La nécessité de voir certains films sortir directement en
DVD est évidente. Si une part de moi rêverait que tous les films puissent
sortir en salles, ou à défaut tous ceux susceptibles de m’intéresser, la raison
l’emporte et je finis toujours par convenir que tous les films ne peuvent
décemment pas passer par la case grand écran. Il n’y a pas assez d’écrans de
cinéma en France, et pas assez de jours dans l’année pour que ce rêve prenne
vie. Ce serait la mort du cinéma. Alors je me contente de ce que les
distributeurs veulent bien nous proposer, et lorsqu’un film passe directement
par la case DVD, je pousse un soupir de déception.
C’est pourquoi lorsque l’on me propose de découvrir sur
grand écran un film promis au marché vidéo, si le film en question a l’air un
tant soit peu prometteur, je peux difficilement décliner. C’est ce qui est
arrivé récemment, on m’a offert de voir un petit film de genre inédit au siège
de M6, qui éditera le long-métrage cet été en vidéo. Ce film c’est « The
Incident », premier long réalisé par Alexandre Courtès, qui a une longue
carrière dans le clip derrière lui (celui de « Seven Nation Army »
des White Stripes, c’est lui) et une participation au film à sketches
« Les Infidèles », pour lequel il avait réalisé les courts
interstices séparant chaque long sketch, plus le sketch « Les infidèles
anonymes ».
Son CV était suffisamment intrigant et la réputation de
« The incident », présenté notamment à Gérardmer et au BIFFF, le
Festival de Films Fantastiques de Bruxelles, suffisamment solide, pour que ma
curiosité soit éveillée. Pendant l’Euro, il semble que la salle de projection
de M6 soit squattée par le service des sports qui en profite pour regarder dans
des conditions optimales les matches… et quand ils ont vu débarquer une bande
de blogueurs qui venaient mater un film d’horreur, c’était la soupe à la
grimace. Pour nous aussi c’était un peu la soupe à la grimace, parce que le
film s’est fait attendre de looongues minutes (ce qui au moins m’aura permis de
terminer « Le déchronologue » de Stéphane Beauverger, pas mal comme
lecture).
Alexandre Courtès était présent pour l’une des seules
projections que son film connaîtra sur grand écran en France (mais il est
également à Panic Cinéma samedi !).
Le réalisateur est allé en Belgique tourner son premier long, en langue
anglaise. Ou la nuit cauchemardesque de trois potes musiciens qui gagnent leur
vie en faisant la cuisine dans un asile de fous, et vont se trouver coincés sur
leur lieu de travail, enfermés suite à une panne dans l’asile alors que les
fous semblent péter les plombs et s’attaquer au personnel. Une trame somme
toute classique. Je m’attendais à un pur film d’horreur, et j’ai eu la bonne
surprise de trouver un film de genre qui renvoie plus dans la forme au cinéma
de l’enfermement de John Carpenter. L’intrigue est maline et l’exécution fait
son effet. Le dernier acte appuie assez brutalement sur le gore alors qu’il se
faisait plutôt discret jusqu’ici, avant de se clore dans un moment de
« What the fuck ! » total qui peut amuser ou décevoir.
Courtès a dû se trouver un peu déçu de voir l’audience
aussi peu interagir à l’issue de la projection, les questions ne fusant pas
vraiment, mais il y a des spectateurs dont je fais partie qui sont encore à
moitié dans le film lorsque la lumière se rallume, et personnellement, il me
faut toujours de longues minutes en sortant d’un film pour arriver à articuler
une phrase. Alors poser une question au réalisateur qui te scrute, on oublie.
« The incident » ne se rangera probablement pas dans la catégorie des
longs-métrages inédits que j’enrage de ne pas voir sortir en salles, mais pour
ce qui est d’un cinéma de genre fauché, le film se pose comme de bonne facture.
Tous les inédits ne peuvent s’en vanter.
4 commentaires:
Hé ! Pas mal. Je me le note. Y a moyen qu'il fasse son petit effet. La réf' Carpenter me plait bien. Je suis passé à côté pour être franc et j'apprends même l’existence de son réal' ! :)
On peut pas vraiment dire que tu sois passé à côté. Le film est pas sorti en salles, et sort direct en DVD cet été. Franchement avant qu'on ne m'invite à la projection, je n'en avais pas vraiment entendu parler.
Je viens justement de voir la BA. Elle accroche bien. Un bon boulot avec le rythme donné par le musicien à la batterie. Elle intrigue.
Maintenant, p'tite question : pourquoi en anglais ? Et la Belgique comme lieux de réalisation ? Quelqu'un lui a posé la (les) questions du coup ?
J'avoue que l’exercice de fin de projo' n'est pas évident. Ça me met toujours mal à l'aise pour le ou les types qui se sont déplacés causer de leur film. Surtout lorsque les spectateurs se font avare en interrogation. Je dois avouer que je suis un peu comme toi. Je ressors toujours quelque peu groggy d'une projo' et le film est loin d'être terminé dans ma tête même lorsqu'il n'est pas terrible. Du coup, j'ai toujours été un spectateur passif de ce genre d'échange. Et bien souvent, c'est bien après coup que j'en ai des questions !
On se comprend ID ;)
Pourquoi en anglais, tout simplement pour donner plus d'exposition au film, et de chances de trouver des spectateurs à travers le monde. Et pourquoi en Belgique, parce que micro budget, et en Belgique ils ont trouvé ce qu'il leur fallait point de vue décor. Si je me souviens bien ;)
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