
Ces jours-ci vient de sortir en salles « Les
ascensions de Werner Herzog », titre sous lequel on trouve deux
documentaires du cinéaste allemand d’une quarantaine de minutes chacun, l’un
réalisé en 1977, l’autre en 1984, avec pour cadre commun la montagne et couplés
pour l’occasion d’une sortie en salles. Le premier, « La Soufrière »,
voit Herzog filmer le volcan guadeloupéen en 1976, alors qu’une éruption menace
et que la ville adjacente de Basse-Terre a été évacuée devant le danger
imminent. Herzog lui, trompe-la-mort devant l’éternel, se balade sur les flancs
du volcan suintant de gaz à la rencontre d’une poignée d’hommes ayant choisi de
ne pas quitter la montagne et d’affronter ce qui adviendra.
Le second film, « Gasherbrum, la montagne
lumineuse », tourné huit ans plus tard, voit cette fois le réalisateur
filmer deux alpinistes européens (italien et allemand) escalader deux sommets
himalayens, les Gasherbrum. La possibilité de découvrir ces deux périples en
hauteur sur le bel écran de la salle Langlois du Grand Action a eu raison de
mon hésitation (tellement de films à voir, il faut faire des choix).
La Grand Action semble aimer faire commencer ses films à
des horaires simples à retenir pour ses spectateurs, à savoir les heures et les
demi-heures, et les séances des « Ascensions de Werner Herzog » en
sont la preuve, puisque malgré une durée d’1h15 des deux documentaires, et une
séance (bandes-annonces + publicités) affichant 15 minutes, soit au total 1h30
exactement entre le film projeté et les pubs, les séances étaient cette
semaine… toutes les 1h30. 14h, 15h30, 17h… Des séances enfilées les unes
derrières les autres à un rythme qui pourrait faire pâlir de jalousie le directeur de l’UGC Ciné Cité Les Halles.
Mais au Grand Action il s’agit plus de proposer les séances à des horaires
reconnaissables que de maximiser la rentabilité de la journée, contrairement
aux Halles (même si l’inconfort qui en résulte est le même).

Toujours est-il qu’il s’est tu, et c’est peut-être grâce
à cette même fascination qui s’est vite emparée de moi à la vision du film de
Werner Herzog, qui l’aura rendu silencieux comme moi j’étais absorbé. Absorbé
par ces escalades à haut risque, non pas tant par une curiosité morbide qui
peut pousser l’être humain à attendre qu’un de ses congénères soit emporté dans
une catastrophe, mais absorbé par le regard et le discours de Herzog, comme
c’est souvent le cas dans les documentaires de l’allemand. Absorbé par le
questionnement de ce qui peut pousser l’homme à mettre sa vie en danger, plus
que par le danger lui-même. Que ce soit en 1976 ou en 1984, en Guadeloupe ou
dans le Nord du Pakistan, que l’on vive sur le flanc d’une montagne ou que l’on
se contente d’y passer quelques jours pour se dépasser et toucher la mort du
doigt.
Les deux documentaires d’Herzog ont beau avoir trente et quasi quarante ans d’existence, ils sont hors du temps.
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