Hier, je lisais dans Le Monde un article consacré à l’Espace Saint-Michel, cet étrange petit cinéma donnant sur la place du même nom en plein cœur de Paris. Où il était question (bien sûr ?) de la difficulté de survivre pour un tel cinéma en 2011, avec une programmation peu accessible pour le public car restreinte pour le cinéma par une frilosité des distributeurs à leur confier un film de premier plan, et des projets du directeur du cinéma pour maintenir son navire à flot. Il est vrai que L’Espace Saint-Michel fait partie de ces cinémas dont la programmation se démarque souvent de ce qui peut se voir dans les autres salles de Paris, ce qui peut inquiéter le directeur du cinéma, mais peut révéler sa qualité aux yeux des spectateurs. En ce moment, le cinéma joue notamment deux petits films iraniens dont l’un au moins me fait très envie.
Mais ce n’est pas pour ce film que je me suis rendu cette semaine à l’Espace Saint-Michel. C’est en fait pour un rendez-vous trop longtemps retardé avec un Woody Allen. Le cinéma du 5ème arrondissement n’a pas réussi à obtenir Minuit à Paris, mais à défaut offre en ce moment aux parisiens de voir ou revoir quelques vieux Woody, ce qui m’arrange bien car voilà des années que je veux voir La rose pourpre du Caire sans avoir jamais réussi à glisser mes yeux devant ce film datant de 1985. L’Espace Saint-Michel est un cinéma tout en paradoxe, qui offre une visibilité incroyable aux films qu’il programme du fait de sa position géographique mais qui reste un cinéma peu fréquenté et transparent aux yeux de nombreux passants. C’est aussi un cinéma que je vois souvent comme assez glauque, ce hall donnant une vue sur la fontaine étant peu avenant, les spectateurs auxquels je suis confronté étant souvent assez étranges là-bas, et surtout, les escaliers et couloirs montant ou descendant selon que l’on se dirige vers la salle 2 ou la salle 1 étant assez tristes et froids.
Mais passés ces traits de caractère étranges, les deux salles de l’Espace Saint-Michel sont des salles agréables, finalement. Pour La rose pourpre du Caire, j’étais en salle 1, au sous-sol, une salle dotée d’un écran courbe plus que respectable sur lequel les films s’affichent bien. Même si le fait que la sympathique caissière m’ait orienté vers la mauvaise salle a eu pour conséquence que je me sois fait doublé par plusieurs spectateurs pour rentrer dans la salle et que les places que je convoitais ont été réquisitionnées par un père et sa fille, me reléguant sur un côté gauche qui finalement ne m’a pas gêné grâce à l’écran courbe.
Finalement nous étions bien 15 ou 20 dans la salle, quand je ne m’attendais pour ce film qui n’est pas une ressortie officielle et ne bénéficie par d’une copie neuve qu’à quatre ou cinq spectateurs. Tant mieux, finalement. Il y a quelques jours, je me régalais de la fantaisie avec laquelle Woody nous baladait dans un Paris rêvé et rêveur avec Minuit à Paris, et y trouve à l’évidence des racines dans La Rose pourpre du Caire. Mia Farrow y incarne une jeune femme mariée à un rustre dans le New Jersey de la Grande Dépression, passant la plupart de son temps au cinéma à rêver des stars hollywoodiennes, jusqu’au jour où l’un des personnages d’un film qu’elle voit pour la énième fois sort de l’écran pour la séduire.
La profonde mélancolie d’un film dépeignant une Amérique souffrante étonne, car l’on pourrait s’attendre à ce que le ton résolument fantaisiste qui imprègne souvent La rose pourpre du Caire le pousse définitivement vers la comédie. Or il n’en est rien, et si comédie il y a bien, c’est pour mieux souligner que les rêves peuvent un temps nous évader du quotidien, mais que si ceux-ci ne se réalisent pas, la réalité nous rattrape très vite. C’est un film sur ce besoin de rêves, sur la magie du cinéma, sur cette relation étroite entre le pouvoir du cinéma et la puissance de la vie. C’est un film amer, étonnamment mélancolique, dans lequel les touches de comédie laissent place à un final anti-hollywoodien à mettre au crédit de Woody Allen. Au passage, celui-ci réalise un joli tour de force en plaçant dans un même plan deux fois le même acteur, le drôle et charmant Jeff Daniels, qui n’a jamais eu la reconnaissance qu’il méritait. Pour le moment.
L’Espace Saint-Michel n’est peut-être pas le cinéma le plus excitant et glamour de Paris. Mais il m’a offert de découvrir La rose pourpre du Caire. Cela efface bien quelques défauts !
5 commentaires:
C'est l'un des anciens Woody dont je parlais l'autre jour et que j'aimerais découvrir un jour ou l'autre ! Tu as raison: il faudrait que j'augmente ma collection DVD...
Pas grand chose d'autre à raconter ce soir. Bon week-end, David !
Mon David, tu devrais te tester une séance de ciné' comme celle-ci, cinéphage que tu es. ;)
http://www.rue89.com/paris-sous-terre/2011/06/03/ma-seance-de-cine-dans-les-catacombes-vire-a-la-fete-sauvage-205913
Bon week-end Martin ;)
ID, ils sont marrants ces cataphiles ! En tout cas c'est clair et net que ça me plairait pas de voir un film dans ces conditions là... Déjà que j'ai du mal avec l'ambiance déconctract du Cinéma en plein air de La Villette ^_^
eh ben moi je ne vais plus à l'espace st michel depuis pas mal de temps déjà... faut dire que la dernière fois, on m'a coupé le générique de fin d'un film (un classique en plus !) et quand j'en ai fait (gentiment) la remarque au projectionniste qui sortait de la cabine alors que je me levais de mon siège, je me suis fait agresser et limite insulter...
m'enfin une histoire comme "la rose pourpre" dans une salle de ciné, c'est vrai que ça doit etre bien ! :)
Ah ouais... je te comprends... Ca m'aurait pas plu non plus qu'on me coupe le générique, et encore moins qu'on me réponde sèchement par la suite !!
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