jeudi 28 janvier 2010

Enfance en Corée, enfance ballottée

2010 commence comme 2009 avait finit. Par une image de la Corée du Sud. Par une image de l’enfance. Celle d’une gamine qui apprend peu à peu à vivre sans ses parents. Celle d’une innocence contrariée par un brutal atterrissage dans une réalité niée. En 2009, c’était Treeless Mountain de Kim So Yong. En 2010, c’est Une vie toute neuve d’Ounie Lecomte.
Il est étrange que ces deux films soient sortis à une petite semaine d’intervalle, deux films si proches, presque le miroir l’un de l’autre. Ou plutôt presque la suite l’un de l’autre, tant il semble qu’Une vie toute neuve commence pour ainsi dire là où Treeless Mountain s’arrêtait.

Dans Treeless Mountain, deux petites filles se voient confiées par leur mère larguée maritalement et dépassée psychologiquement à une tante habitant une petite ville de province. La tante n’a pas vraiment les moyens de s’occuper des gamines, qui guettent inlassablement le retour de leur mère. Une vie toute neuve suit lui le parcours de Jin-Hee, qui croyait partir en voyage avec son père lorsqu’elle découvre que celui-ci la place en fait dans un orphelinat. Pendant que ses camarades rêvent de se faire adopter, Jin-Hee veut croire que son père ne l’a pas abandonnée, avant de devoir peu à peu se rendre à l’évidence.

Impossible de ne pas penser à l’un des films lorsque l’on voit l’autre, tant ils sont chacun le reflet d’une même histoire de l’enfance, d’une même histoire de la Corée. Celle d’adultes vivant difficilement, et abandonnant leurs enfants ; celle d’enfants dont l’insouciance est brisée par la détresse de leurs parents et leur abandon.
Treeless Mountain et Une vie toute neuve ont notamment en commun d’avoir un regard sur leur sujet posé à hauteur d’enfant. Une vision de la vie où l’innocence laisse vite la place à l’incompréhension, la tristesse, la colère.

Ces films sont ceux de l’enfance laissée à elle-même, ballottée dans un monde d’adultes qui semblent aussi paumés que les enfants, voire plus dans Treeless mountain. Ces enfants qui sont le cœur des films sont des gamines adorables en surface, mais que les réalisatrices respectives ne regardent jamais avec condescendance. La justesse est toujours privilégiée à la facilité, permettant à ces portraits d’enfance de faire mouche avec force et douceur à la fois.

Une belle surprise pour Treeless Mountain, le deuxième long-métrage de Kim So Yong, qui m’avait profondément ennuyé avec son précédent In between days, et qui me ravit tout à fait cette fois-ci. Au même titre qu’Ounie Lecomte, réalisatrice d’Une vie toute neuve, son premier long-métrage, produit par un maître du cinéma coréen, Lee Chang-Dong. Deux réalisatrices nées en Corée et ayant grandi en Occident (les États-Unis pour Kim So Yong, la France pour Ounie Lecomte). Deux beaux regards sur l’enfance abandonnée.

dimanche 24 janvier 2010

Sortir de l'ombre par un film de lumière(s)

La flemmardise aigue est une spirale qui peut paraître sans fin lorsqu’après vacances, maladie et fuite d’eau, courir à travers Paris pour rattraper tous les films que l’on a en retard permet de s’auto-justifier dans la non mise à jour d’un blog. Les jours passent, et l’on arrive à se convaincre que l’on n’a vraiment, vraiment pas le temps d’écrire. On commence deux ou trois posts, mais avec un tel esprit de perfectionnisme que la mise en ligne est sans cesse repoussée.

Et puis un jour boum. Non, plutôt BOUM. Il fallait bien que cela arrive, car cela arrive tout de même de temps en temps. On voit le film. Non je la refais. On voit LE film. Pas LE film de l’année, entendons-nous. Enfin si en l’occurrence, l’année commence, et pour le moment c’est celui-là le film de l’année. Mais bon, LE film qui donne envie de taquiner le clavier et noircir quelques lignes sur Word après de trop longs jours de flemmardise aigue, donc.

