Quoi, encore des films coréens ? Euh…. Oui. C’est comme ça, les festivals parisiens aiment le cinéma coréen, et j’avoue en être ravi. Après le Festival Franco-Coréen du Film en novembre dernier, le Forum des Images et sa manifestation « Un état du monde… et du cinéma » donne un coup de projecteur sur le pays d’Im Kwon Taek à travers une petite programmation intitulée « Corée : bouleversement d’une identité ».
Vendredi, deux films inédits dans les salles françaises étaient programmés : Hello, Stranger et Bandhobi. Chaque film avait comme thématique commune l’intégration dans la société coréenne pour un étranger, ou tout du moins le regard posé par les coréens sur celles et ceux qui ne sont pas leurs concitoyens. Un sujet universellement dans l’air du temps, à l’évidence.
Hello Stranger suit principalement trois personnages. L’un est un réfugié nord-coréen qui vient de sortir du centre d’intégration à la Corée du Sud par lequel passent les nord-coréens s’installant dans le sud ; un second est une conductrice de taxi elle aussi nord coréenne, mais intégrée au Sud depuis une décennie. Le dernier enfin est un vietnamien ne parlant pas un mot de coréen (enfin, presque), de passage dans le pays pour venir chercher sa petite amie qui, on le devine vite, a quitté le pays pour épouser un coréen.
Chacun de ces personnages devient à un moment ou un autre du récit le centre du film. En se penchant sur l’intégration des réfugiés du Nord dans la société coréenne, le réalisateur Kim Dong-Hyun touche à un sujet d’autant plus passionnant qu’il prend le parti d’en offrir deux visions, celle d’un petit nouveau, et celle d’une réfugiée installée de longue date. Au-delà de ce sujet passionnant, le réalisateur pêche par une trop grande errance narrative.
Il ne parvient pas à maîtriser le centre de son récit, se focalisant sur un personnage ou deux, laissant le troisième sur le bas-côté pendant plusieurs dizaines de minutes parfois, avant de renverser la vapeur et de changer point de focalisation, et ceci incessamment. Le film tire ainsi malheureusement en longueur, niant au récit toute possibilité d’emballer. Si les sujets abordés sont intéressants - le regard des sud-coréens sur les nord-coréens s’intégrant chez eux, et vice versa, l’exploitation d’étrangers venus de pays asiatiques en développement - ils perdent de leur force par l’incapacité du cinéaste à resserrer son intrigue et ses personnages. Dommage, car il recèle de belles choses, avant de s’enliser et de tourner un peu à vide.
Bandhobi est clairement un film plus réussi. Ce qui m’a surpris compte tenu que le précédent film du réalisateur Shin Dong-il était le fort déplaisant My friend and his wife, vu au Festival Franco-Coréen du Film cet automne. Bandhobi suit l’évolution de la relation, du mépris à l’affection, entre un immigré venu du Bangladesh, Karim, et une lycéenne coréenne solitaire, Min-Suh.
A travers ce couple assez improbable dans la société coréenne, Shin Dong-il s’intéresse au regard des coréens sur les étrangers, en particulier ceux venus d’un pays non occidental. La méfiance et l’incompréhension laissent rapidement la place à un racisme, parfois latent, souvent sans ménagement, de la part des coréens. Dans ce pays où la mixité est encore assez rare, où les étrangers sont presque invisibles en dehors de quelque touristes, la question de l’intégration est un sujet qui ira en grandissant.
Shin Dong-il le traite sous forme d’une comédie romantique sociale juste et sensible. Le cinéaste ne se contente pas de scruter en surface lorsqu’il se penche sur l’amitié qui se noue entre Karim et Min-Suh. Leur relation est aussi complexe que le cadre peu accueillant dans lequel ils évoluent, celui d’une société où l’on accepte mal qu’une jeune fille fréquente un étranger risquant d’être renvoyé chez lui un jour ou l’autre. Le film tire un peu en longueur sur la fin, mais on lui pardonne facilement, notamment grâce à un beau duo de comédien.
Bandhobi a récemment remporté le Grand Prix du Festival des Trois Continents à Nantes, peut-être sera-t-il distribué dans les salles françaises dans les mois à venir.
Vendredi, deux films inédits dans les salles françaises étaient programmés : Hello, Stranger et Bandhobi. Chaque film avait comme thématique commune l’intégration dans la société coréenne pour un étranger, ou tout du moins le regard posé par les coréens sur celles et ceux qui ne sont pas leurs concitoyens. Un sujet universellement dans l’air du temps, à l’évidence.
