vendredi 31 décembre 2010

Un 31 décembre de plus...

Tous les ans, c'est la même histoire. La cloche a sonné, l'année s'est écoulée, et avant de commencer à jeter un œil sur 2011, vite vite, il faut tirer un trait sur 2010. Voir les derniers films qui valent d'être vus (The sound of noise hier soir, une incongruité dont j'espère avoir le temps de vous parler à un moment). Faire le bilan de ce qu'on a vu, de ce qu'on a aimé passionnément, de ce qu'on a détesté, de ces instants de cinéma qui se sont trouvés une place dans nos yeux et nos mémoires pour les années à venir.

Aujourd'hui 2010 prend fin. On s'affaire tous à préparer notre dernière soirée de l'année, festive et longue si possible. Il me reste encore deux ou trois films à voir avant d'être prêt à faire le bilan de cette année cinéma. Dresser les incontournables listes de ce que je retiendrai des douze derniers mois, ainsi que de ce dont je me serais bien passé…

Pendant ce temps il y en a une qui ne se soucie guère de tout cela, c'est Gong Li. Qu'est-ce que Gong Li vient faire là-dedans ? La belle actrice chinoise fête aujourd'hui ses 45 ans. 45 ans ! Gong Li a 45 ans ! Vous y croyez vous ? Je la revois, jeune, splendide et déchirante chez Zhang Yimou et Chen Kaige, dans Épouses et concubines et Adieu ma concubine. Je la revois, il y a si peu, plus magnifique que jamais, dans La Cité interdite ou Miami Vice. Gong Li a 45 ans, une année de plus se tourne, pour elle et pour le cinéma. La semaine prochaine, la fête sera finie, et je vous dirai tout ce que j'aurai retenu de 2010. Oui je sais ce billet ne sert à rien, mais j'avais envie d'écrire en ce dernier jour de l'année, et je n'ai pas le temps de faire plus, que voulez-vous...
(comment cela l'incursion de Gong Li dans ce billet est intrusive ?!)

lundi 27 décembre 2010

Alain Delon s'est perdu...

Il y a quelques jours, je lisais une interview d’Alain Delon dans Le Journal du Dimanche à l’occasion de la sortie en salle de la version restaurée du Guépard. Bien sûr l’acteur y parlait essentiellement du film de Luchino Visconti, du tournage, de Claudia Cardinale… mais en fin d’interview, la conversation en est arrivée à la carrière actuelle de Delon, ou plutôt sa non-carrière. Sur le fait que Delon dise la plupart du temps « non » aux propositions cinématographiques qui lui sont faites. Sur ce point, le comédien prétend ne recevoir que de mauvais scénarios et préférer ne pas faire les films de trop, laissant au public l’image qu’il peut avoir de lui par ses films passés.

Hum… c’est à se demander si Delon s’entend parler, ou bien s’il a jeté un coup d’œil sur sa filmographie ces dernières années. S’il a bien lu les projets qu’on lui a proposés et qu’il a refusés, et ceux qu’il a acceptés. D’après ses dires, Delon n’aurait donc accepté que la crème de la crème, préférant délaisser ce qui sent mauvais ? Je voue une grande admiration à l’acteur qu’a été Alain Delon, ses collaborations avec Visconti ou Melville, mais là, j’ai bien peur que Delon débloque. Rappel des faits : ces cinq dernières années Alain Delon n’a accepté de jouer que dans un seul long-métrage, et un téléfilm. Le premier était l’inénarrable Astérix aux Jeux Olympiques, dans lequel Delon s’autoparodiait avec lourdeur en Jules César. Le second, une production TF1 dont la tête d’affiche était… la chanteuse Lorie.

Voilà donc ce que Delon a estimé être à la hauteur de son patrimoine cinématographique. Voilà ce qu’il estime être digne de celui qu’il a été, cet acteur charismatique qui incarnait à la fois la séduction, le mystère et l’audace. Celui dont la silhouette a hanté avec magnétisme Le Samouraï de Melville, celui dont le regard bleu perçant naviguait entre charme et dangerosité dans Plein Soleil de Clément. Alain Delon a été ce grand acteur qu’il clame sans cesse être à qui veut bien l’entendre. Oui, même si son comportement peut désoler, il a été ce grand acteur. Il a électrisé l’écran dans Rocco et ses frères, Les aventuriers, Le cercle rouge et Monsieur Klein.