Samedi soir je l’ai vu, ce film (oui bien sûr les « on » du paragraphe précédent était en fait un « je » mal déguisé). Après avoir vu dans l’après-midi le beau Bright Star de Jane Campion et l’étrange, fascinant et bancal Mr Nobody de Jaco Van Dormael (qui mérite également que je parle de lui, une autre fois peut-être), je ressortis plus tard dans la soirée pour attraper un film en dernière séance aux Halles, histoire d’éviter la foule de la séance de 20h. Bien m’en a pris, pour conclure en beauté cette intéressante journée cinéphile.

Ce film c’est Agora, d’Alejandro Amenabar. Cet Alejandro Amenabar qui m’avait ébloui avec Ouvre les yeux et Les autres, avant de me décevoir par la facilité et le pathos de son Mar Adentro. Pour son cinquième long-métrage, le cinéaste espagnol s’est plongé, et nous avec, dans l’Alexandrie du 4ème siècle de notre ère. Une Alexandrie où la dominance païenne est bousculée par la montée du Christianisme, qui menace de renverser les rapports de force religieux et citoyens de la Cité de l’Empire romain.

Amenabar, en choisissant ce cadre, ce sujet, et cette protagoniste qu’est Hypatie, une philosophe astronome respectée à Alexandrie au 4ème siècle, a compris ce qui fait le sel et la force du film dit historique : celle de commenter la société présente par celle passée, et d’envisager le futur.
Agora, s’il est un grand film par le budget, par le soin apporté à la reconstitution et l’aspect visuel, ose aller plus loin qu’offrir un spectacle. C’est un film qui se passionne pour les balbutiements de la science (l’astronomie plus précisément) et la difficile coexistence des différentes religions. C’est un film que j’ai craint (en tant qu’athée), comme je crains souvent les films qui traitent de la foi et de la religion, parce que c’est un sujet hautement intéressant mais immanquablement casse-gueule.

Amenabar ne manque pourtant pas son rendez-vous avec le sujet. Il signe un film brave sur le questionnement. Questionnement de la foi bien sûr, mais au-delà de la question de la religion, questionnement de la connaissance. De ce que l’on prend pour acquis. Le questionnement perpétuel comme moteur d’une société qui réfléchit, qui avance, qui évolue. Cela n’a l’air de rien, mais placé dans le contexte d’une société où sciences et religions sont incontournables, le questionnement peut vite apparaître comme un concept au choix révolutionnaire, dangereux, primordial.

D’autant qu’Amenabar ne place pas ses regards annexes dans le vide non plus. Les rapports entre maîtres et esclaves et la place de la femme dans la société se disputent une place dans ce film qui n’a pas peur de nous embarquer dans une passion scientifique inattendue. Une passion qui n’éclipse jamais la force de la dramaturgie, mais au contraire la souligne et la met en valeur.

Qu’il est bon de commencer l’année par un film de cette qualité.

vendredi 8 janvier 2010

Mes 15 films de 2009

C’est la torture et le délice ultimes emprisonnés dans un même acte. Dresser la liste des meilleurs films de l’année. De mes films « préférés » devrais-je dire, dans une optique totalement subjective, à même d’être débattus et remis en question par d’autres. C’est ce qu’il y a d’emballant avec ce genre de classement, savoir que malgré les quelques films sur lesquels tout le monde va tomber d’accord, il y aura toujours un ou plusieurs films qui feront s’élever des voix. Tant mieux. Voici donc les quinze films qui m’ont le plus emballés l’année dernière. Qui pour succéder à Two Lovers ?

1. Gran Torino
de Clint Eastwood
Lorsqu’il ne doit en rester qu’un, c’est souvent lui. Clint Eastwood. Ex-star télé. Ex-anti-héros de westerns. Ex-incarnation républicaine. Aujourd’hui qu’est-il donc devenu, ce symbole du cinéma américain ? Peut-être son plus grand orfèvre, s’il l’on en juge par la régularité avec laquelle le bonhomme délivre les œuvres majeures. A l’image de Gran Torino, un sommet d’humanité et de maîtrise cinématographique, qui parvient à nous surprendre lorsque tout semble joué d’avance. Un grand film en toute simplicité, qui semble marquer une apogée pour Eastwood. Une de plus finalement.

