jeudi 15 avril 2010

Le Patient Anglais, Robert Pattinson, et moi

Je me souviens d’un jour de printemps 1997. Bien que déjà pas mal accro aux salles obscures, l’idée d’aller voir Le patient anglais d’Anthony Minghella n’enchantait guère le lycéen de 15 ans que j’étais. « Le patient anglais ?! L'histoire d’amour dans le désert avec Juliette Binoche et Kristin Scott-Thomas ?! Ah nan, hors de question, je vais pas le voir, c’est un film pour nanas ça, nan nan nan, j’y vais pas, je m’en fous de ce qu’ils disent dans « Télérama ». Nan ! Je paye pas ? Bon… après tout il a eu pas mal d’Oscars… Bon ok, pourquoi pas. » Il a fallu une lourde insistance de ma mère à l’époque pour que je daigne les accompagner, elle et ma sœur, au cinéma art & essai du coin pour voir ce fameux Patient Anglais. C’est fou ce qu’un simple argument matériel, à l’adolescence, peut convaincre de ne pas passer 2h30 de plus devant une console de jeux vidéos.

Je me souviendrai longtemps des instants qui ont suivi notre sortie de la salle, ce jour de printemps 1997. Je me souviens que j’avais 15 ans, et qu’au lieu d’un « film pour nanas », je m’étais pris en pleine face un grand drame épique et romantique m’ayant transporté sur un nuage. Je me souviens surtout que des trois, j’étais le plus enthousiaste à la sortie du film. Je me souviens que ce public féminin, finalement, n’avait pas embrassé le film autant que moi. J’ai à nouveau connu ce sentiment de surprise à plusieurs reprises depuis 1997, à plus ou moins forte amplitude. Je viens de le vivre à nouveau, cette semaine. Pas avec la même intensité que devant Le patient anglais, c’est évident, car on est bien loin de la qualité du film d’Anthony Minghella ici. Mais tout de même, s’il ne finira pas dans mon Top 20 de l’année, Remember me m’a pris de court. Oui, le Remember me avec Robert Pattinson.

A la base, je n’avais même pas particulièrement envie de voir le film, certainement influencé par l’effet Robeeeeeeeert Pattinson. Depuis l’avènement du jeune comédien britannique dans le cœur de la gente féminine (dans sa quasi intégralité) grâce à la saga Twilight, un réflexe est né rapidement. Une association d’idée : Film avec Robert Pattinson = Film pour adolescente de 7 à 77 ans. Mais certainement pas fréquentable pour un mec. Pourtant une part de moi était  titillée devant Remember me. Robert Pattinson a beau être la tête d’affiche, il s’agit du second long-métrage d’Allen Coulter, qui avait débuté avec le très prometteur Hollywoodland (Adrien Brody en privé dans le Hollywood des années 50, enquêtant sur la mort de l’acteur de la série « Superman » incarné par Ben Affleck, Prix d’interprétation à la Mostra de Venise). Et puis merde, si Chris Cooper est au générique, il y a forcément quelque chose dans ce film, l’acteur est un habitué des films de Spike Jonze et Sam Mendes, pas de bluettes sans fond.

Alors lorsque mardi soir, on s’est retrouvé à trois au cinéma, une fille, deux garçons, avec comme choix Manolete ou Remember me, on a dit banco pour Robert Pattinson. A la sortie, les deux mecs étaient très agréablement surpris, la fille vraiment pas. Et nul doute que de nombreuses autres furent déçues, attendant une gentille bluette avec leur beau Rob, et non ce qu’offre en réalité Remember me - bien que je suis sûr que mon amie Élodie ne venait pas voir le film en attendant une bluette et manqua juste d’affinité avec le travaille d’Allen Coulter (c’est bon, mes arrières sont assurées).

Mais c’est quoi Remember me, si ce n’est pas un film pour adolescentes en mal de Rob ? Croyez-le ou non, un bon film. Non exempt de défauts, abusant parfois des petites scènes d’amour entre Pattinson et Emilie de Ravin, mais un bon film. L’histoire d’une fille et d’un garçon, chacun endeuillé, l’une par le meurtre de sa mère, l’autre par le suicide de son frère. Elle ne roule pas sur l’or et vit avec son flic de père. Il vit dans la crasse pour tourner le dos à la fortune de son père. Oui, dit comme cela, Remember me a tout sur le papier d’une bluette en puissance. Pourtant le film se détourne de cette possibilité, et prend un autre chemin.

Le chemin d’une peinture de la famille, new-yorkaise, aisée. Le portrait de l’absence, et du poids que pèse ce vide dans la vie de ceux qui restent. Remember me n’est peut-être pas le film le plus approfondi sur la question, mais il a le mérite de ne pas se laisser emporter ou dépasser, de ne pas renoncer à la retenue, même lorsque le point de convergence final, bien amené, avec le sentiment d’étouffement qui convient, déboule et en tenterait plus d’un de basculer dans le pathos absolu. Non. Allen Coulter maintient le cap, et fait preuve d’une remarquable pudeur.
S’il s’emporte un peu dans l’emphase lors de quelques scènes, Pattinson s’en tire de son côté plutôt bien, tenant joliment tête aux vieux pros que sont Chris Cooper et Pierce Brosnan.

Remember me n’est pas Le patient anglais, loin s’en faut (quoi que je n'ai jamais revu Le patient anglais et ne sais pas comment il a vieilli...). Mais le masque derrière lequel on a voulu cacher le film d’Allen Coulter recèle un long-métrage bien plus attrayant que la Pattinsonmania aurait pu laisser deviner. Et ce genre de surprise me ravit toujours, même si je ne suis plus un adolescent de 15 ans.

5 commentaires:

Michael a dit…

FUCK ! C'est ce que je t'avais dit samedi !!! Je t'avais dit que ça sentait le bon film :-))))

I.D. a dit…

Le Patient Anglais... que dire si ce n'est que je déteste comme Elaine de la série Seinfeld^^. Ca me démangeait de le dire en voayant ce post tout les jours. ;)

David Tredler a dit…

Comme je dis, si ça se trouve, je le verrais aujourd'hui, je serais peut-être déçu par Le patient Anglais, mais en 1997, j'avais été soufflé ;-)

Knorc a dit…

Ah bon Pattinson ne fait pas que des navets ? lol

David Tredler a dit…

Apparemment non, Knorc !!!

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