Mais Alain Delon a perdu le fil de son talent. Il s’est perdu. Il refuse ce qu’il ne devrait pas refuser et embrasse des projets qui ne font que l’enfoncer dans la ringardise. Il a laissé passé l’occasion d’interpréter le mentor de Mesrine face à Vincent Cassel, dit non à Johnnie To pour Vengeance et son rôle de père vengeur (rôle échouant à un Johnny Hallyday à côté de la plaque), et plus récemment planté Olivier Marchal et Alexandre Astier, balançant à ce dernier qu’il valait mieux qu’il choisisse entre faire l’acteur et le réalisateur sur le projet qu’il lui amenait sur un plateau d’argent, comme si le scénariste, producteur, réalisateur et interprète de Kaamelott n’avait pas déjà montré qu’il savait assurer en assumant plusieurs casquettes.

Alain Delon a eu le nez à une époque pour se faire une place dans ce que le cinéma français, et européen, offrait de meilleur. Il a eu le talent pour s’imposer comme l’un des acteurs les plus importants de sa génération. Mais Delon a mal vieilli. Il a perdu le nez et le talent. Un jour peut-être, il prendra un malin plaisir à me contredire. Et la vérité, c’est que je ne demande que ça.

mercredi 22 décembre 2010

Un bonhomme de neige tueur et un cinémaniaque à l'Absurde Séance...

Voilà un bout de temps que L’Absurde Séance me faisait envie. Pour ceux qui ne connaitraient pas, L’Absurde Séance, c’est une séance de minuit hebdomadaire au Nouveau Latina, rue du Temple, consacrée aux nanars ou à ce qui s’en approche. Chaque semaine, des aficionados de séries Z cultes ou appelées à le devenir se réunissent dans le cinéma du Marais pour un ou plusieurs films précédés de bandes-annonces de longs-métrages du même acabit, le tout dans une ambiance bon enfant, agitée, une bonne soirée entre potes se permettant de commenter le film parce qu’on est un peu là pour ça. Je n’y étais jamais allé, mais en ancien amateur (ça remonte à trop loin !) du Cinéma Bis de la Cinémathèque, du temps où ces doubles séances de nanars avaient lieu dans la salle des Grands Boulevards, je me devais bien un jour ou l’autre de m’y rendre.

Rendez-vous fut pris avec une amie connaisseuse de l’Absurde, et nous voici à trois parés pour une séance de minuit débridée. Le film ce soir-là était en pleine thématique Noël, parfait pour la saison : Jack Frost. Un petit film de bonhomme de neige serial killer de sous les fagots dont vous me direz des nouvelles : un tueur en série qui a terrorisé le pays en enchaînant des meurtres plus sanglants les uns que les autres est en route vers la prison où il sera exécuté. Mais il neige fortement le soir de son transfert, et son convoi entre en collision avec un camion transportant une substance classée secret défense. Dans l’accident, Jack Frost (le tueur en question), voit le contenu de la fameuse substance se déverser sur lui et le liquéfier en quelques secondes. Mais il n’est pas mort. Le voilà capable de prendre différentes formes dérivées de l’eau : neige, glace, vapeur… Transformé en bonhomme de neige, il retourne dans la ville où il a été arrêté pour se venger du shérif qui l’a mis sous les verrous…

Voilà ce à quoi on se préparait samedi soir. Certains des habitués venaient costumés pour l’occasion, et tout à coup, je me suis senti revenu l’année dernière lorsque j’avais goûté au Rocky Horror Picture Show au Studio Galande. L’esprit est clairement le même, l’animation pendant le film en moins. Toujours est-il que samedi soir, alors que mes amies et moi attendions l’ouverture des portes, qui vois-je arriver à la caisse, petit pull léger aux manches retroussées, espadrilles aux pieds et deux sacs à la main ? Eh oui, l’inénarrable Homme aux Sacs Plastiques. L’Homme aux espadrilles (qu’il vente, qu’il neige, il ne se chausse pas autrement semble-t-il…). Plastic Man. Appelez-le comme vous voulez, mais quel que soit son nom, il répond toujours présent pour un film rare ou une projection spéciale. Et vu comme il discutait avec l’un des organisateurs de la soirée, il semble évident que l’homme aux sacs plastiques est un habitué de l’Absurde Séance. Ce qui ne m’étonne pas, en fin de compte, lui qui hante la Cinémathèque, lieu par excellence du Cinéma Bis.