Hello Stranger suit principalement trois personnages. L’un est un réfugié nord-coréen qui vient de sortir du centre d’intégration à la Corée du Sud par lequel passent les nord-coréens s’installant dans le sud ; un second est une conductrice de taxi elle aussi nord coréenne, mais intégrée au Sud depuis une décennie. Le dernier enfin est un vietnamien ne parlant pas un mot de coréen (enfin, presque), de passage dans le pays pour venir chercher sa petite amie qui, on le devine vite, a quitté le pays pour épouser un coréen.
Chacun de ces personnages devient à un moment ou un autre du récit le centre du film. En se penchant sur l’intégration des réfugiés du Nord dans la société coréenne, le réalisateur Kim Dong-Hyun touche à un sujet d’autant plus passionnant qu’il prend le parti d’en offrir deux visions, celle d’un petit nouveau, et celle d’une réfugiée installée de longue date. Au-delà de ce sujet passionnant, le réalisateur pêche par une trop grande errance narrative.
Il ne parvient pas à maîtriser le centre de son récit, se focalisant sur un personnage ou deux, laissant le troisième sur le bas-côté pendant plusieurs dizaines de minutes parfois, avant de renverser la vapeur et de changer point de focalisation, et ceci incessamment. Le film tire ainsi malheureusement en longueur, niant au récit toute possibilité d’emballer. Si les sujets abordés sont intéressants - le regard des sud-coréens sur les nord-coréens s’intégrant chez eux, et vice versa, l’exploitation d’étrangers venus de pays asiatiques en développement - ils perdent de leur force par l’incapacité du cinéaste à resserrer son intrigue et ses personnages. Dommage, car il recèle de belles choses, avant de s’enliser et de tourner un peu à vide.
Bandhobi est clairement un film plus réussi. Ce qui m’a surpris compte tenu que le précédent film du réalisateur Shin Dong-il était le fort déplaisant My friend and his wife, vu au Festival Franco-Coréen du Film cet automne. Bandhobi suit l’évolution de la relation, du mépris à l’affection, entre un immigré venu du Bangladesh, Karim, et une lycéenne coréenne solitaire, Min-Suh.
A travers ce couple assez improbable dans la société coréenne, Shin Dong-il s’intéresse au regard des coréens sur les étrangers, en particulier ceux venus d’un pays non occidental. La méfiance et l’incompréhension laissent rapidement la place à un racisme, parfois latent, souvent sans ménagement, de la part des coréens. Dans ce pays où la mixité est encore assez rare, où les étrangers sont presque invisibles en dehors de quelque touristes, la question de l’intégration est un sujet qui ira en grandissant.
Shin Dong-il le traite sous forme d’une comédie romantique sociale juste et sensible. Le cinéaste ne se contente pas de scruter en surface lorsqu’il se penche sur l’amitié qui se noue entre Karim et Min-Suh. Leur relation est aussi complexe que le cadre peu accueillant dans lequel ils évoluent, celui d’une société où l’on accepte mal qu’une jeune fille fréquente un étranger risquant d’être renvoyé chez lui un jour ou l’autre. Le film tire un peu en longueur sur la fin, mais on lui pardonne facilement, notamment grâce à un beau duo de comédien.
Bandhobi a récemment remporté le Grand Prix du Festival des Trois Continents à Nantes, peut-être sera-t-il distribué dans les salles françaises dans les mois à venir.
6 commentaires:
Ha, je me rappelle avoir vu Hello Stranger à Pusan en 2007 je crois. Comme toi je l'avais trouvé intéressant mais il tirait trop en longueur, ce qui le rendait assez chiant. J'ai surtout aimé le passage entre les deux nord coréens dans le taxi.
Pour Bandhobi, il n'est pas vraiment inédit puisqu'il est passé au festival des 3 continents de Nantes en novembre.
Quand je dis "inédit dans les salles françaises" Gilles, j'entends que le film n'a pas été distribué en France.
Je sais bien que Bandhobi était à Nantes... je le dis même dans mon texte !!! (vraiment, fais-moi plaisir, lis les jusqu'au bout !) ;-)
Damned, j'ai pourtant lu la critique.
Un jour tu arriveras à lire le dernier paragraphe de mes posts ^_^
Un peu le même avis pour Hello Stranger. Plus que le changement de focal, je trouve qu'on suit principalement le nord coréen dans le film, qui était censé être une histoire de chorale dépeignant le parcours de plusieurs personnages... Son "nord coréanisme" est en plus forcé à l'extrême... l'accent notamment, trop appuyé pour être naturel, et sa découverte des produits du capitalisme (le pauvre galère à allumer une clope avec un briquet).
Même avis aussi pour Bandhobi, lent et long mais loin d'être dénué de tout charme...
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