2. L’étrange histoire de Benjamin Button
de David Fincher
La poésie n’est pas morte sur grand écran. David Fincher nous l’a prouvé en tournant une courte nouvelle de F. Scott Fitzgerald en un long-métrage d’une beauté ensorcelante. Il ne s’agit pas là d’une beauté strictement formelle, mais bien une épopée complexe brassant comme thèmes majeurs notre rapport au temps et à la mort. La richesse narrative qui se dégage de cette fresque séculaire est écrasante, fascinante, bouleversante. Contrairement à Gran Torino, lui était nommé aux Oscars l’année dernière. Il aurait dû battre à plates coutures Slumdog Millionaire.

3. The Chaser
de Na Hong-Jin
Un proxénète qui ne se soucie guère que de son argent remue ciel et terre pour retrouver une de ses « filles » qui a disparu. Rarement premier film aura été aussi âpre et profondément défaitiste. Trop au goût de certains. Son énergie monstre m’a attrapé et englouti dans un déluge de rage, de courses, d’injustices et de mélancolie. The Chaser pulse à cent à l’heure, dans l’action, dans l’émotion, et dans la dénonciation d’une machine policière et juridique qui débloque. Avec l’aide d’un comédien époustouflant, Kim Yoon Seok.

4. Un prophète
de Jacques Audiard
Qui eût cru que le cinéma français avait ça au fond de lui ? Une claque magistrale, une claque carcérale, une claque sociétale. Un examen minutieux, réduit et pourtant épique de la vie en prison, du royaume qu’elle représente. Tout le monde l’a dit, pourtant il est impossible de ne pas le répéter : Un prophète est ce qui est arrivé de mieux au cinéma français depuis un bout de temps. S’il y a une chose dont on ne peut pas s’étonner, c’est que ce pas en avant soit du fait de Jacques Audiard, qui n’a pas l’âge d’Eastwood, mais qui lui aussi se bonifie avec le temps.

5. The Box
de Richard Kelly
Après Donnie Darko, j’ai guetté toute goutte d’information, aussi infime soit-elle, renseignant sur les projets futurs de Richard Kelly. Je me souviens avoir attendu et attendu Southland Tales, sans jamais rien voir venir sinon un DVD, bien trop tard, il y a à peine quelques mois. Je me souviens avoir enragé lorsque Kelly a engagé Cameron Diaz et James Marsden pour les rôles principaux de The Box. Je me souviendrai surtout, désormais, être sorti de la projection du film avec la conviction d’avoir vu une œuvre ambitieuse et unique. Dont j’aurais bien du mal à me défaire.

6. A l’origine
de Xavier Gianolli
L’autre grand film français de l’année. Une œuvre spirale, un tourbillon qui nous entraîne dans l’escroquerie haletante d’un François Cluzet habité qui berne toute une ville. C’est le portrait d’une époque en crise, le portrait d’une souffrance collective soignée par des mots. Par une illusion. Si Un prophète confirme Audiard comme cinéaste majeur à mes yeux, A l’origine révèle Gianolli dans cette même posture (un cran en dessous tout de même), après une série de films sans grand intérêt. Un cinéaste est né avec ce film.

7. Star Trek
de JJ Abrams
Si l’on m’avait dit, il y a un an, que le nouveau Star Trek finirait parmi mes dix films préférés de l’année, je ne l’aurais pas cru. Impossible. Pas un film de cette saga avec des hommes de l’espace en costumes kitsch et parlant un langage seulement compréhensible des initiés. Pourtant je dois bien l’admettre, aucune aventure n’a été plus palpitante en 2009 que l’histoire de l’Enterprise et de son équipage. Le créateur de "Lost" a redoré le blason de la SF spatiale, qui était bien pâle depuis quelque temps. Et l’idée qu’une suite sera un de ces jours en préparation me fait déjà trépigner d’impatience.

8. Kinatay
de Brillante Mendoza
L’ascension du cinéaste philippin Brillante Mendoza sur la carte mondiale de la cinématographie est fulgurante. Tout le monde ne l’admire certainement pas, tant ses films peuvent se montrer noirs et durs comme la pierre, à l’image de Kinatay, mais qu’il est stimulant de découvrir, de film en film, un cinéaste qui manie sa caméra avec brio et pousse le spectateur dans ses retranchement par les sujets qu’il touche. « Thought provoking », diraient nos voisins anglo-saxons. Kinatay est une œuvre qui hante longtemps celui qui ose poser les yeux dessus de bout en bout. Kinatay me hante encore.