Mais ce soir-là, l’homme aux sacs plastiques se fait entendre. Arrivé sur place, il découvre que Jack Frost est projeté en VF. « C’est pas possible, c’est nul ! Je suis resté exprès à Paris pour le voir, si j’avais su qu’il était en VO je serais parti ! Je devais prendre un train aujourd’hui, mais je suis resté exprès pour ça ! Pffff… ». Bien sûr, c’est un coup de gueule d’habitué que tout le monde prend avec le sourire. On sait bien qu’il va tout de même rester et aller se poster à son habituel premier rang... Après tout, c’est un fait, les bons gros nanars sont encore meilleurs en VF, avec un doublage forcé !

Entrés en salle, tandis que tout le monde prend place, l’homme aux sacs plastiques va effectivement se poster directement à son premier rang ! Pendant qu’un des organisateurs présente la soirée et annonce le programme des Absurdes Séances à venir (dont une spéciale Dolph Lundgren qui me fait, je l’avoue, très envie !), Plastic Man y va de ses commentaires, je le vois s’agiter vers le présentateur, mais je suis trop loin pour l’entendre. Moment de rire, lorsque le présentateur annonce qu’ils passeront prochainement Top Gun de Tony Scott et organiseront pour l’occasion un concours de sosies de Tom Cruise (excellent !). A cet instant, le Père Noël (bah oui c’est comme ça qu’était déguisé le présentateur de la soirée !) se tourne vers notre ami du premier rang et dit : « Toi je sais pas si tu sais mais tu ferais un bon sosie de Tom Cruise ! T’as la carrure… ». Mes amies rient, et moi aussi, tout en me disant qu’il n’a pas tort, Père Noël, il pourrait avoir quelque chose l’homme aux sacs plastiques…

Le film commence finalement, et notre bon gros nanar se met en place sous nos yeux. Un zeste de ridicule, une pincée de mauvais acteurs, un chouia de n’importe quoi, et voici que notre bonhomme de neige tueur déchaîne les passions dans la salle, surtout lorsqu’il a affaire à Shannon Elizabeth, immortalisée seins à l’air dans American Pie et qui apparaissait ici en jeune débutante peu farouche ayant une triste fin à peine dénudée dans la salle de bain. Bien sûr, le film se clôt avec une perche tendue pour une éventuelle suite, qui a bien été tournée trois ans plus tard, en 2000, avec la même distribution (pour ceux qui s’en sont sortis…). Mais L’Absurde Séance s’arrêtait là, à 2 heures du matin.

Comme à son habitude, une fois le générique de fin terminé et la salle rallumée, l’homme aux sacs plastiques attrapait ses affaires et détalait comme un fou. On pourrait croire que c’était pour espérer attraper le dernier métro, mais le connaissant, je sais bien qu’il en est toujours ainsi. Je ne sais pas s’il aura plus de chances que moi et mes amies, qui n’avons eu ni métro, ni bus de nuit à cause des intempéries. Mais une bonne marche à pied dans le froid et la neige, à 2 heures du mat’, après Jack Frost, fut finalement une belle façon de terminer la nuit…

mardi 21 décembre 2010

J'ai vu le tout dernier film de David Carradine

« Le comédien David Carradine est décédé ». Ces mots résonnent à la radio dans les premières secondes de Stretch, le dernier film qu’aura tourné… David Carradine. En juin 2009, l’acteur américain est mort dans la chambre de son hôtel de Bangkok dans des circonstances qui ont fait couler beaucoup d’encre à l’époque. S’il était à Bangkok, c’était pour le tournage de Stretch, le nouveau film de Charles de Meaux. Bien sûr, la disparition soudaine et inattendue de Carradine a quelque peu bouleversé les plans du film, qui s’est retrouvé en deuil de l’une de ses têtes d’affiche.

