jeudi 20 mai 2010

Mai Mai Miracle, la pêche à l'exclusivité animée


Il n’est pas toujours évident d’être en alerte pour repérer les exclusivités, raretés et autres films immanquables que Paris a à offrir. L’offre est tellement vaste dans la capitale qu’elle nécessite une attention de renard. Si je n’étais pas passé devant le Forum des Images le week-end dernier, je n’aurais peut-être pas découvert que le lieu cinéphile allait projeter, quelques jours plus tard, un film d’animation japonaise en exclusivité dans le cadre de leur programmation « Teen Corner ». Grand bien leur a pris de mettre une grande affiche pour annoncer l’évènement, sans quoi…

En même temps je dis ça alors qu’en toute franchise, Mai Mai Miracle, l’anime en question, n’est pas le représentant du genre le plus emballant de ces dernières années. Il s’agit du second long-métrage réalisé par Sunao Katabuchi, près d’une décennie après son coup d’essai Princesse Arete. Le japonais y conte l’histoire de fillettes dans la campagne nipponne des années 50. L’une, Shinko, est une gamine du coin, espiègle et rêveuse, fascinée par l’Histoire de sa région qui lui a été transmise par son grand-père. L’autre, Kiiko, débarque de Tokyo orpheline de mère et timide. Shinko va prendre la petite nouvelle sous son aile pour vivre ensemble ses aventures imaginaires la transportant mille ans plus tôt, lorsque les vastes champs étaient encore une ville.

Bien sûr il y a plus dans Mai Mai Miracle (« mai mai » désignant en japonais un épi de cheveux, l’épi de Shinko qu’elle pense être responsable de sa capacité à faire revivre le passé dans ses jeux) que les simples amusements de deux fillettes faisant les folles dans les champs. Dans ce Japon d’après guerre, Katabuchi distille la confrontation entre deux mondes, ce Japon campagnard encore bien imprégné de sa vie traditionnelle, et le Japon moderne dessinant déjà ses contours et se confrontant à sa tradition.

Il y a aussi, bien sûr, la confrontation de l’enfance à l’âge adulte. L’idée qu’il n’y a pas d’âge pour se frotter à la réalité et devoir ravaler ses rêveries, ne serait-ce qu’un instant, pour encaisser l’intrusion des difficultés de la vie, par la maladie, par la mort. Mais si certains films d’animation ces dernières années ont abordé les confrontations de la jeunesse à des épreuves trop grandes pour leurs frêles épaules avec une profondeur et une densité étonnantes (Amer béton ou, plus proche de Mai Mai Miracle, Un été avec Coo), Katabuchi préfère lui ne pas trop perturber la légèreté de son film, préférant pocher son film d’amertume plutôt que l’en peindre tout à fait. C’est louable et réussi, mais laisse du même coup Mai Mai Miracle à un niveau plus enfantin et gentil qu’il n’aurait pu l’être sous la houlette de cet ancien collaborateur d’Hayao Miyazaki.

Je suis tout de même bien heureux d’avoir pu le découvrir dans la grande salle du Forum des Images plutôt que sur DVD, comme la plupart des amateurs devront le faire puisque Kaze (son distributeur) ne fera pas passer le film par la case cinéma, préférant le sortir directement en DVD cet été. Quand je vous disais qu’il fallait avoir l’œil pour repérer les projections à ne pas manquer…
En revanche pour les amateurs d’animation japonaise, dans moins de trois semaines sort sur grand écran Summer Wars… pour un plus grand nombre de spectateurs.

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