jeudi 16 septembre 2010

Blier m'emmerde !

J’ai bien envisagé d’intituler mon billet autrement, mais c’est bien là le fond de ma pensée. Et s’il y a de toute façon un cinéaste qui ne s’offusquerait pas que j’emploie un vocabulaire cru pour interpeler, c’est bien Bertrand Blier. Alors oui, Blier m’emmerde. Ce n’est pas nouveau. Aussi loin que je me souvienne, Blier m’a emmerdé. Pas l’homme directement bien sûr. Je serais tenté de dire que l’homme, on s’en tamponne un peu. Non, c’est bien son cinéma qui m’emmerde. Et forcément, à force de réaliser des films qui me font ainsi réagir, c’est lui qui finit par m’emmerder.

Mon premier souvenir d’un film de Bertrand Blier au cinéma, c’est Mon Homme. Je m’en souviens très bien, j’avais 14 ou 15 ans (après vérification de la date de sortie, j’avais 14 ans), le cinéma m’intéressait déjà énormément, mais ce n’était pas encore passionnel. Je ne lisais qu’occasionnellement la presse spécialisée, n’allais que trois ou quatre fois par moi au ciné (et essentiellement du film Hollywoodien), et en général quand ma mère me traînait au Ciné 104 de Pantin pour voir un film d’auteur français, c’était plus une corvée qu’autre chose.

Mon Homme faisait exactement partie de ces films dont je me serais bien passé à l’époque, mais après tout, 1h40 au ciné valait mieux que rester à la maison pour faire mes devoirs. Voilà comment je me suis laissé entraîner vers mon premier Bertrand Blier sur grand écran. A l’époque j’avais déjà dû voir La femme de mon pote, le film le plus mainstream de Blier, à la télé. Probablement. Mais Mon homme a inauguré ma relation cinématographique avec Blier. Ce fut une torture. 1h40 d’ennui et d’agacement pour l’adolescent que j’étais qui aurait préféré voir L’armée des douze singes de Terry Gilliam.

Mais que le moi de 1996 ait détesté Mon Homme n’est pas plus surprenant que cela. Ce qui m’étonne au contraire, c’est que depuis ce jour de 1996 (même en fouillant dans mes vieux tickets je ne retrouverais pas la date exacte, désolé, ces vieux tickets de salles art & essai étaient génériques, sans le titre du film et la date imprimés dessus, et puis ça aurait fait un peu trop geek non ?)… où en étais-je moi ? Oui, le plus étonnant, c’est que depuis Mon Homme, je n’ai pas raté un seul Blier au cinéma. Vous me direz que finalement, ça ne représente que quatre longs-métrages, mais tout de même. Parce que ce qui est ENCORE plus étonnant, c’est que j’ai détesté tous ces films. Ces quatre films. Sans exception.

J’ai détesté Les acteurs, cet hommage creux et vain aux acteurs du cinéma français. J’ai détesté Les côtelettes, cette adaptation foutraque et agaçante de la propre pièce de Blier. J’ai détesté Combien tu m’aimes ?, ce n’importe quoi fatigant malgré la plastique irréprochable de Monica Bellucci (on se raccroche comme on peut dans ces moments-là). Et le week-end dernier, j’ai détesté Le bruit des glaçons, que j’étais allé voir après moult hésitation, en me disant « Allez, le pitch est pas mal, le duo Dujardin / Dupontel promet, tente ! ». Quelle mauvaise idée ce fut. Blier, qui à une époque pouvait au moins se targuer d’écrire des dialogues mordants, n’est plus qu’une parodie de lui-même sur ce plan. Ses dialogues sont prévisibles et faciles, tous plus clichés les uns que les autres dans les situations ennuyeuses dans lesquelles il plante ses personnages. Il y a certes quelques belles idées d’interaction entre la mise en scène et la narration, comme ce glissement du flash-back dans le présent, mais c’est bien maigre face à l’abus de blagues sur la bouteille de blanc.

Les dialogues sont si téléphonés, le personnage de Jean Dujardin si horripilant, le dénouement si décevant… la messe est vite sonnée. Le bruit des glaçons ressemble à une mauvaise pièce de théâtre filmée dans laquelle surnage Albert Dupontel en cancer squatteur. A la sortie (ô combien bienvenue !) de la salle, une pensée résolue m’a assailli : plus jamais je ne me laisserai piéger par Blier. Stop. Fini. C’était le dernier. Je ne m’installerai plus dans une salle de cinéma pour un film qu’il aura signé. Les valseuses et Tenue de soirée sont loin, si loin… Ne me demandez même pas ce que j’avais pensé de Trop belle pour toi (que j’espère ne jamais revoir).
Alors voilà, Blier m’emmerde. Adieu Blier.