Difficile de dire quelle était l’importance initiale du rôle tenu par l’acteur dans le scénario de Charles de Meaux, mais ce qui est sûr c’est que les deux scènes qui lui restent dans le montage de Stretch rendent la participation de Carradine quasi anecdotique. Le réalisateur a réécrit le film pour que le scénario ne pâtisse pas trop de sa disparition. Bien sûr tout cela va marquer Stretch, qui sera à jamais le film sur le tournage duquel l’acteur de Kill Bill est décédé, éclipsant probablement le film pour ce qu’il est. J’en joue moi-même en consacrant les premières lignes de ce billet à cet aspect du film.

Pourtant il ne s’agit pas là d’un film anecdotique. Du moins ne faut-il pas prendre le caractère hautement sordide du décès à Bangkok d’un acteur comme Carradine, dont la carrière a plus consisté en des séries B oubliables qu’en de grands films, au cours du tournage d’une production franco-thaïlandaise, pour la marque d’un tout-venant dans lequel on était en droit d’attendre l’acteur ces derniers temps. Non. Stretch n’est pas une série B cheap du bout du monde. C’est un étrange objet cinématographique qui tient beaucoup plus de l’expérimentation que du confort. A la vision du film, impossible de ne pas penser à un moment ou à un autre au cinéma d’Apichatpong Weerasethakul, cinéaste qui a été maintes fois produit par le réalisateur de Stretch, Charles de Meaux. Quel que soit le sens de la filiation entre les deux hommes, il y a quelque chose dans le film de de Meaux qui rappelle le cinéaste thaïlandais.

C’est très étrange car ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais en allant voir Stretch. Pouvais-je vraiment m’attendre à cela en ne connaissant quasiment pas Charles de Meaux et en lisant le synopsis du film : un jeune jockey français, exclu pour six mois des courses hexagonales pour un contrôle toxicologique positif, part tenter sa chance à Macao, ville de paris et d’argent. Là-bas, son statut de débutant est oublié et il devient vite une star des hippodromes, accumulant les victoires et la notoriété. Mais le jockey n’est pas maître de son destin, et nombreux sont ceux qui veulent une part de son succès.

Avec un pitch pareil, difficile d’imaginer que l’on va se trouver devant un film plus expérimental que classique, pourtant le constat est rapide. Charles de Meaux s’intéresse peu à une intrigue linéaire standard. Ce qui semble le motiver, c’est l’exploration des maux de l’être humain embarqué sur un chemin mettant à mal ses points de repères, le poussant à tester ses limites. Plus que l’intrigue, ce qui intéresse de Meaux, c’est d’observer un homme face à lui-même, face à ses convictions, ses doutes, ses possibilités. Et en chemin, se laisser divaguer, se laisser absorber par l’atmosphère des pistes de courses françaises, des rues lumineuses de Macao. Oui, Stretch est décidément un étrange film. Stylistiquement, le film se balade encore plus. Son image HD et son travail sonore si étrange accentuent l’impression d’errance.

Pourtant Stretch est loin d’emporter mon adhésion. Le film me laisse plus dubitatif qu’admiratif. Déjà parce que le scénario (sur lequel a travaillé l’auteur Douglas « Génération X » Coupland !) semble s’être mal accommodé du décès brutal de David Carradine. Si Terry Gilliam a magnifiquement prouvé l’année dernière avec L’imaginarium du Docteur Parnassus qu’un film peut se relever et puiser une énergie formidable après la perte d’un de ses comédiens, Stretch a du mal à faire le deuil de ce personnage énigmatique que campe Carradine et qui en l’état se révèle finalement vain. Ensuite parce qu’avec toutes ses errances stylistiques, ces textos apparaissant à l’écran, ces voix-off narratives de seconds rôles se faisant entendre sans prévenir, ces ellipses parcourant étrangement l’intrigue, Charles de Meaux nous perd un peu en cours de route. Si le cinéma si particulier d’Apichatpong Weerasethakul ne sied pas au spectateur que je suis, j’y trouve tout de même une cohérence cinématographique de par son épuration formelle et scénaristique. Avec Stretch, Charles de Meaux veut à la fois effleurer ce cinéma contemplatif et réflectif tout en nous emportant dans une intrigue de paris et de corruption dans le monde des courses hippiques. Or ses désirs scénaristiques et son approche stylistique cohabitent sans vraiment fusionner.

