Qu’il est exaltant d’enchaîner les bons films. Vendredi soir, une comédie vraiment drôle, Trop loin pour toi. Samedi, un souffle de beauté venu du Québec. Lundi soir, j’avais prévu d’aller au ciné sur les Champs avec un ami. Pas préparés, nous avons arpenté les cinémas de l’avenue à la recherche d’un film qui nous intéressait tous deux et commençant dans les minutes qui suivaient. Rien. La loose totale. Finalement, avant de rentrer chez moi, j’ai fait un crochet par Les Halles, histoire de voir si l’un des films que je désirais voir avant mardi soir pour cause de « Attention il risque de ne plus être à l’affiche mercredi !!! » n’avait pas une séance sur le point de commencer. Bingo comme dirait l’autre. Je me suis engouffré dans une petite salle pour Notre jour viendra.
Le premier long-métrage de Romain Gavras est arrivé sur les écrans avec une bonne petite réputation sulfureuse, et trois semaines plus tard, il semble que le public français n’ait pas daigné s’y intéresser en masse. Le box-office confidentiel est digne d’un film d’Apichatpong Weerasethakul (et encore !). Compte tenu de la réputation sulfureuse, du buzz, de la présence en haut de l’affiche de Vincent Cassel… c’est aussi étonnant que décevant. Décevant oui, car Notre jour viendra, sa vision cinématographique forte et son regard parfaitement ancré dans son époque, mérite amplement d’être vu par le plus grand nombre.
L’histoire est étrange. Assez insaisissable au premier abord. On y suit Rémy, un souffre douleur qui se laisse moquer par tout le monde, parce qu’il est mou et roux, jusqu’à ce qu’il rencontre Patrick. Celui-ci, plus âgé et affirmé, à la barbe rousse, se prend d’affection pour Rémy et le prend sous son aile afin de faire naître la révolte en lui. Les deux hommes partent sur les routes du nord. Plus ils roulent, plus Rémy prend confiance en lui.
On ne sait trop comment prendre Notre jour viendra lorsqu’il se déroule sous nos yeux. Les élans comiques du film sont fulgurants et désarçonnent. Les personnages sont taillés dans le vif, le cadre posé rapidement. Gavras aime le mouvement, d’où la difficulté de bien appréhender le ton du film qui semble capable de partir dans toutes les directions. Mais lorsque l’errance cède la place à une direction forte, quelque chose prend forme. Le récit de ces deux lunatiques ressemble de plus en plus à la société qu’ils abhorrent. Une société empreinte de communautarisme qu’ils ne parviennent à affronter autrement que par cette même haine aveugle, démesurée et arbitraire qui les a poussés dans leurs retranchements.
Romain Gavras s’était forgé un nom dans la provocation via son travail de clippeur, notamment pour le groupe Justice. Sa provocation passait par l’observation de la société. En passant au long-métrage, le fils de Costa Gavras conserve cette même rage, cette même volonté de tirer sur les travers de la société, sans pour autant oublier de faire montre d’un talent de metteur en scène implacable. La séquence finale, envolée pleine d’incertitude, est à tomber.
Pas grand monde n’aura vu Notre jour viendra. Quelques cinéphiles et fans de Vincent Cassel. Dommage car on sort bien là des sentiers du cinéma mesuré.
4 commentaires:
Pas mieux pour le titre ! ;)
Et n'oublions pas ce clip qui s'apparente à un véritable court-métrage du même bonhomme pour le même univers que le film. L'artiste musicale c'est l'excellentissime et génialissime M.I.A. avec son "Born Free", morceau de son dernier album (tout aussi génial que ses deux précédents par ailleurs). En vente chez tout bon disquaire qui se respecte...
On savoure donc ce Born Free ici :
http://vimeo.com/11219730
Ah tiens c'est vrai, c'est un film pour toi, ID ;)
J'aurai mis le temps pour le voir et c'est vu !
Je me suis relu ton papier tout en écoutant ça : http://www.youtube.com/watch?v=IBLEfokZDT0
L'ambiance y est, le film défile à nouveau et je te rejoins sur ton avis. C'est beau.
Vive les roux, n'est-ce pas ? ;)
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