C’était un jour de février 2014. A neuf mois du lancement
du Festival du Film Coréen à Paris, je visionnais le tout premier film d’une
longue série, afin de sélectionner les films qui seraient projetés au Publicis
en octobre. Si je suis amené à aller fréquenter d’autres festivals ici ou
ailleurs pour découvrir certains films coréens, la plupart des films que j’ai
regardé pour le FFCP cette année, je les ai vus en screener envoyé par les
distributeurs, sur petit écran.

Neuf mois plus tard, je me souviens encore de l’état dans
lequel m’a laissé le film. Des pensées qui m’ont traversé. L’une des premières
d’entre elles fut que j’avais probablement vu là, dès mon premier visionnage,
le meilleur film coréen que j’aurais à voir en 2014 pour préparer le festival.
C’est un drôle de sentiment, de savoir que l’on jugera malgré soi 120 films qui
suivront à l’aune de ce tout premier qui a mis la barre si haut. Heureusement
parmi les quelque 120 films qui suivirent, nous avons trouvé d’autres pépites.
Mais il a suffi d’un premier film pour quasiment réserver
d’emblée une place parmi la sélection pour un film découvert en février. Et ce
film, que nous avons donc projeté au Publicis dans le cadre du festival, en présence
de son réalisateur Lee Sujin, il y a presque un mois maintenant, vient de
sortir en salles en France, grâce à Dissidenz, qui déjà au printemps dernier
avait donné sa chance dans les cinémas français à deux films passés par
d’autres éditions du FFCP, « Suneung » (ou « Pluto ») et
« La Frappe » (ou « Bleak Night »). Si vous n’avez pu voir
ces deux-là en salles, rattrapez-vous en DVD, ils valent le détour.
A tous ceux qui, ces jours-ci, me demandent ce qu’il faut
aller voir en salles, je n’ai pas besoin de réfléchir pour les orienter vers
« A Cappella ». Parce que je suis fier qu’on l’ait passé au festival,
parce qu’il faut soutenir tout film coréen qui parvient à sortir en salles en
France tant ils sont devenus rares, et tout simplement parce que cet « A
Cappella » est l’un des films les plus forts de l’année. Je ne
m’épancherai pas trop dans ces lignes sur le sujet du film, car il s’agit bien
là d’un film dont l’impact est plus fort si l’on s’y plonge en en sachant le
moins possible. Tout juste puis-je vous dire qu’il s’agit d’une lycéenne, Han
Gong-ju donc, qui change de lycée en cours d’année. Elle s’installe dans un
nouveau quartier, une nouvelle maison, une nouvelle école, loin de tumultes
connus dans le précédent.

Pour un premier long-métrage, « A Cappella » fait preuve d’une maîtrise et d’une intelligence cinématographiques qui augurent du meilleur pour l’avenir du cinéaste Lee Sujin. Et pour le spectateur, il s’agit là d’un film dont il est difficile de se détacher. Un film qui vous colle à la peau longtemps après l’avoir vu. Les salles à le projeter sont rares (je suis retourné le voir au Reflet Médicis à Paris). Ne perdez pas l’occasion de le voir sur grand écran.