La déception est le sentiment qui domine le plus en sortant de Stretch, car si la sauce ne prend pas, on y perçoit une ambition inattendue laissant tout de même la place à quelques beaux instants cinématographiques. Certes le film ne convainc pas, mais il tente, et c’est déjà une belle chose. Fabien Onteniente travaille à un projet de film sur le milieu des courses hippiques lui aussi, et il est facile d’imaginer que ce film-là n’aura même pas le mérite d’essayer d’être une œuvre cinématographique unique. Et je préfère nettement sortir déçu d’un film comme Stretch (qui sort en salles le 12 janvier prochain) qui aura au moins exploré des zones filmiques incongrues plutôt qu’aller voir un film ne promettant que de l’ordinaire.

dimanche 19 décembre 2010

Steven Seagal est énorme

Ce qu’il y a de bien avec Robert Rodriguez, c’est qu’il joue le jeu de la série B à fond. Le réalisateur n’a jamais aspiré (pour le moment ?) à faire autre chose que de la série B, de la bonne série B sanglante, sexy et stylisée. C’est lorsqu’il se donne complètement dans cet esprit là qu’il est le meilleur. Une nuit en enfer, Sin City, Planète Terreur en sont les illustrations parfaites. Machete, tiré d’une fausse bande-annonce qu’il avait tourné pour Grindhouse - la version américaine de Planète Terreur et Boulevard de la mort en un double film entrecoupé de fausses bandes-annonces alléchantes - perpétue l’accomplissement de Rodriguez dans le genre.

Et moi ce que j’adore plus que tout chez Rodriguez, c’est qu’il va chercher les acteurs qui ont la gueule de l’emploi, quel que soit leur statut à Hollywood. Il est allé chercher Mickey Rourke pour Sin City, Jeff Fahey et Michael Biehn pour Planète Terreur… Pour Machete, il a fait encore plus fort. Il est allé chercher Steven Seagal. Oui, ce Steven Seagal, le seul et unique. L’ex-gloire du cinéma d’action au légendaire jeu de bras. Celui qui cartonnait avec Nico et Piège en Haute mer et est depuis devenu un roi, que dis-je, un empereur du nanar à deux balles pour vidéoclubs. Comme toutes les stars du cinéma d’action des années 80 et 90, Seagal est parti en décrépitude et est tombé aux oubliettes. Plus de place pour ce genre de mec dans le cinéma américain. Trop ring’, trop beauf, trop macho, trop ridicule. Mais ça, Robert Rodriguez s’en fout. Seagal a une gueule, une carrure et un passé qui peuvent parfaitement nourrir un personnage.

Alors Rodriguez a fait de Seagal le grand méchant de Machete, son délire qui transfigure la série B. Il a même pour l’occasion donné le rôle principal à son vieux pote et cousin Danny Trejo, une des tronches les plus burinées du cinéma américain, qui manque rarement un film de Rodriguez et se voit ainsi propulsé tête d’affiche. Machete est un ancien flic mexicain dont la famille a été tuée par Torrez, un baron de la drogue locale qui laisse notre héros pour mort. Trois ans plus tard, Machete est un immigré clandestin au Texas, et alors qu’il fait profil bas, il va devoir à nouveau lutter contre le crime et la corruption (et accessoirement calmer ces donzelles sexy qui se jettent étrangement sur lui). Une lutte qui va de nouveau le mettre sur le chemin de Torrez… Et vous l’aurez deviné, Torrez, c’est notre cher Steven. Il a vieilli, plutôt mal, engoncé dans ses chemises et laissant deviner une silhouette bien arrondie. Mais avec cet accent mexicain lâchant des « pendejo » et « cabron » à tout va, avec cette stature de bad guy qui tient tout le monde à sa botte, et avec quelques coups de sabre bien sentis, il tient son rôle à la perfection, et le plaisir est grand à le voir hanter le film ainsi, au premier comme au second degré.

