sous le charme duquel elle tombe finalement très vite.
L’intérêt de First Love réside, si j’ose dire, dans sa faiblesse évidente. Lee Myeong-se fait parcourir son film de symbolismes outrageusement forcés, ce qui fait tourner ce portrait d’étudiante à la farce. Était-ce intentionnel de la part du cinéaste ? En partie peut-être, autant sûrement pas. Il force tellement les traits, les clins d’œil, les effets saugrenus, que le rire se fait plus souvent aux dépens du film qu’avec lui.
Comme à son habitude, le metteur en scène abuse des tics visuels, gros plans sur une boisson que l’on verse dans un verre, défilé de photos pour figurer une scène… Les fautes de goût sont là. Pourtant force est de constater que pendant la première heure, on trouve un certain charme au film, de par ses défauts mêmes (est-ce l’amateur de nanars en moi qui parle ici ?).
Ce qui est dommage, en fin de compte, c’est que le réalisateur n’ait pas gardé ce ton comme ligne directrice intégrale. Certes cette vision globale aurait accouché d’un objet très étrange et ridicule, mais assurément drôle tout du long. Au lieu de cela, dans son dernier tiers, First Love est soudain dénudé de cette touche kitsch qui faisait son unicité. Tout à coup, le film se prend bien trop au sérieux, chose qu’il avait la bonne idée de ne pas faire jusqu’ici. Ne reste plus qu’une succession de scènes manquant cruellement de vie, apathiques, qui ne sauraient clore le film assez vite.
En fin de projection fut improvisée une courte séance de questions / réponses avec le cinéaste qui n’étant pas prévue se dut d’être rapide, afin de rester dans le tempo du festival. Demain, M, son film le plus récent, sera projeté et suivi d’un débat plus long. Peut-être l’occasion de percer le mystère de ce cinéaste bien étrange ?
Film de la sélection officielle, Portrait de famille est le film documentaire de fin d’études de Kim Young-Jo. Le cinéaste en herbe, qui a notamment étudié à Paris, s’y livre aux retrouvailles avec le père qu’il avait cru mort toute sa vie. Enfant, c’est ce que sa mère lui avait dit, préférant lui cacher que l’homme l’avait mise enceinte alors qu’il était déjà marié, qu’il avait finalement renoncé à être son père et était parti.
Portrait de famille montre donc ce trentenaire prendre contact avec ce distant père pour essayer de comprendre ce qui s’est passé entre lui et sa mère trois décennies plus tôt. En fait de documentaire, il s’agit plus d’un journal intime filmé (dans la veine, toutes proportions gardées, de Tarnation de Jonathan Caouette) dans lequel Kim Young-Jo s’interroge sur ce père qu’il n’a jamais connu, son caractère, les raisons qui ont fait que sa famille s’est brisée avant même qu’il ait été en âge de voir ses parents ensemble.
Sans pudeur et avec un certain aplomb, le réalisateur signe un portrait de famille coréenne éclatée qui révèle toute la complexité des mœurs locales, dans les rapports de couples et les rapports familiaux. Élevé seul par une mère bien entourée, abandonné par un père déjà marié qui s’est finalement remarié avec une troisième femme avec laquelle il a fondé une famille (vous suivez ?), Kim est un individu étrange au regard de la société coréenne, surtout pour un enfant né au début des années 70.
Au-delà de l’intérêt presque ethnographique que l’on peut trouver à Portrait de famille, le film séduit par quelques séquences assez surréalistes de retrouvailles familiales. En particulier une scène de restaurant où le fils réunit pour la première fois en 30 ans son père et sa mère, confrontant ainsi un homme refusant de voir dans son passé un comportement plus que malvenu (si ce n’est à demi mot et avec tout de même une certaine bonhomie), et une femme ayant accumulé des années de ressentiment envers un homme qu’elle estime avoir ruiné sa vie.
Ce sont ces confrontations décalées, ces admissions à demi-mot (la mère révélant à son fils que s’il avait plus ressemblé physiquement à son père, elle ne l’aurait certainement pas aimé comme une mère doit aimer son enfant) qui font le sel de ce court documentaire (à peine 1h10).
Avec 45 minutes de pause avant la présentation de First Love, second film présenté dans le cadre de l’hommage au cinéaste Lee Myeong-Se, les spéculations allèrent bon train sur ce à quoi s’attendre avec cette comédie romantique datant de 1993. Serait-ce la pierre angulaire permettant de regarder la filmographie si étrange de Lee avec un autre œil ? Présent, monsieur Lee nous précisa avant que le film ne commence qu’à l’époque, le film avait été mal reçu. Aïe. Mais après tout, peu importe l’accueil qu’a pu recevoir un film quinze ans plus tôt à l’autre bout du monde. Ce qui compte, c’est aujourd’hui, ici, maintenant.
Aujourd’hui, ici, maintenant, j’ai donc vu First Love de Lee Myeong-Se, et il m’est facile de concéder qu’il s’agit globalement d’un film plus plaisant que Their last love affair. Notamment parce qu’il y règne dans toute la première partie un kitsch évident. L’héroïne est une étudiante de 19 ans, habitant un quartier modeste avec ses parents et sa jeune sœur, allant à l’université où elle ne voit pas ce prétendant qui lui tourne autour en cours de théâtre. Le seul qu’elle voit, c’est justement celui qui leur enseigne l’art dramatique. Ce professeur citadin, fumeur, buveur, rustre au premier abord, sous le charme duquel elle tombe finalement très vite.
L’intérêt de First Love réside, si j’ose dire, dans sa faiblesse évidente. Lee Myeong-se fait parcourir son film de symbolismes outrageusement forcés, ce qui fait tourner ce portrait d’étudiante à la farce. Était-ce intentionnel de la part du cinéaste ? En partie peut-être, autant sûrement pas. Il force tellement les traits, les clins d’œil, les effets saugrenus, que le rire se fait plus souvent aux dépens du film qu’avec lui.
Comme à son habitude, le metteur en scène abuse des tics visuels, gros plans sur une boisson que l’on verse dans un verre, défilé de photos pour figurer une scène… Les fautes de goût sont là. Pourtant force est de constater que pendant la première heure, on trouve un certain charme au film, de par ses défauts mêmes (est-ce l’amateur de nanars en moi qui parle ici ?).
Ce qui est dommage, en fin de compte, c’est que le réalisateur n’ait pas gardé ce ton comme ligne directrice intégrale. Certes cette vision globale aurait accouché d’un objet très étrange et ridicule, mais assurément drôle tout du long. Au lieu de cela, dans son dernier tiers, First Love est soudain dénudé de cette touche kitsch qui faisait son unicité. Tout à coup, le film se prend bien trop au sérieux, chose qu’il avait la bonne idée de ne pas faire jusqu’ici. Ne reste plus qu’une succession de scènes manquant cruellement de vie, apathiques, qui ne sauraient clore le film assez vite.
En fin de projection fut improvisée une courte séance de questions / réponses avec le cinéaste qui n’étant pas prévue se dut d’être rapide, afin de rester dans le tempo du festival. Demain, M, son film le plus récent, sera projeté et suivi d’un débat plus long. Peut-être l’occasion de percer le mystère de ce cinéaste bien étrange ?
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