mercredi 31 octobre 2012

Festival du Film Coréen à Paris 2012, 1er jour : Masquerade en attente...


Relater un festival en publiant uniquement les critiques des films que j’y verrais n’a jamais vraiment été ma tasse de thé. Si de bons films peuvent faire un bon festival, les rencontres, péripéties et partages font autant partie de l’aventure que les films vus.  Et si j’ai bien l’intention de parler quotidiennement des films que je verrai au 7ème Festival du Film Coréen à Paris (FFCP), ne comptez pas sur moi pour mettre en ligne les unes à la suite des autres des critiques des dits films.

Pas lorsque le festival en question sera mon quotidien pendant huit jours et que j’y vivrai bien plus que des films. Pas après avoir vécu la cérémonie d’ouverture en pensant à mes compagnons blogueurs de Made in Asie et Kim Bong Park qui ont préféré fuir l’évènement à l’annonce de son succès annoncé. Pas après avoir attendu que mes pieds soient gelés au fond de mes baskets avant d’enfin pouvoir pénétrer dans cette salle 3 du Saint-André-des-Arts, rue git-le-cœur, après avoir vu tous les gens munis d’un carton d’invitation aller s’installer au chaud pendant que moi et quelques personnes munies d’une accréditation attendions que notre sort soit tranché.

Resterait-il assez de fauteuils pour nous caser ? Serions-nous obligés de suivre l’ouverture du festival debout dans la salle (perspective peu réjouissante lorsqu’il s’agit d’un film de plus de deux heures) ? Ou bien cette salle déborderait-elle tellement de monde que nous nous verrions contraints d’aller aligner les pintes avec le staff du festival pour noyer notre amertume de n’avoir pu accéder à Masquerade, le film ouvrant le festival… non que cette perspective eut pu nous accabler , le plaisir eut été manifeste, mais que voulez-vous, savoir que LE film coréen du moment, qui a passé les 10 millions d’entrées au box-office local, allait être projeté à quelques mètres de nous et que nous n’étions qu’à quelques centimètres de pouvoir poser nos yeux dessus sur grand écran, cela dépassait tout autre projet potentiel. Après tout, je brode, je brode, mais ce sont pour les films qu’on vient…

Où en étais-je moi ? Oui, les pintes, le froid, Made in Asie et Kim Bong Park absents. Mais dans ces ténèbres qui promettaient de se refermer sur nous d’un instant à l’autre quand les invités se faisaient toujours plus nombreux à entrer en salle tandis que nous restions penauds sur le trottoir, prêts à affûter nos armes lorsque viendrait le moment de nous jeter les uns sur les autres pour décrocher le strapontin restant… la lumière se fit. Il reste de la place !, allez en piste, les portes s’ouvrent, nous allons bien y avoir droit à Masquerade, et ayant demandé à une amie qui faisait partie des invités de me garder une place, au cas où je parviendrais à me faufiler, je n’eus même pas à me contenter du premier rang (merci Marie-Fleur).

Aaaah, ce soulagement de trouver un fauteuil pour soi lorsque quelques instants plus tôt, l’on doutait encore de pouvoir entrer… Oui, monsieur l’Ambassadeur, faites-nous un discours, avec plaisir ! Et Pierre Ricadat, cher chef programmateur, parle-nous de ces films qui nous attendent pour les huit jours à venir ! Et tiens, allez, il est déjà tard, mais accueillons le bonhomme de Mediavision et ses publicités, on s’en serait bien passé mais après tout, l’euphorie de savoir que dans quelques minutes, même pas, quelque secondes, Masquerade jouera sur l’écran, transforme tout en enchantement.

Dans ces moments-là, difficile de déterminer si l’on est plus enclin à être réceptif au film qui suit, ou si le risque de voir l’euphorie retomber peut rendre irascible. Mais quand Masquerade a commencé, le reste s’est trouvé relégué à l’arrière-plan. Je n’avais qu’une envie, me laisser transporter dans la Corée du 16ème siècle, sous le règne du Roi Gwang-Hae, dans les couloirs de son Palais où complots, politiques et menaces le poussent à demander à son premier conseiller de lui débusquer une doublure qui lui serait bien utile en ces temps où nombreux sont ceux qui à la cour aimeraient l’empoisonner. Le sosie est trouvé, et lorsque le roi est effectivement empoisonné et dans un état préoccupant, le conseiller craignant que cette nouvelle ne déclenche le chaos décide d’installer la doublure sur le trône en attendant que l’original se rétablisse.

Si vous vous dites « Hé, y aurait pas un peu de Kagemusha là-dedans ? », je vous répondrais effectivement, même si ambiance asiatique mise à part, Masquerade m’a plutôt fait penser à « Président d’un jour » d’Ivan Reitman (drôle de comparaison, non ?). Mais si, vous savez, ce film où Kevin Kline joue le Président des États-Unis et le sosie qui est embauché pour le supplée mais qui commence à faire un meilleur boulot que le vrai patron… Mais ce serait bien réducteur de se contenter d’affilier Masquerade à « Président d’un jour ». Parce qu’au-delà du cadre à l’évidence à mille lieues de là, le film de Choo Chang Min est profondément coréen. Pur film en costumes comme les coréens savent les faire et les apprécier, Masquerade navigue entre drame solennel et comédie avec une aisance confondante.

L’humour, d’abord nettement scato (inquiétant ?), parvient à trouver un ton bon enfant qui fait régulièrement mouche. Il est là pour désamorcer une intrigue en costumes magnifiquement léchée mais tout de même un brin solennel, voire trop solennel lorsque dans son dernier acte le film s’étire et perd de cet équilibre divin qui le parcourait jusqu’alors. Oui, le film est trop long, oui le patriotisme exacerbé qui en transpire peut prêter à sourire, mais la belle gueule bien sympathique de Lee Byung Hun (que l’on avait laissé ange de la mort dans « J’ai rencontré le Diable ») et les seconds couteaux parfaitement affutés que sont Ryu Seung Ryong, Kim In Kwon et Jang Kwang nous maintiennent bien ancrés au récit.

Comme l’an passé avec le coloré Sunny, le Festival a su trouver un film léché et prenant pour sonner le lancement d’une semaine de films coréens que l’on espère pleine de promesses. A la sortie, se diriger vers le bar pour célébrer cette première projection réussie s’offrait à nous… Mais boire ou écrire…

2 commentaires:

Joy Means Sick a dit…

Héhé, ravi de savoir que le courage et l'abnégation ont payé ! Perso je vais commencer avec les courts métrages cet aprem, histoire de me mettre en jambes.

David Tredler a dit…

On se croisera à un moment ou un autre ;)

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