Il ne faudrait peut-être pas rencontrer les gens de cinéma que l’on admire. Ceux qui nous émeuvent, nous transportent, nous font rêver et que l’on imagine aussi remarquables que ce qu’ils montrent sur grand écran. Il faudrait garder cette inconnue, cette interrogation. « Et il est comment untel, en vrai, tu crois ? ». Ne pas les rencontrer évite de belles déceptions, comme celle que j’ai connue le week-end dernier. Après le sympathique quoiqu’oubliable London Boulevard, j’enchaînais avec The Prodigies, le bide français du moment, aussi bien au box-office qu’artistiquement, réalisé par Antoine Charreyron. Le mauvais marketing et notamment le changement du titre du roman « La Nuit des Enfants Rois » (écrit par Bernard Lenteric) en The Prodigies, sans jamais mettre l’accent sur la filiation avec ce titre sous lequel le film avait pourtant été tourné, a certainement joué sur la déception des résultats au box-office. L’échec artistique n’aidera pas le film à remonter la pente.
Malgré le bide, le film était en première semaine programmée dans la salle 1 au Ciné Cité Les Halles. Le film était tout de même censé être évènementiel, après tout. Si j’avais su que le film allait être aussi passable et qu’en plus le voir allait écorner la belle image que j’avais d’un acteur, je m’en serais peut-être passé. Toujours est-il qu’en ce dimanche après-midi, j’étais bien dans le couloir menant à la salle 1 des Halles, attendant que la porte s’ouvre avec une petite centaine de spectateurs, même pas. Certains d’entre vous savent certainement à quoi ressemble le couloir où la queue se forme pour les spectateurs attendant l’entrée en salle 1 aux Halles. Le couloir est large, au fond, c’est l’entrée de la salle, à gauche, un mur contre lequel la file d’attente se dessine. Tout le long du couloir, sur la droite, un passage est laissé accessible car s’y trouvent des toilettes. Les toilettes pour hommes se situent à la moitié du couloir. Lorsque celui-ci est plein donc, une personne souhaitant aller aux toilettes longe la queue. Lorsqu’on en ressort, on longe de nouveau la queue dans l’autre sens pour respecter la file d’attente. Du moins c’est ainsi que la plupart des gens l’entendent, moi le premier.
Dimanche après-midi, j’attendais ainsi dans ce couloir, faisant la queue, lorsque je l’ai vu passer sous mes yeux accompagné d’un ami pour aller aux toilettes. Le fascinant Malik d’Un Prophète de Jacques Audiard. Le Prince Seal de L’aigle de la neuvième légion de Kevin McDonald. Tahar Rahim, le futur grand acteur du cinéma français qui en est en fait déjà un. Je le vois passer sous mes yeux, plus petit que moi, la tête vissée sous sa casquette, élégant et discret. Tahar Rahim, deux Césars en poche et le cinéma français lui tendant les bras, l’avenir d’un grand devant lui, qui ne trahit pas son intensité en spectateur lambda d’un dimanche au ciné. Je souffle à mon amie que Rahim sera avec nous dans la salle, je lui montre son dos, mais il est déjà entré aux toilettes. Je pense lui montrer lorsqu’il en sortira et qu’il passera à côté de nous en retournant dans la queue. Cela n’arrivera pas.
Eh non, Tahar Rahim a beau être déjà un grand acteur, il a révélé sous mes yeux la petitesse de l’homme qu’il est. En sortant des toilettes, lui et son ami n’on pas cru bon de respecter la file d’attente en retournant sur leurs pas. Après tout, aller aux toilettes leur a permis de bien se rapprocher de l’entrée en salle, alors pourquoi s’emmerder à retourner derrière 40 personnes alors qu’on peut entrer avant eux en restant plantés devant les toilettes en attendant que la porte s’ouvre ? Bien joué Tahar. Au royaume de la gruge, tu as montré que tu étais aussi doué que Malik derrière les barreaux. J’aurais bien applaudi, mais j’étais trop occupé à être énervé et déçu. Énervé par le comportement de connard, déçu par l’acteur. On en voit tous, régulièrement, des cons qui ne savent pas que le respect se distingue même dans la queue d’un cinéma. Ce jour-là le con s’appelait Tahar Rahim.
Je crois que si je l’avais trouvé à la place que je convoitais dans la salle, mon énervement aurait été décuplé, et ma perception de l’acteur en aurait pâti. Il s’est contenté d’une place plus au centre la salle, quelques rangs derrière moi. Tant mieux. Ca reste un comportement pathétique, mais bon… ce n’est pas non plus Maïwenn et son fils.
11 commentaires:
Allons, allons David. Tu n'aurais même pas souligné cet état de fait si l'odieux personnage n'avait été interprété par Tahar Rahim. ^^ Il est Malik ! Le vice ça le connait ! ;) C'est vrai que c'est abusé mais en même temps si personne ne dit rien en se laissant gruger. Bon, c'est pas une raison non plus mais je m'étonne que tu ne l'aies apostropher avec un : "Hé ! Toi le con là ! Tu crois faire quoi ?! Tu crois que parce que t'as gagné deux césars que ça te permet de passer devant tout le monde ?!" Bref. Passons. Alors The Prodigies fait un tel bide à tout les niveaux ? J'ai pas compris le parti pris de le réaliser tel quel. J'aurai préféré voir un film avec des vrais acteurs comme Tahar. N'empêche que je ne connaissais pas le bouquin et entendre parler de ce film me donne envie de le lire.
