samedi 13 juin 2009

Souvenirs : la frustration de l'interdiction

Souvenez-vous… à quel point il peut être rageant d’avoir moins de 16 ans quand on a soif de cinéma. On est tous passé par là, ne pas avoir l’âge requis pour aller voir le film que l’on désire. Combien de fois ai-je dû ronger mon frein et me rabattre sur un film plus grand public alors que je voulais voir du sang, du sexe et des personnages allant à l’encontre de la morale !

Si c’est aux alentours de 14-15 ans que cela devient vraiment frustrant, la barrière de l’âge intervient plus tôt, avec les interdictions aux moins de 12 ans. A l’époque cela importe moins, d’abord parce que le cinéma ne passionne pas forcément autant, ensuite parce que de toute façon, à 10 ou 11 ans, on prend encore plaisir à aller découvrir le Disney de Noël au Grand Rex avec la Féerie des Eaux (d’autant qu’à l’époque c’était La Belle et la Bête, le plus beau !).

J’ai tout de même le souvenir admiratif et jaloux d’un jour de 1992 où un camarade de CM2 s’était pointé un lundi matin avec les lunettes 3D (un verre rouge un verre bleu) qu’il avait eu en allant voir La Fin de Freddy : l’ultime cauchemar (le sixième de la saga), frimant devant tous les autres garçons de la classe. Au-delà d’un film d’horreur sans doute médiocre (je ne l’ai finalement jamais vu !) je me souviens des envies illusoires de voir Terminator 2 : le jugement dernier et Basic Instinct sur grand écran.

Puis est venu le jour où ce furent les films interdits aux moins de 16 ans qui commencèrent à sérieusement travailler ma curiosité de spectateur. A l’époque, aux alentours de 1996, le cinéma commençait à attirer particulièrement mon attention. Y aller seul ne me gênait plus. Je commençais à lire la presse ciné. A l’époque, trois films vont nécessiter que je contourne l’interdiction aux moins de 16 ans.

Le premier est Une Nuit en Enfer de Robert Rodriguez. Quelques mois plus tôt j’avais vu à la télé un reportage sur le tournage du film et depuis lors je guettais la sortie, qui – nooooooooon !!! – se vit adjoindre la tant redoutée interdiction aux moins de 16 ans. Un film de vampires écrit par Tarantino, c’était immanquable ! Je tentai donc ma chance à l’UGC Ciné Cité Les Halles, alors que je n’avais 14 ans à l’époque. Evidemment, je me fis gentiment refouler en caisse.

Mais quelques jours plus tard, Une nuit en enfer fut annoncé au cinéma art & essai en bas de chez moi, et alors qu’ils avaient l’habitude d’annoncer dans le programme les interdictions, aucune mention pour le film de Rodriguez. Le jour J, je m’y rendis donc en croisant les doigts du haut de mes 14 ans : « Une place pour Une Nuit en Enfer »…… et ça passe ! Le caissier ne broncha pas, alors que quelques jours plus tôt j’avais agi bêtement et étais allé au cinéma « tâter le terrain » et demander s’il n’y avait pas une interdiction sur Une Nuit en Enfer… « Euh… nan je crois pas » m’avait-on répondu (heureusement pour moi qu’ils avaient mal fait leur boulot !).

L’année suivante, été 1997, désormais 15 ans au compteur, je me vois cette fois refusé l’accès à Scream, LE film in du moment. Après m’être fait envoyer bouler une première fois, j’ai finalement trouvé la parade parfaite : convaincre ma mère, qui n’aime pas DU TOUT les films d’horreur, que ça pourrait lui plaire, qu’elle vienne avec moi et surtout ne cafte pas mon âge en caisse. Et c’est passé.

Quelques semaines après Scream, c’est au tour de Freeway, la version moderne du Petit Chaperon Rouge qui révéla Reese Witherspoon, de terriblement m’attirer. A l’époque je fréquentais encore l’UGC Ciné Cité Rosny, n’étant pas encore allergique à la VF (ça n’allait pas tarder…). A trois mois de mes 16 ans, je me fais encore une fois refouler en caisse, et suis obligé de me rabattre sur l’horrible Volcano. Heureusement, une semaine ou deux plus tard, je parvins à convaincre mon père de m’accompagner, au Montparnos.

Freeway est le dernier film pour lequel je fus contraint d’outrepasser l’interdiction aux moins de 16 ans. Peu après, je fêtais enfin cet anniversaire tant attendu qui m’a depuis permis, de Fight Club à Oldboy en passant par Irréversible, de me délecter (parfois de souffrir) devant des films interdits aux moins de 16 ans. Mais ne compter pas sur moi pour aller voir Antichrist de Lars Von Trier, interdit lui aussi aux moins de 16 !!!!!

8 commentaires:

Michael a dit…

Je comprends mieux maintenant pourquoi tu aimes tant trucider des jeunes filles aujourd'hui... ;-)

David Tredler a dit…

Tu crois que c'est pour ça ? (chuuuuut fallait pas le dire !!!!) LOL

I.D. a dit…

Les films de moins de 18 ans ça donne quoi au cinoche ? Oh pardon, j'avais pas vu qu'on causait de l'interdiction au moins de 16 ans ! ^^

Je suis content que des jeunes filles trucidées, tu sois passé au jeunes garçons... LOL !!! ;)

David Tredler a dit…

Interdit aux mois de 18, je crois que le seul que j'ai vu c'est "Ken Park" de Larry Clark. Amours adolescentes non simulées sous l'oeil un rien lubrique du réalisateur...
;)

(des jeunes garçons, quels jeunes garçons !?...^^)

Lalalère a dit…

15 ans en 1997, tu es donc un impossible bloggeur tout jeune, hé hé hé ...
Alors Ken Park est une institution hein, la pièce maîtresse de Sir Clark.
SA terrible vision des moeurs américaines, la déconfiture de son éducation. Bien au-delà de ses scènes trash qu'ils affectionnent tant, c'est un film ultra pessimiste, à vous plomber quoi.
J'adore ce réal., Another day in paradise et Wassup Rockers font aussi partie de mes préférés.

David Tredler a dit…

Y plus vieux et y a plus jeune, Lalalère ;)
Je t'avoue que je ne suis pas un inconditionnel de Clark. Ca ne me transcende pas particulièrement comme cinéma, même si cela m'interpelle.

Lalalère a dit…

Ah mais moi non plus son cinoche ne me transcende pas, c'est trop réaliste pour faire rêver.
Il interpelle, c'est exactement ça ! Il fait réfléchir , une fois que les scènes too much sont digérées. Mais par contre il est dans une provocation naturelle, ce qui n'est pas le cas de tout le monde dans le métier.

David Tredler a dit…

Mais transcender ne veut pas forcément dire rêver. Il y a des films qui transcendent tout en rebutant quelque peu. Mais Clark n'a pas non plus cet effet là. Il provoque, c'est certain. Disons que je ne suis ni outré par lui, ni fasciné.

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