Il n’est pas le seul invité surprise de la fête, avec une Lindsay Lohan offrant ses charmes entre deux cures et un Don Johnson tout à fait méconnaissable et lui aussi impérial en salaud. Ils se fondent impeccablement dans un festival de jubilation, un enchaînement de décapitations, énucléations, crucifixions dont la jouissance n’a d’égale que les répliques décomplexées qui fusent. L’apothéose de ce festival de répliques qui tuent étant le déjà célèbre « Machete don’t text ! ». Gloire à Robert Rodriguez et son amour des gueules de cinéma !

vendredi 17 décembre 2010

En 1947 aussi, on savait photographier un film...

Ca sert à cela, les ressorties en version restaurée de vieux films. A tordre le cou à certaines idées reçues, du moins à certains préjugés. Comme celui qu’un film des années 40 n’avait à priori pas la puissance visuelle d’un film des années 80, 90 ou 2000. Encore plus des années 2000, une époque où désormais il suffit pour certains d’appuyer sur une touche d’ordinateur pour travailler les teintes de l’image et perfectionner la photographie d’un film. Comment un film tourné en studios en 1947 pourrait-il rivaliser avec ce que le cinéma épique a pu offrir ces trente dernières années, n’est-ce pas ?

Eh bien voilà, pour ceux qui croiraient qu’un film réalisé il y a plus de soixante ans ne peut pas mettre une claque visuelle, quelques salles passent ces jours-ci Le narcisse noir, réalisé en 1947. Et croyez-moi, vous allez être surpris. J’ai été surpris. Sur ce bel écran de l’Élysée Lincoln, la puissance du film de Michael Powell et Emeric Pressburger m’a éclaté au visage. Et dire qu’à la base je n’avais pas spécialement l’intention de voir cette reprise... Je m’étais déjà laissé décourager par Les chaussons rouges du fait de la thématique en tutu (je sais, je suis un idiot), je me sentais moyennement motivé pour aller suivre une poignée de nonnes allant ouvrir un dispensaire dans un village reculé d’Himalaya.

C’est sur la recommandation d’un ami anglais (et de sa femme) habitant au pays où l’on filme les hobbits, lui qui m’en avait parlé quelques jours plus tôt sans savoir que le film serait bientôt à ma portée à Paris (comment peut-il le savoir lui qui habite en Terre du Milieu ?), que je me suis décidé à aller voir Le narcisse noir. Regardez cette affiche. Ce plan absolument ahurissant d’une de ces nonnes, interprétée par Deborah Kerr, défiant le vide himalayen à ses pieds, sous sa cloche. L’image est forte et représente bien ce qu’offre le film visuellement. Un éclat de chaque instant, des plans d’une rare beauté sur ces angles plongeant d’une cité haut perchée. La photographie du film en met plein les yeux.

Mais si ce n’était que ça, le film ne serait qu’un exercice de style brillant (de 1947 !!! ah je l’ai déjà dit ?). Or, Powell et Pressburger tissent, en même temps qu’ils peignent, une intrigue à l’atmosphère peu à peu étouffante et incroyablement anxiogène. C’est le dérèglement de la machine croyante. La mission qui tourne à la déconfiture. Le clash culturel entre les nonnes et cette peuplade qu’elles ne parviennent à convertir. C’est surtout la crise d’une de ces nonnes, Sœur Ruth, peu fiable et questionnant sérieusement ses vœux, qui va peu à peu s’assombrir jusqu’à devenir ce Narcisse Noir. La tension vers laquelle tendent les réalisateurs est intenable lors du dernier acte climacique du long-métrage.

S’il est difficile de croire que ce film a été réalisé en 1947 tant son audace visuelle laisse pantois, cette date est également regrettable. Car face à ce spectacle flamboyant, je rêvais de cinémascope, ce format panoramique qui ne débarqua au cinéma que dans les années 50 et aurait rendu l’impact du Narcisse Noir encore plus fort. Aaaaah, si seulement… Mais que cela n’empêche pas les jeunes cinéphiles obtus à aller s’ouvrir devant ce si beau Narcisse noir…

jeudi 16 décembre 2010

Mais c'est quoi ces Golden Globes ?!

