mardi 31 janvier 2012

Mother's Day : la fête des mères avant l'heure à Panic Cinéma !

Voilà des semaines - disons-le, des mois - que je n’avais pas mis les pieds à « Panic Cinéma », ce rendez-vous hebdomadaire du Nouveau Latina prisé des amateurs de séries B, de séries Z, d’inédits rares ou de classiques, de nanars et de plaisirs coupables. La fois précédente, il me semble que c’était pour l’inédit The Fall de Tarsem Singh. Samedi dernier, c’est également pour un film récent que j’ai renoué avec la séance nocturne du Latina (désormais avancée à 22h alors qu’on l’a connue en séance de minuit).

Ma journée m’avait déjà conduit devant deux films, le documentaire  souvent drôle et passionnant Freakonomics, et le polar vénéneux Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Le puceau que j’étais de l’univers de Stieg Larsson, n’ayant ni lu les livres ni vu les adaptations suédoises, s’est régalé de l’œuvre de David Fincher, dense, brute et étonnamment touchante (la faute à une paire de personnages finement écrite, et à un duo d’acteurs, Rooney Mara et Daniel Craig, les incarnant à la perfection jusqu’à une scène finale apportant une étonnante émotion). Une jolie mise en bouche pour aller se frotter à Mother’s Day au Nouveau Latina.

J’ai connu la salle de la rue du Temple plus remplie, à croire que Darren Lynn Bousman, qui à lui seul a réalisé près de la moitié de la saga Saw, n’a pas tant de fans que cela (et après tout est-ce étonnant…). Ce n’est pas pour le CV du réalisateur que les amateurs se retrouvaient devant son film en ce samedi soir, même si les raisons ne manquaient vraisemblablement pas. Le fait qu’il s’agissait du remake d’un film d’horreur musical délirant de la bande Troma, ou le plaisir de retrouver en tête d’affiche Rebecca de Mornay, entourée pour l’occasion de quelques têtes connues comme Jaime King, Frank Grillo ou Shawn Ashmore (le Ice-Man des X-Men !). Il y avait aussi l’exclusivité d’une telle projection, le film étant montré au même moment ce soir-là au Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, ainsi que nous l’a révélé Fred Garcia, présentateur du soir. C’est ce dernier d’ailleurs qui a fait de l’homme aux sacs plastiques une des stars de la soirée.

C’est une des certitudes des soirées de « Panic Cinéma ». Tomber sur Plastic Man (je m’évertue à l’appeler « l’homme aux sacs plastiques » alors que tout le monde l’a officiellement super-héroïsé avec cette appellation anglo-saxonne que je vais finir par adopter). En arrivant devant nous pour lancer le film, le MC du soir a salué le sol en nous précisant « Pour ceux qui ne le verraient pas, notre ami Plastic Man est assis par terre au premier rang ». Ce dernier, soudain embarrassé par tant d’attention, s’est alors levé et a filé dans l’escalier situé à côté de l’écran, pour se diriger vers les toilettes vraisemblablement, mais surtout pour se cacher. La présentation terminée, de là où j’étais, j’ai vu Plastic Man (pour l’occasion, comme à son habitude, fraichement vêtu, simple T-shirt manche longue et espadrilles aux pieds) vouloir retourner à sa place, mais la lumière ne s’étant pas encore éteinte, il patientait dans l’ombre, comme gêné de devoir entrer sous la lumière des projecteurs, préférant faire profil bas. Dès que la lumière s’est tamisée, il est redescendu s’asseoir par terre, à son premier rang fétiche.

Rien que pour ce genre de petit moment touché d’une grâce cinémaniaque, j’adore les soirées Panic Cinéma. Celle-ci fut même l’occasion d’enfin croiser la route de Phil Siné que je ne connaissais jusqu’ici qu’à travers sa Cinémathèque et avec qui j’ai pu échanger mes impressions au sortir de la salle. Dialoguer à propos du plaisir pris devant ces frangins braqueurs prenant une maison en otage, bientôt rejoints par leur maman pétrie d’amour pour ses fistons à qui elle a enseigné la nécessité de protéger la famille envers et contre tous. Tous, en l’occurrence, c’est ce groupe d’amis pris en otages, divisé entre ceux qui veulent se défendre et ceux qui pensent qu’il est préférable de suivre à la lettre ce que demande la famille de psychopathes qui les tient en joue.

Inutile de préciser que la soirée ne va pas se dérouler sagement et que le sang va couler en abondance. On retrouve bien, dans ces dilemmes moraux posés aux personnages qui doivent jouer avec leur vie et surtout avec la vie d’autrui, le réalisateur d’une large partie des films Saw. Il s’amuse à pousser ses héros dans leurs retranchements et à faire jaillir, pas toujours au second degré, l’absurde. Il les pousse tellement loin parfois qu’on n’est jamais loin du nanar, mais dans son exploration de ce que l’être humain devient lorsqu’il est mis sous pression, et des failles qui peut découler au sein d’un groupe en apparence soudé, Mother’s Day amuse grandement. Un film qui avait définitivement sa place à une séance de Panic ! Cinéma.