11 commentaires:

I.D. a dit…

Il m'emmerde aussi ! :) Là, on se retrouve.
Dis donc, on ne peut pas dire que tu ne lui auras pas donné sa chance à celui-là. C'est pas loin d'être du masochisme de se faire mal comme cela au cinéma. ^^

David Tredler a dit…

C'est soit du masochisme soit un excès d'optimisme qui me fait espérer qu'il va finir par faire un bon film. Enfin, "c'était", parce que c'est fini ;)

Michael a dit…

T'avais déjà dit ça après Le Côtelettes ! Le problème, maintenant que tu as un blog, c'est que t'es obligé de t'y tenir, la preuve étant à jamais gravé sur l'interweb mondial ! ;-)

David Tredler a dit…

C'est vrai j'avais déjà dit ça après les Côtelettes ? Sûrement... je m'en souviens plus... Je pense que j'étais allé voir "Combien tu m'aimes" pour Bellucci, et celui-là, j'ai cru au casting. Quel naïf^^
Mais je vais tâcher de m'y tenir Michael, tu verras ;)

selenie a dit…

En fait tu n'es pas si dur puisqu'apparemment tu as tout de même aimé quelques uns de ses films... Pour faire simple j'aime très beaucoup Blier d'avant 1990, ensuite il baisse de niveau avant de faire de la m... je pense surtout à "Combien je t'aime"... Mais par contre je te trouve très dur pour son dernier... J'ai moi-même été déçu mais pas à ce point ; depuis 10 ans c'est tout de même un sursaut qui, je l'espère, sera prometteur...

David Tredler a dit…

Le seul Blier que j'aime bien, Selenie, c'est "Tenue de soirée", "Les valseuses" je m'en souviens à peine ça m'a pas marqué, et je déteste tout le reste (de ce que j'ai vu). "Combien je t'aime", j'ai trouvé que c'était le seul à peu près potable dans ce qu'il a fait ces 15 dernières années, si l'on coupe la deuxième moitié du film qui est irregardable.
Son dernier, non vraiment ça a été une torture. C'est ridicule, c'est mal écrit, c'est téléphoné, c'est.. c'est... c'est nul^^

Hattori Hanzo a dit…

Je découvre ce billet. J'adore Blier jusqu'aux Acteurs (non compris). Les Valseuses, Préparez vos mouchoirs, La femme de mon pote ou encore Beau-père sont des films que j'adore. Mais son chef d'oeuvre reste Buffet froid. Un sommet de surréalisme, d'humour, de dialogues absolument géniaux (ah la scène de la cabane...). Mais à partir des Acteurs il a perdu son talent je trouve. Je n'ai pas encore vu son dernier film ceci dit.

Hattori Hanzo a dit…

Je découvre ce billet. J'adore Blier jusqu'aux Acteurs (non compris). Les Valseuses, Préparez vos mouchoirs, La femme de mon pote ou encore Beau-père sont des films que j'adore. Mais son chef d'oeuvre reste Buffet froid. Un sommet de surréalisme, d'humour, de dialogues absolument géniaux (ah la scène de la cabane...). Mais à partir des Acteurs il a perdu son talent je trouve. Je n'ai pas encore vu son dernier film ceci dit.

David Tredler a dit…

Il n'est jamais trop tard pour découvrir un billet, Hattori ;)
Moi hormis "Tenue de Soirée", Blier ne passe pas. Même Buffet Froid, voilà longtemps que je l'ai vu, mais je me souviens nettement qu'il m'avait gonflé. Mais depuis Les Acteurs, c'est pire que tout, je te le concède. Le dernier... pffff... j'y ai cru quelques minutes...

Maxime a dit…

"Combien tu m'aimes ?" est le film le plus affligeant que j'ai jamais vu et je n'en ai pas vu la fin ce qui ne m'arrive quasiment jamais. D'habitude ma curiosité est plus forte que mon ennui mais là...

David Tredler a dit…

Difficile d'en nommer un plus mauvais que les autres, tant Blier se surpasse à chaque film, Maxime ;)

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