Cette année les billets se sont faits rares dans ces
pages, et je n’ai pas pu aborder tous les films qui me sont allés droit au cœur.
Mais je ne pouvais passer sous silence « Au revoir l’été », parce que
le film le mérite trop, et (peut-être plus important encore) parce que les
personnes qui devraient être les premières à défendre le film, les exploitants,
ne semblent pas franchement décidées à le faire.
« Au revoir l’été » est sorti il y a quelques
jours, le 17 décembre dernier. C’est un film d’auteur japonais, passé et récompensé
par moult festivals, appuyé par d’élogieuses critiques, et – pour ce qui est de
la capitale – programmé dans quelques cinémas majeurs de la cinéphilie
parisienne : l’Arlequin, l’Escurial, le MK2 Beaubourg, le
Saint-André-des-Arts et le Majestic Bastille. Sur le papier, un tel film semble
avoir ce qu’il faut pour se faire un nom dans les salles Art & Essai de Paris
et trouver son public. Les salles de cinéma que j’ai citées offrent chaque
semaine une belle programmation, avec pour habitude de défendre les films
qu’ils choisissent.
Quelle ne fut donc pas la surprise des cinéphiles
mercredi dernier, le jour de la sortie d’ « Au Revoir l’été »,
lorsque nous (je m’inclue dedans) avons découvert que les exploitants proposant
le film à Paris semblaient s’être passé le mot pour écraser le potentiel du
film à son strict minimum, et offrir aux spectateurs parisiens désirant le voir
(un désir légitime étant donnée la réputation du film) le minimum syndical au
niveau des possibilités de séances. Des cinq cinémas que j’ai cités plus haut
programmant le film à Paris, un seul (!), oui un seul, lui a réservé des
séances toute la journée. Le Saint-André-des-Arts, à Saint-Michel. Séances à
14h, 16h20 et 20h35.
Les quatre autres cinémas ? L’Arlequin, séances
uniquement le samedi et le dimanche à 11h10. C’est tout. L’Escurial ?
Jeudi à 11h25, Vendredi, Samedi et Lundi à 11h. Le Majestic Bastille ?
Vendredi à 11h10, Samedi, Dimanche et Lundi à 11h. Le MK2 Beaubourg ? Tous
les jours à 11h30 et 18h40. Bon, ce dernier offre un peu plus de possibilités,
mais contrairement aux autres ce cinéma possède six salles.
Par quel malheureux hasard quasiment tous les cinémas
projetant « Au revoir l’été » ont-ils choisi d’offrir si peu de
séances aux spectateurs, dès la première semaine d’exploitation du film ? Celui
qui se retrouve lésé dans l’affaire, en plus du film lui-même, bien sûr, et de
son distributeur qui j’en suis sûr espérait de meilleurs horaires pour son film
de la part de tels cinémas, c’est le spectateur. Vous et moi qui guettions la
sortie du film ou nous sommes laissés tenter au hasard de la lecture d’une
critique du film (toutes excellentes), et avons donc ouvert notre Pariscope ou
consulter Allociné pour voir où et à quelle heure nous pourrions voir le film.
Bien sûr, je me doute déjà de ce que vont répondre les
exploitants. Trop de films sortent chaque semaine (et il est vrai que la
semaine du 17 décembre, première des vacances de Noël, est particulièrement
féconde en films), et afin d’offrir une fenêtre à chacun des films qu’ils
souhaitent passer, impossible de tous les passer toute la journée. Mais que
quasi toutes les salles programmant CE film en particulier aient décidé de lui
réserver le même sort, à savoir presque uniquement des séances matinales, alors
qu’il s’agissait peu ou prou de celui bénéficiant des meilleures critiques (à
juste titre), cela envoie un mauvais message aux yeux des spectateurs. Un
mauvais message à propos du film, qui ne mériterait donc pas mieux, et un
mauvais message quant à l’implication du cinéma.
