lundi 27 août 2012

"Expendables 2" : des applaudissements pour Chuck Norris !


Quoi qu’il arrive ce samedi-là, je savais que la journée avait de belles chances de se clore dans la jubilation. A peine rentré de vacances, la course au rattrapage des films avait commencé, et même si la raison aurait voulu que je laisse de côté pour le moment « Expendables 2 : unité spéciale », de par sa sortie toute récente et son succès annoncé, l’envie était, après une privation de ciné de près de trois semaines, plus forte que la raison. Alors je me suis gardé le film pour le samedi soir, entre amis, dans une salle appelée à être pleine à craquer, histoire d’être sûr de finir la journée en beauté, malgré les déceptions potentielles de l’après-midi, qui elles se confirmèrent bien. « Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare » et son voyage pré-apocalyptique pépère et pétri de bons sentiments. « Magic Mike » et les déhanchés épilés et musculeux de Channing Tatum et ses potes devant la caméra de Steven Soderbergh investiguant le superficiel sans grande conviction (mais oui, d’accord, Matthew McConaughey est drôle).

Non, décidément, la journée appartiendrait bien à Expendables 2… pourtant ce n’était pas gagné d’avance. Le souvenir du premier Expendables, en 2010, était là pour me le rappeler. Le souvenir d’un film affreusement raté pour lequel Stallone, qui était alors derrière la caméra, n’avait pas compris ce qu’il fallait faire d’un film d’action réunissant des ex-gloires du cinéma d’action des années 80 et 90, du moins ce que les spectateurs en attendaient. Il manquait l’essentiel, le recul. Son film oubliait de lorgner avec amusement sur le passé, et se contentait de faire un film comme à la grande époque. L’annonce d’une suite a bien sûr fait naître la méfiance. Avec le succès du premier au box-office, si Stallone ne prenait pas la peine d’écouter les doléances de son public, le résultat risquait d’être égal, donc inutile.

Mais malgré la méfiance, allez comprendre, l’excitation était là. Bien sûr, l’annonce qu’Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis se verraient accorder plus de temps à l’écran a joué en la faveur du film, mais il ne fait aucun doute que c’est l’ajout au casting de Chuck Norris et Jean-Claude Van Damme qui a fait grandir la curiosité, et le buzz avec. Malgré la déception du premier, l’envie de voir cette suite a finalement été immédiate, et c’est donc dans une salle pleine que je l’ai rapidement découvert. Et il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour se rendre compte que Sylvester Stallone et Simon West (qui a pris les commandes de la réalisation, Sly restant producteur et co-scénariste) ont su corriger en grande partie le tir avec Expendables 2. Cette fois Stallone a compris ce qu’on attendait de lui, et de son film.

Alors bien sûr, dans les grandes lignes, le scénario du film ne casse pas plus la baraque que le premier. Les « expendables » se voient chargés de mettre la main sur le contenu d’un coffre hautement précieux, ils se font truander par un méchant belge bien appelé Vilain qui en profite pour tuer l’un des leurs. Alors les mecs l’ont bien en travers de la gorge et décident de se venger. « Track him, find him, kill him ». Ce n’est pas avec ça que Stallone aura l’Oscar du meilleur scénario, c’est certain, d’autant qu’un défaut majeur du premier film n’a pas su être écarté, l’excès de sentimentalisme. Certes, il y en a moins que dans le premier, mais il en reste trop, avec une autre histoire d’amour platonique entre Stallone et une fille bourrée de cojones qui pourrait être sa fille, et le personnage absolument ridicule du Kid, nouveau de la bande qui nous raconte son passé de soldat en Afghanistan avec le charisme d’une huître qu’affiche magnifiquement Liam Hemsworth (oui, celui de « Hunger Games »).