9. Là-haut
de Pete Docter et Bob Peterson
Quelle est leur recette ? Où puisent-t-ils les idées qui parcourent leurs films ? Les autres studios produisant des films d’animation doivent en faire des cauchemars la nuit. Car la maîtrise de Pixar sur l’animation 3D est totale, et chaque long-métrage apporte une pierre de plus à l’édifice admirable du studio, enchaînant les morceaux de bravoure grâce à des histoires au sens du récit et des personnages aiguisés à l’extrême. Les vingt premières minutes de Là-haut constitue l’un des plus beaux moments de cinéma de 2009. Sa plus belle histoire d’amour.

10. La ville fantôme
de David Koepp
Voilà peut-être le film dont la présence dans ce Top 10 est la plus étonnante de l’ensemble. Déjà parce que nous ne sommes qu’une poignée à avoir eu la chance de le voir en salles en France. Ensuite parce qu’il s’agit… d’une petite comédie new-yorkaise aux accents fantastiques. Petite peut-être, mais habité par une classe folle, par un amour de l’âge d’or hollywoodien, des comédies de Frank Capra et consort, qui fait que le charme est total. Quelle légèreté, quel swing, quel humour ! C’est parfois dans les films les plus inattendus (l’histoire d’un dentiste associable qui voit et peut communiquer avec les morts !) que l’on trouve les perles les plus inattendues.

11. L’imaginarium du docteur Parnassus
de Terry Gilliam
Terry Gilliam s’était un peu perdu en chemin, mais le voilà de retour au meilleur de sa forme, dans un labyrinthe foisonnant et fascinant dont les méandres ensorcellent. Il y a malheureusement perdu Heath Ledger, mais cette perte a nourri le film, et l’a transformé en une chimère imprévisible, riche de plusieurs niveaux de lecture, et d’un univers merveilleux prouvant que malgré les épreuves successives traversées par Gilliam, l’ancien Monty Python est encore un conteur hors pair. Son meilleur film depuis L’Armée des douze singes, il y a bientôt quinze ans.

12. Jusqu’en enfer
de Sam Raimi
Voilà un autre retour en force qui fait plaisir. Sam Raimi a fait un travail remarquable avec les deux premiers Spiderman (ne parlons pas du troisième en revanche…), mais le voir se cantonner à être le réalisateur attitré des films de l’homme araignée était une frustration immense pour les amateurs de son œuvre globale. Son retour à une bonne petite série B horrifique est une jubilation totale. Son Jusqu’en enfer est un film qui fout la frousse à l’ancienne, ne s’empêchant pas au passage de déclencher de bons éclats de rire et de pointer du doigt quelques travers de la société. Un vrai moment de plaisir.

13. District 9
de Neil Blomkamp
Pendant longtemps, je n’ai pas su ce qu’était ce District 9. Jusqu’à ce qu’un jour je tombe sur une bande-annonce sur Internet, et que le buzz commence à enfler. Une invasion extraterrestre dans laquelle les persécutés sont les envahisseurs ? Dans les faubourgs de Johannesburg ? Filmé comme un documentaire ? Produit par Peter Jackson ? Eh bien oui, District 9 c’est cela, aussi improbable un tel mix puisse-t-il sembler. Un film engagé qui choisit une forme incongrue de film de genre pour parler de l’Afrique du Sud bien sûr, mais surtout de la ségrégation quelle qu’elle soit. Et ça détonne.

14. Les beaux gosses
de Riad Sattouf
Voilà un autre film qui détonne, une comédie cette fois. Comme Un Prophète, Les Beaux Gosses ne ressemble à rien de ce qui s’était déjà fait dans le cinéma français ces dernières années. Un portrait de la jeunesse assez barré, voire totalement déluré, qui a su trouver un ton impeccablement contemporain sans pour autant se la jouer. Les personnages, les dialogues, les costumes, tout a été parfaitement pensé et créé dans ce premier film qui m’a offert quelques uns des plus mémorables pouffements de rire de l’année. J’en ricane encore sept mois plus tard.