A l’Arlequin où j’ai vu le film le weekend dernier, alors
donc que le film était une nouveauté de la semaine, RIEN ne signalait la
présence du film dans ce cinéma. Aucun signe extérieur qui indiquerait au
spectateur potentiel flânant devant le cinéma que ce beau film japonais
récompensé en festivals et loué par la presse, « Au Revoir l’été »,
était visible dans cette salle. Pas d’affiche. Pas de mise en avant dans les
vitrines où tous les autres films à l’affiche sont mis en avant. Rien. Ah si
pardon. Sur l’une des feuilles épinglée dans l’une des vitrines du cinéma, dans
un coin de page, cette mention « Films de matinée », suivi du titre
des trois ou quatre films projetés uniquement le matin avec les horaires. Et
parmi ces titres, très anonymement, apparaissait enfin « Au Revoir
l’été », sans rien d’autre que ce titre et ses horaires. Prenez votre
loupe pour remarquer cette mention.
Résultat, en ce dimanche matin, les gens étaient un peu
perdus sur le trottoir de la rue de Rennes, ne voyant nulle mention du film
qu’ils étaient venus voir. J’entendais autour de moi les gens s’interroger
« C’est pas ici qu’ils passent « Au revoir
l’été » ? », « « Pourquoi ce n’est pas indiqué qu’ils
passent le film japonais ? Tu es sûr que c’est là ? », « Ah
si tiens regarde, tout en bas de la feuille là, ils l’ont écrit. Mais c’est pas
cette semaine qu’il est sorti le film ? On dirait pas… ».
La salle, au bout du compte, n’était
(heureusement !) pas loin d’afficher complet (merci les critiques). Et le
film nous a donc embarqués vers une petite ville japonaise de bord de mer, un
jour de la fin d’été. Sakuko et sa tante Mikie viennent y passer quelques
jours, la première pour réviser avant son entrée à la fac, la seconde pour
finir son travail de traduction. Mikie a passé sa jeunesse ici, et elle va
faire découvrir le coin à sa nièce. Le charme d’ « Au revoir
l’été » opère rapidement, offrant le visage d’une douce chronique
provinciale à l’heure où les citadins sont repartis et où le calme retombe,
alors que les beaux jours persistent.
Le réalisateur Koji Fukada observe, suit, écoute ces
moments de creux de la vie où se dessine la mélancolie du présent, pris entre
un passé dont on ne veut plus parler et un avenir trop incertain. Le film est
fait de cette simplicité qui parvient à nouer des sentiments profonds, où la
langueur quotidienne est riche et où les personnages prennent vie de façon
éclatante. J’en suis sorti dans cet état de flou duquel on émerge lorsque l’on
retourne à sa propre réalité après avoir découvert un film qui vous a emporté
dans sa douce poésie. J’ai voulu en sortant du cinéma jeter un œil en arrière,
vers l’affiche du film, pour retrouver un instant le si doux visage de Sakuko (l’actrice
Fumi Nikaido, remarquée dans « Why don’t you play in Hell ? » de Sono Sion) et ces quelques jours que
j’ai passés en sa compagnie, racontés en deux heures. Et je me suis souvenu que
l’affiche n’était pas là. L’au revoir au film était imparfait, mais « Au
revoir l’été », lui, restera.
P.S. : le sort du film ne sera pas meilleur dans les
salles parisiennes dans les jours qui viennent, puisqu’au MK2 Beaubourg les
séances passent à 9h25 et 21h25 en deuxième semaine, et qu’à l’Escurial et au
Majestic Bastille, le film ne passera plus respectivement qu’à 11h du matin
lundi et mardi matin prochains. A l’Arlequin et au Saint-André-des-Arts, les
séances restent sensiblement les mêmes. Dépêchez-vous !
5 commentaires:
Ca me fascinera toujours autant cette habileté à cacher des films plutôt que d'autres pour des raisons fumeuses. Une honte. Les ciné Arts & Essai Poitiers et La Rochelle ne le diffuse que pas ou peu. Tous logés à la même enseigne !
Joyeuses fêtes !
Ce merveilleux Sakuko à la plage méritait tellement mieux. J'ai eu la chance de pouvoir aller au Forum des Images où ils le présentaient en avant première. Le réal' était là. Bref. Les voies de la distribution sont décidément impénétrables. Quand je vois le régime de daubes qui nous est offert, parfois j'ai bien envie de mordre.
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