A Hollywood, les représentants locaux de la presse étrangère (française, japonaise, italienne, allemande…) ont un pouvoir qui revient chaque année. Ils décernent les Golden Globes. Des prix récompensant l’industrie du cinéma et de la télévision préfigurant dès l’annonce des nominations les futurs candidats aux Oscars, à quelques exceptions près. Les Golden Globes donnent le pouls des récompenses de fin d’année et ont un certain poids dans l’industrie Hollywoodienne. Les nominations pour les Golden Globes 2011, récompensant ce que la presse étrangère basée à Hollywood considère donc comme le meilleur de ce qui est sorti aux États-Unis en 2010, vient de tomber. Et avec cette fameuse liste, une question : les votants savent-ils ce qu’ils font ?

Ce n’est pas la première année que certains choix de la Hollywood Foreign Press Association laissent dubitatifs, mais cette année, les votants se sont déchaînés dans la catégorie comédie, comme s’ils voulaient absolument qu’on questionne leur légitimité. Que les catégories dramatiques soient dominées par The Social Network, Inception, Le discours d’un roi, Black Swan ou The Fighter ne surprend pas, et ceux qui sont encore inédits en France se révèleront peut-être, sûrement, des prétendants tout à fait légitimes aux prix de fin d’année. Mais la particularité des Golden Globes, c’est que drames et comédies ne s’opposent pas et concourent dans leurs catégories propres. Meilleur Drame d’un côté, Meilleure comédie / film musical de l’autre. Meilleur acteur dans un drame d’un côté, Meilleur acteur dans une comédie de l’autre. Et si les films précités dominent logiquement côté drame (même si l’on peut s’étonner de l’absence du nouveau film des Coen, True Grit, ou de la représentation discrète de 127 heures de Danny Boyle), les films et comédiens nommés côté comédie surprennent.

Et de la surprise nait l’agacement. Les cinq films nommés pour le Golden Globe du Meilleur Film catégorie comédie / film musical sont les suivants : Alice au pays des merveilles, Tout va bien - the kids are alright, Burlesque, The Tourist et RED. Je n’ai rien à redire à la présence de The Kids are alright, et je m’abstiendrais de commenter RED, que je n’ai pas encore vu et qui a une réputation plutôt sympa. En revanche, le remake inutile d’Anthony Zimmer, la comédie musicale avec Cher et Christina Aguilera déjà éreintée de partout, et la ridicule relecture de Lewis Caroll par Tim Burton, sont trois incroyables invraisemblances parmi ces nominations, qui sont accompagnées du côté des acteurs par les nominations de Johnny Depp à deux reprises dans la catégorie Meilleur Acteur dans une comédie, pour Alice ET pour The Tourist. Angelina Jolie est quant à elle nommée au Golden Globe de la Meilleure actrice dans une comédie pour The Tourist.

Ces nominations sont tellement invraisemblables que j’ai parcouru la liste des films qui auraient pu prétendre à de telles nominations mais en ont été privées, et il apparaît clairement qu’il y a un problème au sein de la Hollywood Foreign Press Association. Ont-ils la mémoire si courte qu’ils nomment des films récents comme The Tourist et Burlesque ? Ont-ils tant envie de voir des stars du calibre de Johnny Depp et Angelina Jolie qu’ils en oublient des comédies moins récentes ou sans stars aussi importantes ? Non, le niveau des comédies hollywoodiennes n’étaient pas nulles à ce point en 2010. Il y a même eu des comédies délicieusement réussies cette année. Il y a eu l’irrésistible jubilation de Kick Ass. Il y a eu le second degré jouissif de Night & Day. Il y a eu le génial foutoir d’American Trip. Il y a même eu les festivités carnivores réjouissantes de Piranha 3D. Et Very Bad Cops. Et Scott Pilgrim. Non, décidément, 2010 a eu son lot de films qui auraient eu toute légitimité à se trouver nommés aux Golden Globes en lieu et place de The Tourist, Burlesque ou Alice au Pays des Merveilles.

