mardi 21 février 2012

Les hivers à Venise sont gris mais beaux

C’est un lundi en fin d’après-midi. Paris est sec, froid, mais coloré. Au sous-sol de l’Élysée Lincoln, je suis un des rares à avoir moins de 60 ans dans cette salle qui se remplit. Dans la queue à l’extérieur déjà, les voix bruissaient du désir de partir sur la lagune vénitienne. Une fois installé dans mon fauteuil du 5ème rang, d’autres langues se déliaient sur la motivation des spectateurs du jour. « J’espère qu’on va bien voir Venise. Il paraît qu’il y a aussi des scènes à Moscou ».

C’est une romance italienne au long cours que je suis venu voir, mais j’ai bien l’impression que nombre d’entre mes camarades cinéphiles du jour se déplacent surtout parce que la ville de Venise est présente dans le titre du film de Valerio Mieli, 10 hivers à Venise. Je me suis pour ma part laissé attirer par quelques critiques qui m’ont donné envie de découvrir ce film dont je n’avais pas entendu parler deux semaines plus tôt.

C’est avec une pointe de déception que j’ai laissé s’installer à mon côté, tout contre moi, un vieux couple qui aurait pu nous laisser plus d’espace. J’étais encore plus déçu lorsque monsieur assis à ma droite s’est mis à jouer des coudes régulièrement, ou dès la scène d’ouverture à commenter à voix haute à l’intention de madame. Puis ce fut ce rideau malencontreusement tiré dans la salle de projection qui fit s’abattre exactement sur moi le rayon d’une lumière venue de la cabine pendant un bon quart d’heure.

Mais c’est un film qui fait oublier ce genre de désagréments que j’ai vu ce lundi-là. L’histoire d’un garçon et d’une fille, devenant homme et femme, observés le temps de dix hivers alors qu’ils se croisent, se décroisent et se recroisent à Venise. Ils se rencontrent jeunes étudiants dans un vaporetto un soir de 1999, et c’est chaque hiver que nous allons les retrouver, parfois le temps de quelques minutes, d’autres fois sur plusieurs jours. Toujours dans le gris et le froid. De la flamme inassouvie du premier regard naîtra cette relation tantôt faite d’amitié, tantôt de désir chaste ou de désamour. Et l’amour dans tout cela, arrivera-t-il un jour ?

C’est une comédie romantique versant plus dans la mélancolie du désir inassouvi que dans la joie de l’amour partagé, comme un croisement étrange entre Quand Harry rencontre Sally et Un jour, le tout avec pour cadre quasi unique, si l’on excepte effectivement une ou deux escapades moscovites, une Venise hivernale, froide, incarnée à l’opposée de son image d’Épinal. Le temps passe, les caractères se forgent, les sentiments murissent.

C’est un film que je ne serais peut-être pas allé voir un autre jour. C’est un film que nous serons certainement peu à avoir vu en salles. Pourtant qu’ils sont beaux, ces hivers à Venise.

10 commentaires:

Phil Siné a dit…

ah mince on m'avait invité à le voir pourtant... et s'il reste agréable malgré autant de désagréments dans la salle, c'est que ça doit etre vraiment chouette ! :)

David Tredler a dit…

Oui c'est un joli film. Il y a peut-être un hiver de trop, pas tant au niveau de la longueur que de l'intégrité scénaristique, mais c'est vraiment une balade vénitienne romantique qui distille un beau charme mélancolique.

Telle Quelle a dit…

C'est avec beaucoup de plaisir que je découvre ce très beau blog et je souris à l'évocation du voisinage. Il m'est arrivé parfois, souvent, d'aimer être seule dans une salle à des heures très matinales pour profiter pleinement d'une projection qui promet plaisir et/ ou émotion.
Venise, rien que son nom appelle à elle sinon un film bien des romans...

David Tredler a dit…

Merci Telle Quelle, tu vas me faire rougir ^_^ Sois la bienvenue ;)
La tranquillité au cinéma, ça n'a pas de prix, on est bien d'accord, surtout pour ce genre de films qui s'y prête d'autant plus.

Abel Carballiño a dit…

J'ai ri avec tous les inconvenients dans la salle: ça arrive très souvent; je choisis les salles, les jours de la semaine, les horaires... où je pense qu'il y aura moins de monde... et pourtant...
J'aimerais voir Venise en hiver, c'est pas fréquent au cinéma.

David Tredler a dit…

Eh oui, il faut jongler pour éviter les séances les plus perturbées... En tout cas je te recommande ces 10 hivers à Venise, Abel !

dasola a dit…

Bonsoir, je vais faire bientôt paraître un billet sur ce film touchant et délicat. On suit avec plaisir Camilla et Silvestro qui ne savent s'avouer leurs sentiments car la fin reste très ouverte. On a envie de prendre un vaporetto et aller voir leur petite maison toute en vitre. Bonne soirée.

David Tredler a dit…

Je suis content que tu aies apprécié ce beau film à sa juste valeur Dasola !

Marnie a dit…

Je découvre votre blog avec plaisir, en venant des commentaires de My Little discoveries. Je me retrouve dans vos billets (sur les films, sur ce qui se passe dans les salles et sur l'amour du cinéma). Je fais partie de ces rares spectateurs en salle de "10 hivers à Venise" et je l'ai moi aussi beaucoup aimé, je pense la même chose que vous.
Et voilà, un nouveau blog cinéma dans mes favoris, à bientôt !

David Tredler a dit…

Les spectateurs qui se reconnaissent dans mes billets sont toujours les bienvenus Marnie... et même les autres en fait !
Bienvenue en tout cas et merci de votre intérêt ^_^

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