15. Démineurs
de Kathryn Bigelow
Ceux qui croient que les poussées d’adrénaline sont rares au cinéma devraient voir cette petite bombe réalisée par l’une des rares représentantes de la gente féminine d’Hollywood osant s’attaquer à des « films d’hommes ». Bigelow a choisi l’Iraq et une escouade de démineurs américains pour concocter une course contre la mort des plus haletantes. Dans l’économie de mots, elle trouve un moyen de s’exprimer étonnant sur l’engagement en Iraq, et plus généralement sur l’effet de la guerre sur l’homme. Une plongée saisissante en enfer.

lundi 4 janvier 2010

Quelques bouffées de rire de 2009

Les personnages et performances cocasses sont rarement noyés sous les louanges de la part des festivals, des Césars, des Oscars ou des critiques lorsque vient le moment de saluer les grands moments de l’année. Pourtant ces bouffées d’air comiques, ces trublions qui viennent faire de l’ombre aux têtes d’affiche, moi je les adore. Du coup je réitère pour 2009 ce coup de projecteur sur les personnages et seconds rôles mémorables que j’avais initié il y a un an. Voilà donc celle et ceux qui ont entretenu mon amour du second rôle loufoque cette année. Enfin… l’année dernière maintenant.

Norman
Le film : Yes man
L’acteur : Rhys Darby (qui a également volé quelques scènes dans Good morning England)
Pourquoi il est génial : Norman est un pathétique flamboyant. Supérieur hiérarchique de Jim Carrey, il préfère se poser en ami qu’en patron, car le Jim est quand même plus cool que lui. Pour s’attirer sa sympathie, il fait de vaines tentatives d’humour plus pitoyables les unes que les autres, mais derrière cette façade de gros geek peu sociable qui organise en permanence des soirées à thèmes chez lui (Harry Potter, 300…) Norm est un bon gars sympathique.

La mamma
Le film : Le déjeuner du 15 août
L’actrice : Valeria de Franciscis
Pourquoi elle est géniale : Dans l’irrésistible comédie de Gianni di Gregorio, le réalisateur interprète un quinqua qui se retrouve avec toutes les vieilles du quartier sur le dos le 15 août. Mais la vieille la plus insupportable, c’est tout de même sa mère, vieille peau ayant abusé du soleil qui ne supporte pas les autres et préfère rester dans sa chambre à regarder la télé. Les crises qu’elle pique pour garder son pré carré est savoureux.

Tonton Maurice
Le film : Simon Konianski
L’acteur : Abraham Leber
Pourquoi il est génial : C’est LE personnage de 2009. Un vieil oncle juif paranoïaque, qui accompagne son neveu sur les routes d’Europe de l’est avec l’intime conviction qu’il est surveillé partout où il va. Il se traîne rarement hors de chez lui, et arbore toujours une perruque blonde disco sur les bords particulièrement seyante, afin de ne pas se faire repérer. Le voir engueuler, en allemand et sans sous-titres, un policier d’outre-rhin qui a le malheur de faire un contrôle routier, est un délice.

Dug
Le film : Là-haut
La voix : Bob Peterson
Pourquoi il est génial : Des animaux qui parlent, ce n’est pas rare au cinéma. Mais ce chien n’est pas comme les autres, et le fait qu’il parle est aussi étrange à nos oreilles qu’à celles des personnages humains du film. Et ce cher Dug exprime à voix haute absolument TOUT ce qui lui passe par la tête. Ce qui donne lieu au gimmick le plus génial de l’année, dont on ne se lasse pas, l’obsession des chiens pour les écureuils. « Squirrel !! ».

Lieutenant Aldo Raines
Le film : Inglorious Basterds
L’acteur : Brad Pitt
Pourquoi il est génial : Alors qu’on l’attendait en héros, Brad Pitt se fait rare à l'écran et joue les seconds couteaux de luxe. Contre toute attente, la star sert d’effet comique au film de Tarantino. Son Lieutenant Aldo Raines est un guerrier abruti qui révèle tout son potentiel comique lorsqu’il s’exprime en italien en étant persuadé d’être crédible. Son « Arrivaderci » est monumental.

Malcolm Tucker
Le film : In the loop
L’acteur : Peter Capaldi
Pourquoi il est génial : c’est la verve faite homme que ce Malcolm Tucker. Mais pas n’importe quelle verve. Une verve vulgaire, crachant son venin sans répit à toute personne dotée de suffisamment d’oreille pour entendre sa volubilité outrageante. Si outrageante que c’en devient un délice pour toute personne aimant en découvrir toujours plus sur la langue de Shakespeare. Ouvrez grand les oreilles dès que Tucker ouvre la bouche !

