J’aimerais entendre parler coréen toute l’année dans les
salles de cinéma hexagonales. J’aimerais que ces sonorités si particulières que
j’ai appris à comprendre (pour certaines) et apprécier résonnent plus souvent
sur nos grands écrans français dont ils restent trop évidemment absents. Hong Sang Soo réalise un à deux films
par an, et n’étaient-ce les longs-métrages du réalisateur de "Ha Ha Ha", les cinéphiles français
oublieraient presque à quoi ressemblent les douces intonations de la langue
coréenne. Ces mêmes cinéphiles ne se lasseront-ils d’ailleurs pas un jour de ne
voir que les films de celui dont on dit qu’il refait inlassablement le même
film, et qui pousse le vice jusqu’à raconter, au sein d’un même film, plusieurs
déclinaisons d’une même histoire et plusieurs facettes de mêmes personnages
comme dans son charmant « In another country », aussi drôle et
singulier que puisse être un film de Hong Sang Soo ?
Mais halte à la mélancolie, car voici venu le moment tant
attendu pour tout amateur de cinéma coréen habitant la région parisienne. Le
moment de l’orgie de films coréens que nous ne pouvons pas déguster le reste de
l’année sur grand écran. Le moment du Festival du Film Coréen à Paris,
ex-Festival Franco-Coréen du Film, qui nous parvient pour la septième année
consécutive.
Il y a différentes façons d’appréhender un festival de
films. Lorsque l’annonce des films tombe, que l’évènement se dévoile et que les
titres des films que l’on pourra y découvrir sont enfin connus, on peut se
plonger un à un dans les films, lire les synopsis, regarder les photos,
découvrir les bandes annonces… Peut-être pour avoir un avant-goût de ce qui
nous attend pendant les huit jours de festival… ou peut-être pour pouvoir faire
une sélection de films, viser ceux qui nous parlent le plus car les journées ne
durent que 24 heures et qu’il n’est pas dit qu’il sera possible de voir tout ce
que l’on aimerait voir. C’est en général ce que je fais pour L’étrange festival.
Mais au Festival du Film Coréen à Paris (FFCP pour les
intimes que nous sommes), je préfère sauter sans filet. Plonger dans tous ces
films coréens la tête la première sans trop réfléchir. Je veux en savoir le
moins possible pour être d’autant plus surpris. Je reste à la surface des films
pour ne pas me poser de questions et en profiter du premier au dernier. Je ne
veux pas ne pas avoir le temps, je ne veux pas avoir à faire un choix. Je veux
étirer les jours pour que tous rentrent dans mon emploi du temps. L’année
dernière, j’y étais parvenu, à quelques courts-métrages et avant-premières
près. Les avant-premières de films qui sont assurés de sortir en salles, voilà
les premiers sacrifiés. Je sais d’ores et déjà que cette année, je n’irai pas
voir « L’ivresse de l’argent » de Im Sang-soo, sachant que dans trois
mois il sera à l’affiche.
Et tous les films ne me sont finalement pas inconnus.
J’ai perçu les bruissements du documentaire « Two Doors » lorsqu’il
était sorti en Corée, j’ai entendu les acclamations du box-office lorsque le
film d’ouverture (mardi 30 octobre), « Masquerade », et celui de
clôture (mardi 6 novembre), « Thieves », ont squatté les sommets du
box-office coréen, jusqu’à en battre le record pour le second. J’ai aperçu les
visages de Ha Jung-Woo et Choi Min-Sik sur l’affiche de « Nameless
Gangster ». Mais dans ses largeurs, le FFCP m’offrira dès mardi soir de la
surprise. De la découverte. De l’inconnu. Des rires et des larmes. Peut-être de
l’ennui, mais surtout de l’excitation. J’y rencontrerai un jeune cinéaste, Kim
Kyung Mook, peut-être promis à une belle carrière. J’y découvrirai des films
ayant fait scandale dans le passé, promettant fièvre et érotisme. J’y passerai
mes journées et mes soirées, j’y discuterai âprement avec d’autres amateurs de
cinéma qui n’auront pas les mêmes opinions que moi, des cinéphiles, des
amatrices de K-Pop s’ouvrant un nouvel horizon, des coréens fiers de voir les
parisiens venir en masse découvrir le cinéma de leur pays. Parce que nous
viendrons en masse, n’est-pas ? Vous n’allez tout de même pas me laisser y
aller seul ?
5 commentaires:
J'y serai mais à partir de Mercredi. La faute à des déplacements pour le travail.
Je vais faire comme toi (j'en verrai moins je pense): ne pas calculer.
Ouh la, tu ne seras pas seul. ;) A entendre les échos récents, le festival remporte un franc succès dans la vente de ses pass. Ce qui augure une présence importante du public, du moins à certaine séance.
On se croisera au festival alors, Nyal !
ID, effectivement certaines séances seront pleines, ce qui sera intéressant de voir c'est si les séances traditionnellement plus "tranquilles" verront leur fréquentation décoller...
Bonsoir David, il faudrait que j'essaye d'en voir au moins un mais je travaille et suis prise par ailleurs. Je ne manquerai pas de lire ton ou tes comptes-rendus. Bonne soirée.
Il y aura plusieurs comptes rendus, dasola, tu verras ;)
Enregistrer un commentaire