Mais bon, on arrive à pardonner ces égarements au film, parce que tout le reste est énorme. Tout le reste n’est qu’un bonbon sucré de deux heures plein de second degré, d’humour et de clins d’œil à  ces stars du cinéma d’action avec lesquelles certains d’entre nous ont grandi. Cette fois-ci, Stallone et son équipe parviennent inscrire le recul dans l’ADN du film. Schwarzenegger fait retour sur retour, Van Damme envoie les high kicks avec aisance, Dolph Lundgren joue au costaud qui en aurait dans la cervelle, et Chuck Norris fait le vieux loup solitaire qui dézingue à toute berzingue. Ils arrivent tous à tirer un tant soit peu la couverture à eux pour notre plus grand plaisir. Il faut vivre le film dans une salle pleine de 450 personnes dont une majeure partie est venue pour se délecter des héros de son enfance. Il faut les sentir boire chacune des répliques de JCVD, il faut les entendre se gondoler quand Dolph Lundgren fait du gringue à la fille de la bande, il faut ressentir l’osmose de la jubilation lorsque Chuck Norris apparaît à l’écran après avoir explosé à lui seul une vingtaine d’ennemis et un tank en 10 secondes à peine. Voilà, c’était cela qu’il fallait faire. Réunir non pas les gloires d’antan, mais les acteurs les ayant incarnés, vingt ans plus tard, avec leurs bagages, leurs réputations, leurs images.

J’aurais aimé voir plus de Chuck Norris (dont l’entrée en scène a valu des applaudissements nourris de la salle), j’aurais voulu que Van Damme ne soit pas affublé d’une horrible paire de lunettes de soleil les trois-quarts du temps cachant ce regard si expressif, j’aurais voulu que la réplique de Schwarzy « My shoe is bigger than this car » n’ait pas été dévoilée par la bande-annonce pour m’en délecter lorsqu’elle fit son apparition dans le film. Mais pour rien au monde je ne regretterai d’avoir vu « The Expendables 2 : unité spéciale », un samedi à 20h40 la semaine de sa sortie. Pour rien au monde je ne regrette que cette suite existe. Le premier était raté, le second est là pour rester dans nos esprits.

19 commentaires:

Martin K a dit…

Ouuuuuuh je sens qu'il va finir dans ton top de fin d'année !

Un pote - qui l'a déjà vu ! - veut m'y traîner mardi de la semaine prochaine. Je renâcle sévère, mais je crois bien que je n'y échapperai pas. J'avais trouvé le premier un tantinet ridicule. Si tu dis que celui-là est meilleur, bon, OK, on verra bien. Je pense tout de même que, s'il se confirme que je vais le voir, je m'arrêterai là. J'dis ça parce qu'on parle déjà d'un numéro 3 et même d'une version féminine de la franchise...

I.D. a dit…

Fais gaffe Martin, il se pourrait que David soit bouffé par sa nostalgie qui contaminerait donc son jugement. ;) J'écris ceci sans avoir vu le film. Un jour peut-être, je m'arrêterais dessus. ^^

Sans ça, s'il existe le pendant féminin d'une telle franchise, je m'interroge sur les actrices éventuelles. Elles ne pourraient être issue que du Girls with Guns hongkongais, il ne peut en être autrement.

David Tredler a dit…

Ooooh Martin, comme tu t'avances, le Top de fin d'année est encore loin, et les films nombreux ;)
Allez, ne renâcle pas trop, tu vas voir, tu vas t'éclater.

ID, si j'étais bouffé par ma nostalgie, j'aurais aimé le premier film, ce qui n'est pas le cas ;) La qualité du film, justement, c'est de jouer sur le second degré plus que sur la nostalgie.

Quant à un pendant féminin, j'y crois peu, mais sait-on jamais...

Nyal a dit…


Je ne vais pas y coupé non plus. Je vais attendre un peu mais j'irai le voir. Même si le 1 ne m'avait pas laissé un grand souvenir.
Sinon David, je te conseille "Historias" si tu ne l'as pas vu.

Martin K a dit…

I.D. : c'est assez judicieusement noté, l'ami, mais je me suis presque fait une raison. À moins que mon pote oublie, je ne vois pas de chance d'y échapper. Alors que j'ai tant d'autres bonnes choses à voir... asiatiques, notamment...

David : peut-être bien que je m'éclaterai et, de toute façon, tu sais déjà que j'en reparlerai :) Et c'est vrai que je m'avance, mais j'assume... en même temps, je sais aussi que tu avances masqué en n'évoquant qu'une (petite ?) partie des films que tu visionnes.

David Tredler a dit…

Comme je dis Nyal, cette suite est nettement plus jouissive que le premier. Quant à Historias, cela fait partie des sorties estivales que je n'ai pas eu le temps de voir :( Je note que tu le recommandes !