Nader
Le film : Les chats persans
L’acteur : Hamed Behdad
Pourquoi il est génial : Nader est l’âme des Chats Persans. C’est un insaisissable qui court aux quatre coins de Téhéran avec une fierté pour ceux qui peuplent son pays qui est communicative. C’est un showman à qui rien ne semble impossible pour déjouer les interdictions du régime iranien. Pas même ressortir libre du bureau de la censure qui vient de l’arrêter en flagrant délit de recel et est prêt à l’emprisonner et le punir à coups de fouets (contre toute attente, à hurler de rire). Son énergie et ses talents d’orateurs en font un régal de tous les instants qui colle parfaitement à ce film qui bout de qualités.

dimanche 3 janvier 2010

Le cinéma en 2009, c'était ça

Après avoir fait la fête pour clore en beauté l’année écoulée, et attaquer la suivante avec énergie, les premiers jours de janvier sont traditionnellement occupés, pour tout toqué de cinéma qui se respecte, à faire le bilan des 365 jours qui viennent de s’enfuir. Comme l’année dernière, voici donc (en attendant le classement de mes films préférés de l’année) un inventaire de pensées, constatations et avis futiles et tout à fait personnels sur l’année cinéma 2009…

- Clint Eastwood tourne désormais aussi souvent que Woody Allen. Sauf que quand Clint fait un film, c'est invariablement un des dix meilleurs de l'année. Je dis ça mais juste cette année, le Woody était bon aussi.

- Quand les critiques préviennent « C’est nul » mais que j’insiste parce que bizarrement ça me tente, il vaudrait parfois mieux que je me fie aux critiques : Far North, Les cavaliers de l’Apocalypse, Blood the last vampire, c’était quand même bien nul tout ça…

- Le Festival de Cannes a couronné un acteur qui a fait carrière dans les séries télé allemandes, Derrick, Le Renard, and co. Et il le mérite en plus ce prix. A côté de ça ce n’est pas le meilleur film de la compétition qui a décroché la Palme, mais bon ça on finit par avoir l’habitude maintenant…

- Dont believe the hype : Slumdog Millionaire, Watchmen, Good morning England, Bronson, 500 jours ensemble, Les herbes folles ? Faut arrêter de s’exciter sur ces films là, franchement…

- Les acteurs français peuvent être renversants : Tahar Rahim dans Un Prophète. François Cluzet dans A l’origine. Yvan Attal dans Rapt.

- Jim Carrey peut-il encore faire rire ? Yes Man !

- Les vieux sont les personnages les plus drôles au cinéma : la vieille mère grillée par le soleil et obsédée par sa télé du Déjeuner du 15 août, le vieil oncle Maurice persuadé d’être sous surveillance de Simon Konianski. Crises de fous rires garanties.

- Cela dit, rien ne m’aura fait plus rire cette année que la séquence SM du documentaire Toute l’histoire de mes échecs sexuels. Tous ceux présents dans la salle ce jour-là doivent encore se rappeler de mes éclats de rire ininterrompus qui m’ont presque envoyés au tapis.

- Bollywood est enfin revenu dans les salles françaises. Manque de bol, ils nous en ont filé un décevant, Saawariya.

- Le cinéma japonais est d’une délicatesse exquise : Tokyo Sonata, Still Walking, Departures, Air Doll, Piano Forest. Cela faisait longtemps que le pays du soleil levant n’avait pas aligné une telle qualité dans les salles françaises.

- Johnnie To, c’est mieux sans Johnny Hallyday, même si l’affiche est belle.

- Nicolas Cage et sa moumoute sont peut-être les rois du nanar hollywoodien, mais Prédictions c’était top !!! Le dénouement le plus couillu de l’année Hollywoodienne !

- Parfois la comédie française paraît beauf, et nous surprend agréablement en ne l’étant pas : Erreur de la banque en votre faveur, Incognito. Parfois la comédie française nous paraît emballante, et l’est effectivement : Les Beaux Gosses, Tellement proches.

- Un film avec Zac Efron, ça peut être sympa, même si c’est surtout grâce à Thomas Lennon. Pourquoi on le voit pas plus souvent celui-là ?! (souvenez-vous le lieutenant Dangle de Reno 911, c’est lui)

- Star Trek, avant, c’était nul. Mais plus maintenant.

