Où est passé Johnnie To ? Combien d’amateurs de
cinéma hongkongais (et de cinéma tout court) se sont posé la question ces
derniers temps ? Il y a tellement de films à voir chaque jour, qui plus est
à Paris, que les mois peuvent filer avant que l’on se rende compte qu’un
cinéaste aussi prolifique que Johnnie To n’est plus à la mode auprès des
distributeurs français. Plus autant, tout du moins.
Souvenez-vous des années 2000, époque bénie si récente où
nous avions droit à notre Johnnie To annuel en salles. « The Mission »,
« Breaking News », « Election », « Exilé »… C’était devenu un
rendez-vous incontournable qui revenait tous les douze mois au même titre qu’un
Woody Allen ou un Hong Sang-soo (dans des genres
diamétralement opposés bien sûr), et le cinéaste était tellement ancré dans le
paysage cinématographique contemporain, ses films s’arrêtant au passage par les
compétitions cannoise ou vénitienne, que l’on aurait pu croire que les choses
continueraient ainsi pour longtemps encore.
Et puis un jour, on se réveille en se rendant compte que
les films de To se font moins présents dans les salles, menaçant de rester tout
simplement absents des grands écrans hexagonaux. Depuis Vengeance au printemps 2009, il y a donc cinq ans, seul un film du
réalisateur a eu droit à un passage sur grand écran en France, « La vie
sans principes », il y a deux ans.

L’opportunité de revoir enfin un film de Johnnie To en
salle obscure était irrésistible, qui plus est le bien réputé « Drug War ».
Le cinéaste hongkongais y suit un inspecteur des stups chinois tentant de
mettre la main sur un gros trafiquant, en utilisant un des hommes de main de
celui-ci qui s’est fait arrêter et risque la peine de mort. Sun Honglei et
Louis Koo prêtent respectivement leurs traits au flic et au prisonnier collabo
pour un film vient rappeler pourquoi on aime le cinéma de Johnnie To. Du cinéma
puissant, à l’intrigue alambiquée et pourtant limpide qui laisse la part belle
à la mise en scène. Avec comme point d’orgue un gunfight en pleine rue (avec
une utilisation des voitures réjouissantes), où le jusqu’auboutisme des coups
de feu échangés et des cadavres empilés confine au comique, alors qu’en
permanence la maîtrise de l’espace dans le cadre de To nous explose à la
figure.
Décidément, vivement le prochain Johnnie To sur grand
écran…