lundi 1 juin 2009

Sword of the Stranger, des samouraïs sur les Champs-Élysées

La France a beau être le deuxième pays consommateur de « sous-culture » japonaise (au sens noble et valeureux du terme), à travers les mangas surtout, les films d’animation venus du Pays du Soleil Levant restent une denrée assez rare sur les écrans gaulois. Du moins trop rare à mon goût, lorsque l’on constate qu’il en sort en moyenne à peine un par trimestre. Bien sûr lorsqu’il s’agit d’un Appleseed, ça ne manque pas, mais quand on se prend de purs bijoux au visage, tels Amer Béton ou La Traversée du temps, on en redemande.

Le printemps 2009 est riche pour les amateurs d’animation japonaise, puisqu’en l’espace de deux mois, trois films ont débarqué ou débarquent dans les salles. Un mois après le Ponyo sur la falaise de Miyazaki, et en attendant Piano Forest dans deux semaines, voici donc Sword of the Stranger, un anime sorti dans sa contrée originelle il y a bientôt deux ans. Un premier film qui ne fit pas de vague au Japon, où il fut très discret au box-office… ce qui sera encore plus le cas chez nous.

Programmé dans cinq cinémas hexagonaux, Sword of the Stranger ne devrait pas traîner bien longtemps dans les salles obscures. Le Publicis, décidément le cinéma le plus fiable de Paris dès qu’il s’agit de découvrir les sorties techniques ou très discrètes, qui plus est dans des conditions remarquables, programmait, bien sûr, le film de Masahiro Ando. Dimanche, 22h15, me voilà donc m’installant au quatrième rang de cette familière salle 2 de la salle du haut des Champs-Élysées en compagnie de quelques fans d’animation japonaise n’ayant pas beaucoup de choix avec les 2 séances par jour programmées par la salle parisienne.

Premier long-métrage réalisé par Masahiro Ando, qui avait par le passé travaillé comme animateur sur des films tels que Ghost in the Shell, Jin Roh, Metropolis ou Cowboy Bebop (excusez du peu), Sword of the Stranger est à ranger du côté des œuvres animées de qualité.
Situé à l’ère Sengoku, une époque où le Japon était divisé en mini pays dirigés par des seigneurs, Sword of the Stranger prend pour héros Kotaro, un jeune garçon orphelin fuyant à travers le pays, avec à ses trousses d’étranges et terribles guerriers chinois. Dans sa course, Kotaro est sauvé par un mystérieux rônin, un samouraï solitaire sans nom, hanté par son passé, qui accepte d’escorter le garçon sur une partie de son chemin. Un chemin dangereux, et sanglant.

D’entrée de jeu, Sword of the Stranger annonce la couleur : ce sera un anime d’action et d’aventure, d’une violence surprenante. Mes deux voisines du quatrième rang en ont avalé de travers lorsque le premier bretteur chinois a découpé en morceaux une bande de brigands japonais imprudents. Si elles s’attendaient à un joli film d’animation japonais dans l’esprit Ghibli, elles ont du accepter le fait que le film serait graphiquement plus près de « Ken le survivant », pour sa propension à faire couler le sang sans vergogne en enfonçant quelques cranes et en tranchant quelques bras.

Mais derrière les hectolitres de sang versés se cache une belle aventure osant un cadre historique rigoureux : les rapports complexes entre la Chine et le Japon, le système féodal nippon avec seigneurs et samouraïs… Masahiro Ando ne cherche pas la simplicité scénaristique et il a bien raison. La densité du cadre, et des troubles rapports entre les personnages, offrent une dimension étoffée au long-métrage.

Il offre aussi un personnage comme on (je) les aime, celui du rônin sans nom, combattant entouré de mystère, homme torturé au sens éthique fort et au talent guerrier que l’on devine immense. Proche de l’Aragorn de La Communauté de l’Anneau s’il fallait faire une comparaison.

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