- Zach Galifianakis est devenu en un film le mec le plus strange. Du monde. Malgré la sacoche d’Indiana Jones.

- La HD est encore loin d’être un format convaincant. Sauf si c’est Francis Ford Coppola qui tient la caméra et qu’il adopte le noir et blanc.

- Pour la deuxième fois dans ma vie, j’ai aimé un Harry Potter. Si si.

- Une histoire d’amour est encore plus belle lorsqu’elle est racontée en accéléré par les magiciens de Pixar.

- J’irais bien en Corée tous les ans rien que pour aller voir des films coréens qui ne sortiront jamais en France. Merci pour les sous-titres anglais !

- C’était plus marrant de jouer avec les GI Joes gamin que d’aller voir le film adulte. Malgré Dennis Quaid.

- Will Ferrell et Danny McBride sont les mecs les plus drôles du cinéma, mais si c’est pour faire Le monde (presque) perdu, il vaut mieux qu’ils ne travaillent plus ensemble.

- J’ai adoré Dans Paris. J’ai adoré Les Chansons d’amour. Mais qu’est-ce que j’ai pu détester Non ma fille tu n’iras pas danser

- Je ne pensais pas le dire un jour, mais le cinéma iranien est d’une fraîcheur enthousiasmante. Il ne fait pas bon être contestataire en Iran, mais qu’il est bon être spectateur devant un film iranien. Foncez voir Les chats persans pour le constater, si vous n’avez pas déjà vu A propos d’Elly. En plus Les Chats Persans, c’est LA bande originale de l’année.

- Vous aimez les polars angoissants ? L’Australie vous fascine ? Pourquoi n’êtes-vous pas allé voir The Square et Acolytes alors ? En même temps vous n’avez pas raté grand-chose…

- Le cinéma coréen n’est pas fantastique à tous les coups, comme nous l’a rappelé Thirst de Park Chan-Wook.

- Scott Bakula n’a pas disparu !!! Je l’ai vu dans un film avec Matt Damon !!! Un film de Steven Soderbergh !!! Ce dernier étant au passage officiellement le cinéaste le plus prolifique de 2009 : Che, Guerilla, Girlfriend Experience, The Informant ! En plus de cela, les quatre films sont bons. Parce que sinon j’ai aussi vu trois films du coréen Lee Myung Se, mais là tous les trois étaient mauvais…

- J’ai vu quatre fois Dennis Quaid au cinéma cette année, et ça fait bien plaisir.

- Une suite, ça peut être bien des fois (OSS 117 Rion ne répond plus). Ou pas (Transformers 2, The Descent 2).

- Le nouveau Jean-Pierre Jeunet m’a déçu, et ça ce n’était pas arrivé depuis… depuis… bah en fait ça ne m’était jamais arrivé.

- Je ne savais pas qu’il pouvait être bon acteur James Marsden. Eh bien pourtant il l'est.

- Ma rencontre la plus inattendue dans une salle de cinéma cette année ? Leelee Sobieski, vue dans Eyes Wide Shut ou cette année dans Public Enemies, que j’ai été halluciné de voir assise derrière moi à une séance de l’hilarant Religolo de Larry Charles, au MK2 Quai de Loire. Ou bien était-ce Quai de Seine ? C’est quand même mieux que Maïwenn Le Besco, y a pas à dire.

- Désormais au palmarès des films qui m’ont fait le plus pleurer dans ma vie entre Marley et moi. Et je sais que je ne suis pas le seul, ne faites pas la fine bouche…

- Si je pouvais, je verrais tous les classiques du cinéma que je n’ai jamais vus en copie restaurée dans l’impressionnante salle du Max Linder Panorama.

- La plus belle affiche de l’année ? Celle de The Wrestler, of course. Mickey Rourke, appuyé sur le ring, avec cette lumière flottant dans la pénombre… Je l’accrocherais bien à mon mur.

- Je l’ai vu deux fois en festivals en 2009, mais il n’est toujours pas sorti en salles : Breathless. Sinon vous pouvez être sûrs qu’il serait classé haut dans mes films préférés de l’année. Tout comme Moon de Duncan Jones, qui ne sortira qu’en 2010 et perd ainsi sa place dans mon Top 2009…
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