S'il m'était passé sous le nez comme il l'a fait à d'autres, j'aurais peut-être bronché, mais il a tellement grugé le Tahar qu'il était bien trop loin de moi pour que je l'interpelle.
The Prodigies, c'est pas non plus un navet, mais c'est un film qui était en préparation depuis si longtemps, avec un sujet si intrigant, que forcément tu l'attends curieux. Et au final, ce qui ne pardonne pas, c'est une esthétique jeu vidéo à mort, avec des personnages lisses qui ne convoient aucune émotion, et un doublage inintéressant à souhait, et dans un film pareil, c'est dommage.
Moi aussi j'aurais carrément préféré un film live avec acteurs.
rah la la comme tu casses ! ça me parait tj étonnant de savoir que les gens connus vont au ciné comem tout le monde (enfin presque... ;)
mais c'est vrai qu'ils sont là, parmi nous, et qu'ils ont commencé à nous col... bref !
c'est vrai qu'il y en a bcp des tahar rahim, surtout des petits cons anonymes, à me griller tous les jours à tout bout de champs, à chaque fois que j'attends quelque chose quelque part... les incivilités quotidiennes sont les 1ers signes qui nous renvoient peu à peu vers l'animalité, la loi du plus fort, tout ça... les temps sont bien sombres, en effet !
Oui cette petite bassesse ordinaire qu'on observe dans les salles, c'est aussi énervant que les spectateurs qui causent. C'est le reflet de l'égoïsme pur, on ne se soucie pas d'être dans un espace commun, on se prend pour le roi. Et parmi les acteurs, il y en a qui sont comme ça aussi, apparemment ^.^
Tu n'as jamais grugé,toi?? Tu as toujours fait la queue comme il faut arrêtons un peu, tu n'avais qu'à parler sur le moment et lui dire de faire la queue. Tahar est quelqu'un de vrai et d'entier bien loin de la grosse tête au lieu de casser sur ton blog ouvre la bouche quand tu es devant les gens et si moi cinéphile lambda t'étais passé devant je serais dans ton blog!!! C'est trop facile!!
Ah, désolé anonyme, mais comme tu as pu le lire dans le billet, ce n'est pas devant moi qu'il s'est placé pour doubler tout le monde, moi j'étais loin, je ne l'ai vu faire que de loin. J'ai autre chose à faire que de sortir de la queue pour aller lui taper sur l'épaule. S'il l'avait fait demain moi, oui je lui aurais dit, qu'il soit Tahar Rahim ou Paul Duchemin que personne connaît. Un mec me passe sous le nez en doublant aussi au passage une cinquantaine de personne, je lui fait la remarque, t'inquiète pas pour ça, je suis assez obsédé et passionné pour ça.
En outre je ne dis à aucun moment que Tahar Rahim a la grosse tête ou n'est pas entier, c'est un peu facile d'essayer de me faire passer pour l'emmerdeur en retour, cher Anonyme. Je dis juste qu'il a un tout petit comportement.
Moi aussi j'adore l'acteur.
Et figure-toi que oui, si c'était toi, cinéphile lambda qui avait eu le même comportement, tu aurais pu te trouver dans mon blog. Lis-le régulièrement, tu comprendras ;)
et si monsieur anonyme était tahar rahim ? ou son ami ? les mystères de la toiles... ;)
C'est en tout cas quelqu'un qui voue une passion ou une amitié profonde au monsieur ^_^
Pas passionné par l'anecdote du jour, mais je crois quand même que je vais faire l'impasse sur "The prodigies". J'avais encore un doute, mais là, on va dire que tu enfonces le clou...
En revanche, je partage tout à fait sur ce que tu dis de la dangerosité de rencontrer les gens qu'on admire. Bon, des fois, ça vaut le coup, quand même ! Je regrette moi-même quelques occasions manquées...
P'tit article typique des p'tits délationneurs du net, à peine digne d'être publié dans Voici. Le mec qui veut faire son malin genre "j'ai vu Untel aller faire pipi et doubler tout le monde dans la queue du cinéma". Ca ne repose sur rien, aucune preuve, je pourrai torcher la même chose sur ta belle-soeur. Ridicule. C'est marrant car moi j'ai vu Tahar Rahim le même jour à la même heure au Luxembourg où il tourne actuellement, il buvait un café tranquille en terrasse avec son partenaire Niels Arestrup.
Anonyme, si tu es le même qu'il y a quelques jours, je t'adore ^_^
Ta volonté de me faire passer pour un moins que rien simplement pour oser dire que Tahar Rahim est humain et n'est pas un saint, bien qu'il soit un grand acteur, est très amusante.
Si tu penses que j'invente ça pour me faire mousser et faire mon intéressant, libre à toi, crois-moi que j'aimerais avoir le temps d'inventrer des histoires aussi futiles sur un acteur que j'apprécie. Tu n'as pas peur du ridicule, j'admire.
Par contre désolé j'ai pas de belle-soeur.
Enregistrer un commentaire