Chaque année, à peine le Festival de Cannes achevé, les cinéphiles parisiens n’ayant pas eu la chance de descendre sur la Croisette faire une dégustation de films ont droit à une séance de rattrapage. Pendant que le Forum des Images programme tous les films présentés à la Quinzaine des Réalisateurs, le Reflet Médicis reprend Un Certain Regard. Un rendez-vous incontournable pour découvrir les films, des mois avant leur sortie en salles. Les festivités se sont ouvertes mercredi 27 juin, et ma première tentation a été Air Doll, le nouveau long-métrage de Kore-Eda Hirokazu.
Sur le papier, cela semblait forcément partir vers une comédie, à mille lieues de ce à quoi le cinéaste japonais nous avait jusqu’ici habitué. Après tout, comment l’histoire d’une poupée gonflable prenant soudainement forme humaine et tombant amoureuse d’un jeune employé de vidéo club (dans le dos de son propriétaire plus âgé) pouvait-elle offrir autre chose que des rires ? La rupture avec les thèmes chers à Kore-Eda semblait inévitable.
Pourtant, étonnamment, pour qui est familier de l’œuvre du réalisateur, Air Doll se glisse avec une évidence incroyable dans la continuité de la filmographie du japonais. L’absence, la mort, la transmission du savoir, des traditions, des valeurs, sont des thèmes essentiels dans l’œuvre de Kore-Eda, et Air Doll, avec cet objet sexuel découvrant sans prévenir la vie et tous ses composants, les sentiments, les sensations, la peur, la réalité d’une fin commune à tous, s’inscrit tout à fait dans la continuité d’œuvres telles que After Life ou Still Walking.
Et comme toujours chez ce cinéaste, ces thèmes aussi sombres sont abordés avec une délicatesse et une grâce qui élèvent le film vers une poésie fascinante. Croisant et décroisant les personnages par fines touches, Air Doll s’intéresse au vide qui emplit nos vies, et nos propres interrogations sur la fragilité, la vacuité de l’existence.
Plus que par les longues tirades et les dialogues existentiels, et c’est cela qui offre au film sa grâce, c’est par les gestes, par l’expression des corps, par ce qu’on ne voit pas ou ne dit pas à l’écran que le cinéaste s’exprime. Air Doll est un film sensoriel, s’inscrivant dans la veine du court métrage « Shaking Tokyo » de Bong Joon-Ho, présent dans Tokyo ! (un des plus grands moments de cinéma de 2008). Chez Bong aussi, le sensoriel avait une place prépondérante. Sous le regard de Kore-Eda, jamais un geste aussi simple que le souffle aura semblé si érotique, apportant la vie, soulageant la douleur, et procurant une certaine forme d’extase.
Sur le papier, cela semblait forcément partir vers une comédie, à mille lieues de ce à quoi le cinéaste japonais nous avait jusqu’ici habitué. Après tout, comment l’histoire d’une poupée gonflable prenant soudainement forme humaine et tombant amoureuse d’un jeune employé de vidéo club (dans le dos de son propriétaire plus âgé) pouvait-elle offrir autre chose que des rires ? La rupture avec les thèmes chers à Kore-Eda semblait inévitable.
Pourtant, étonnamment, pour qui est familier de l’œuvre du réalisateur, Air Doll se glisse avec une évidence incroyable dans la continuité de la filmographie du japonais. L’absence, la mort, la transmission du savoir, des traditions, des valeurs, sont des thèmes essentiels dans l’œuvre de Kore-Eda, et Air Doll, avec cet objet sexuel découvrant sans prévenir la vie et tous ses composants, les sentiments, les sensations, la peur, la réalité d’une fin commune à tous, s’inscrit tout à fait dans la continuité d’œuvres telles que After Life ou Still Walking.
Et comme toujours chez ce cinéaste, ces thèmes aussi sombres sont abordés avec une délicatesse et une grâce qui élèvent le film vers une poésie fascinante. Croisant et décroisant les personnages par fines touches, Air Doll s’intéresse au vide qui emplit nos vies, et nos propres interrogations sur la fragilité, la vacuité de l’existence.
Plus que par les longues tirades et les dialogues existentiels, et c’est cela qui offre au film sa grâce, c’est par les gestes, par l’expression des corps, par ce qu’on ne voit pas ou ne dit pas à l’écran que le cinéaste s’exprime. Air Doll est un film sensoriel, s’inscrivant dans la veine du court métrage « Shaking Tokyo » de Bong Joon-Ho, présent dans Tokyo ! (un des plus grands moments de cinéma de 2008). Chez Bong aussi, le sensoriel avait une place prépondérante. Sous le regard de Kore-Eda, jamais un geste aussi simple que le souffle aura semblé si érotique, apportant la vie, soulageant la douleur, et procurant une certaine forme d’extase.
Seul bémol au film, une partie du dénouement est en trop, maladroite, ratée. Une idée qui a pu sembler bonne sur le papier mais qui casse la rythmique poétique et sensorielle de l’aboutissement. C’est dommage, mais pardonnable compte tenue de la qualité globale de l’œuvre.
D’autant que le réalisateur a eu l’excellente idée de confier le rôle titre à Bae-doo Na, comédienne coréenne absente des écrans depuis The Host voilà trois ans. Elle offre à Nozomi la poupée douée de vie son physique iconoclaste, irradiant d’une beauté insoupçonnée lorsque son visage s’illumine de curiosité ou transpire de joie (plus d’une fois dans le plus simple appareil).
Mon rattrapage cannois débute de fort belle manière. Demain, mon compte-rendu de Mother, le nouveau film de Bong Joon-Ho, vu ce soir…
D’autant que le réalisateur a eu l’excellente idée de confier le rôle titre à Bae-doo Na, comédienne coréenne absente des écrans depuis The Host voilà trois ans. Elle offre à Nozomi la poupée douée de vie son physique iconoclaste, irradiant d’une beauté insoupçonnée lorsque son visage s’illumine de curiosité ou transpire de joie (plus d’une fois dans le plus simple appareil).
Mon rattrapage cannois débute de fort belle manière. Demain, mon compte-rendu de Mother, le nouveau film de Bong Joon-Ho, vu ce soir…
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