Peut-être était-ce de cela que discutait Plastic Man avec un ami qui est peut-être aussi omniprésent que lui dans les salles obscures, puisque je l’ai reconnu comme le spectateur ayant fait comme moi il y a quelques semaines le doublé Sweetgrass / The Terrorizers… où j’avais également croisé Plastic Man. Décidément, on finit toujours par se retomber dessus. Même si je ne suis pas sûr qu’ils me reconnaissent aussi facilement que je les reconnais eux… 

12 commentaires:

Michael a dit…

Millenium = remake inutile. Aussi inutile que celui de Let The Right One In. C'était d'un ennui infini.

Le film suédois avait ses défauts qui ont été corrigés par Fincher mais des tas de choses qui fonctionnaient à merveille dans le suédois ont été gommées. Au final, les deux se valent et le Fincher n'apporte strictement rien...

Et Noomi Rapace >>>>>>>>> Rooney Mara

David Tredler a dit…

C'est tout le problème d'adapter un roman dans la foulée d'une première adaptation, et c'est pour ça que j'ai privilégié la vision de Fincher.
Rapace doit être vraiment exceptionnelle alors, parce que j'avais déjà presque les larmes aux yeux devant Rooney Mara dans la dernière scène du film... ;)

Michael a dit…

En fait, le personnage de Lisbeth dans la version suédoise est beaucoup plus "dur", plus "bad-ass", plus torturé et beaucoup moins sentimental. La version suédoise avait donc zappé la scène finale et l'histoire "sentimentale" entre Blomkvist et Salander. Mais apparemment, cette histoire est dans le bouquin.

C'est LA grosse différence entre les deux versions. Et je trouve que ça fonctionnait mieux dans la version suédoise, que le personnage de Lisbeth était beaucoup plus charismatique et fort.

David Tredler a dit…

Pourtant c'est ce qui donne toute son âme au film de Fincher et au personnage de Lisbeth, cette émotion derrière la carapace. Il y a un romantisme mélancolique que Fincher parvient à faire coexister avec le côté badass du personnage. Elle est incroyablement forte, mais elle reste une belle figure incroyablement féminine.

Phil Siné a dit…

yes, trop la classe d'être cité sur l'un de mes blogs préférés !
ah, plastic man (j'use aussi de son appellation super-héroïque... ;) il va finir par te contacter... tu dois être le blog qui en parle le plus ! décrocheras tu un jour une interview de cette star des cinémas parisiens ? ;)

David Tredler a dit…

Eh oui Phil, tu es l'un des acteurs de mon billet ^_^
Oui je dois sûrement être le blog qui parle le plus de Plastic Man, une interview de lui un jour, ça serait un moment totalement surréaliste et jubilatoire !

Nyal a dit…

J'avais vu freakonomics en avant première (l'année dernière) avec un des réalisateurs présents. C'est un petit documentaire sans prétention. (Le travail du réalisateur sur le docu "The king of the kong" est plus intéressant: plus grande densité avec des personnages farfelus :)
Millenium est dans ma watchlist. J'ai lu le premier livre et j'ai peur d'être un peu déçu.
Sinon, c'est toujours rigolo de te lire sur les cinemaniac parisiens (je ne rentrerai jamais dans ce club. Je ne suis pas assez "atteint"). Moi, je me souviens surtout de la "vieille" du publicis. Elle a changé de place 20 fois avant et au début du film. (c'était assez stressant de la voir faire ça)

David Tredler a dit…

La vieille du Publicis, ça fait une paye que je ne l'ai pas croisée justement. Moi aussi elle me stressait un peu, j'avais peur qu'elle se mette autour de moi et commente le film à mes oreilles ^_^
The King of Kong a bonne réputation oui, je ne l'ai pas vu. J'avais hésité à aller à l'AP de Freakonomics en présence de Seth Gordon, c'était au Publicis c'est ça ?

Nyal a dit…

Tout à fait. L'avant première était bien au publicis. Ce n'était pas complet.

David Tredler a dit…

Ca ne m'étonne malheureusement pas.

Les Meilleurs Films en VOD a dit…

Je n’ai pas encore vu ce film, mais d’après votre critique là-dessus, je pense qu’il en vaut la peine. J’ai cru comprendre que Mother’s Day est un film qui vaut largement la chandelle. Votre article m’a quelque peu convaincu d’aller le voir.

David Tredler a dit…

il en vaut la peine en effet ! Même si une raison qui fait qu'il en vaut la peine tient dans le contexte de Panic Cinéma dans lequel je l'ai vu !

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