Martin : je n'évoque en effet qu'une petite partie des films que je vois, tu devines bien ;)

Flow a dit…

C'était rigolo! Pas génial mais ils ont pris note de leurs errements passés. En effet.

Michael a dit…

Je suis d'accord sur les qualités du film. Mais il faut comprendre aussi que le second degré meta du deuxième est rendu possible par la présence de Willis, Schwarzenegger, Van Damme et Norris.

Dans le premier, ce n'était pas possible avec seulement Stallone et Lundgren dans le rôle des vieilles gloires 80's. Impossible de faire du méta avec Jet Li et Statham par exemple.

Alors je continue d'aimer le premier - même si je préfère le deuxième. Mais je le préfère surtout parce que l'histoire a plus d'ampleur.

Et les applaudissements sur Chuck Norris, je les comprends mais malaise quand même. Le mec est un tel réac raciste et homophobe que j'ai vraiment du mal à m'enthousiasmer pour son apparition.

Et sinon, Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare est un de mes films préférés de cette année ! Nah !

David Tredler a dit…

On est bien d'accord sur le fait qu'il était difficile de faire naître ce second degré avec seulement Stallone et Lundgren dans le 1er, mais le problème est qu'il n'essayait même pas, dans le premier. Stallone nous vendait le film ainsi, mais non seulement c'était presque impossible, mais rien n'allait dans ce sens-là. Dans cette suite, ils se donnent les moyens d'atteindre le 2nd degré qu'ils ne cherchaient pas dans le premier.

Quant au malaise que peuvent susciter des applaudissements à l'encontre de Norris, c'est justement parce que Norris représente cette Amérique-là qui a été "bouffonisée" à travers lui que les applaudissements sont là, à mes yeux ;) (et c'est pas toi qui préfère Dark Knight Rises à Dark Knight, alors que ce 3ème se démarque par un visage réac' qui moi m'a mis mal à l'aise... ? ;))

Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare, un de tes préférés de l'année ? Bon d'accord, ça ne me surprend pas plus que ça... mais bon... ;)

Michael a dit…

Il y a du méta dans le premier. Il est juste uniquement dans la scène du début avec Willis et Schwarzenegger justement. Comme quoi, Stallone était bien conscient du truc mais qu'il ne pouvait pas le faire le reste du film sans ses stars 80's.

J'ai pas trouvé TDKR réac.^^

David Tredler a dit…

C'est bien ce que je pense, que le recul n'était pas inscrit dans l'ADN du premier, juste dans 1 ou 2 scènes. On va finir par être d'accord. Par contre on a pas encore parlé ensemble de Dark Knight Rises, mais il va falloir un de ces quatre, parce que si tu ne vois pas où le réac' s'immisce, je vais te le dire moi ;)

selenie a dit…

Désolant et éffarant de voir autant de belles critiques pour un nanard pareil. De luxe certe mais un nanard de toute façon. Retiré le casting et personne ne ferait gaffe à ce truc... 0/4

David Tredler a dit…

Toujours aussi cinglant Selenie ;)
Désolé de te désoler et de t'effarer ;) Mais tu as totalement raison lorsque tu dis que sans le casting, on n'y ferait pas attention, bien sûr, tout le film repose dessus.

Anonyme a dit…

D'accord avec toi pour Magic Mike ( mais pk des critiques si bonnes?), et j'éviterai La fin du monde bla bla.
Enrevanche, je ne voulais pas voir expandables mais ta critique commence à me faire changer d'avis. J'avais vu le 1, et j'avais trouvé ça assez lourd, même si c'était amusant de tous les retrovuer. Bref, je vais pê aller voir ça !

David Tredler a dit…

N'hésite pas Aurore, le film est bien plus réussi que le nanar qu'était le premier. Un vrai moment de joie !

Anonyme a dit…

David, après avoir lu ta critique notamment, j'y suis allée. Je dois dire que tu avais raison, et que je ne regrette pas !!!

David Tredler a dit…

Aaaaaaah, cool Aurore, tu me fais plaisir là ! ^_^

valery a dit…

http://jeanclaudevandam.me/ - Hommage au cinéma de JCVD

David Tredler a dit…

Merci pour ton lien Valery !

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