vendredi 15 mai 2009

Rendez-leur la Palme d'Or !!!!!

Le monde est fait d’injustices, et parmi les moindres d'entre elles, il y a celles qui touchent au cinéma. Mais dans le cœur d’un cinéphile, certaines injustices peuvent en valoir d’autres plus évidentes, plus humaines, sociales. Dans le cœur d’un cinéphile, qu’un grand film ne soit pas récompensé à sa juste valeur peut faire figure d’injustice suprême. Puisque l’on est en pleine période de Festival de Cannes, et que je n’ai pas assez de place pour faire un historique complet des injustices du plus grand festival de films au monde, voici celles qui sont à mes yeux les trois impardonnables de la décennie écoulée…

Mai 2008
Entre les murs de Laurent Cantet, film hautement méritant et remarquable à plusieurs niveaux, emporte l’unanimité du jury présidé par Sean Penn. Chouette, un film français (et un bon en plus !) !!! Le premier depuis Sous le soleil de Satan 21 ans plus tôt !! Alors où est l’arnaque ?
L’arnaque c’est qu’en compétition se trouvait également Two Lovers, quatrième film de James Gray, un drame amoureux, sombre, amer, aux accents de tragédie Shakespearienne. Le meilleur film de l’année, qui repart de Cannes sans le moindre prix. Une honte.

Mai 2004
Avec Quentin Tarantino en Président du Jury, tout le monde s’attend à une Palme d’Or rock’n roll, hors des sentiers battus des films habituellement primés. Tout le monde attend un film de genre débridé, violent, puissant, bouleversant, qui remue les tripes et balance un uppercut à tous ceux qui posent les yeux dessus. Tout le monde attend Oldboy du sud-coréen Park Chan-Wook, une bombe qui ne pouvait que séduire à mort QT.


Mais voilà, la guerre en Irak pèse lourd sur les consciences, et sur le jury cannois en particulier apparemment, qui préfère offrir la récompense suprême au documentaire démago de Michael Moore Farenheit 9/11, et laisser la médaille d’argent, le Grand Prix, à un Oldboy volé.

Mai 2000
Attention, le cru 2000 recèle la plus grande injustice de l’histoire de la Croisette ! Cette année-là, c’est Luc Besson qui se trouve à la tête du jury. Les mauvaises langues dont je fais partie pourraient dire que déjà, un tel président ne pouvait qu’augurer du pire. Et effectivement, le pire est arrivé.
Quelle est donc l’infamie ultime ? Est-ce que la comédie musicale puante de pathos de Lars Von Trier, Dancer in the Dark, ait cette année-là remporté la Palme d’Or et valu à son interprète , la débutante Björk, le Prix d’interprétation féminine ?

Non, le pire, c’est tout de même que le chef-d’œuvre éternel, absolu, frisant la perfection de Wong Kar Wai, In the mood for love, ne se soit pas vu offrir cette palme qui lui revenait de droit. La passion contenue, l’amour impossible, la volupté du cadre et des personnages, le rythme lancinant, hypnotisant, fascinant, d’un interdit déchirant. Le film a dû se contenter du Prix d’interprétation masculine pour le magnifique Tony Leung, mais quelle idée de le primer lui sans la primer elle, l’immense Maggie Cheung. Cette tâche dans l’histoire des palmarès est malheureusement ineffaçable et éternelle.

2009 sera-t-elle une année d’injustice, ou de reconnaissance méritée ? Réponse dans quelques jours…

4 commentaires:

Benoît Di Pascale a dit…

Pour Old Boy on raconte que c'est Emmanuelle Béart qui aurait réussi à convaincre Moore de donner la palme à Fahrenheit.
La connasse.

David Tredler a dit…

C'était à Tarantino de la convaincre du contraire, il a pas fait son boulot...

julien Pelé a dit…

Vouant presque un culte au chef d'oeuvre absolu de Wong Kar-wAi, "In the mood for love" je ne peut qu'approuver ! Ce film était en 2000 d'une perfection inégalée dans sa sensibilité. Qui aurait valu l'or, largement ! Car il atteint sur tous les points un niveau incroyable (photo, interprétation, mise en scène, l'ambiance rendue par la photo, les costumes et... la musique si habilement utilisée).

Et pour "Old Boy" je suis à nouveau d'accord. Mais surtout pour dire que Fahrenheit ne méritait pas ce prix. "Old Boy" n'avais en revanche pas vraiment le style d'un film qui deviendrait un classique ou une référence pour toute une génération à l'inverse de l'influence incroyable qu'a eu Wong.

Je pense sincèrement que les jurys font des erreurs. J'aimerais choisir à leur place (comme cette année, donner tellement plus à Poetry). Mais Tarantino n'était pas à Cannes dans l'idée de primer le film le plus violent de la sélection. Il se serait vraiment fait passer pour un amoureux des scènes de tortures . Le Lion d'or 2010 montre bien cà aussi ^^ !

(Et quand on réalise ce que la Palme d'or lui avait apportée en 1994 pour démarrer sa carrière après seulement deux films. Il dit lui-même "Cannnes m'a fait gagner dix ans !" Tarantino a probablement subit le choix des autre de peur de passer pour un cinéaste violent. Oldboy vaut cependant beaucoup que Fahrenheit à mes yeux...)

David Tredler a dit…

Content que tu partages mon avis sur In the Mood for Love, et en partie sur Oldboy, Kool !
in the Mood for Love restera à jamais dans l'histoire de Cannes comme un des films les plus sous-estimé par un jury. Seul un Prix d'interprétation... pfff....

Et moi aussi, cette année, j'aurais donné tellement plus à Poetry. Pour tout dire de ce que j'ai vu des films en compet, pour moi c'est la Palme d'Or 2010, sans hésitation...

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