C’est quoi, les Golden Globes ? Une association de vendus atteints d’Alzheimer et dopés à la star. Virez-les tous.

mardi 14 décembre 2010

Rendez-vous avec Philip Seymour Hoffman

La première fois que j’ai vu Philip Seymour Hoffman sur grand écran, il courait après les cyclones au côté de Bill Paxton et Helen Hunt. Pourtant ce n’est pas mon premier souvenir de Philip Seymour Hoffman. Ca ne l’est pas car il faut bien avouer qu’aussi fun qu’ait pu être Twister pour l’ado de 14 ans que j’étais à l’époque, le film de Jan de Bont n’est pas franchement mémorable au-delà des fureurs climatiques dans lesquels il nous plongeait. Du coup, la première image qui me vient en tête si l’on me demande quel est mon premier souvenir de Philip Seymour Hoffman, j’oublie en général sa participation à la chasse aux tornades, je le vois bien loin des plaines de l’Oklahoma. Il est dans un studio, cheveux longs et lisses, casque vissé sur les oreilles, appuyé à une perche, attendant de prendre le son sur le tournage d’un film porno.

Cette première image qui m’est gravée, elle est extraite de Boogie Nights de Paul Thomas Anderson. Entre Mark Wahlberg qui jouait le jeune premier bien monté, Julianne Moore l’actrice star et Burt Reynolds le réalisateur ringard, Philip Seymour Hoffman était une nouvelle tête du cinéma indépendant américain, fascinant, dérangeant, touchant. Près de treize ans plus tard, après The Big Lebowski, Presque célèbre, La 25ème heure, Truman Capote, 7h58 ce samedi-là, je vois Philip Seymour Hoffman descendre sous mes yeux les escaliers de la salle 10 de l'UGC Ciné Cité Les Halles, sous un tonnerre d’applaudissements qui n’en finit pas. Hoffman se tient devant nous, attend la fin de l’ovation avec timidité. Lorsque celle-ci s’achève, il a du mal à prendre la parole. Son premier film en tant que réalisateur, Rendez-vous l’été prochain, n’a pas encore été projeté qu’il voit devant lui un public acquis à sa cause.

Quelques minutes auparavant, le directeur de la salle était venu nous demander de réserver un accueil triomphal à cet acteur rare, mais j’imagine mal qu’il ait fallu ces mots pour que tous les spectateurs venus assister à cette avant-première aient eu envie d’acclamer celui qui, ces treize dernières années, s’est érigé parmi les acteurs les plus talentueux du cinéma américain. Des acteurs se lançant dans la réalisation, il y a en a eu dans l’histoire de ce cinéma, justement. Et contre toute attente, la plupart du temps, les comédiens se révèlent souvent excellents derrière la caméra. De Charles Laughton à Ben Affleck, la liste est longue, qu’ils n’en aient réalisé qu’un ou qu’ils soient devenus cinéastes à part entière, les acteurs réservent généralement de belles surprises de l’autre côté de la caméra.

Les acteurs véhiculant une certaine image, une certaine cohérence dans leur carrière, il est facile d’imaginer parfois quel genre de film ils vont réaliser une fois passés de l’autre côté. Rendez-vous l’été prochain, intitulé Jack goes boating en VO, n’est pourtant pas le film que j’aurais imaginé pour Philip Seymour Hoffman. Cet acteur s’épanouissant dans le cinéma d’auteur (oui bon je sais il a aussi fait le méchant dans Mission impossible III…), je ne l’aurais sûrement pas vu s’atteler à une comédie romantique new-yorkaise. C’est pourtant ce qu’est essentiellement son premier film de réalisateur. Attention, il ne s’agit pas là d’une comédie romantique dans laquelle on pourrait caser Ashton Kutcher et Katherine Heigl (au hasard…). Il s’agit bien là d’une comédie adulte sérieuse (bien que bourrée d’humour).

Ce qui surprend le plus de la part d’Hoffman, c’est que son film flotte dans la mélancolie, dans cette atmosphère spleen que l’on est plus habitué à voir dans des films de trentenaires à la Garden State que dans des histoires de couples quadra se faisant ou se défaisant sous la neige new-yorkaise. Rendez-vous l’été prochain raconte deux couples, l’un établi mais prêt à tanguer, l’autre en devenir mais avançant avec timidité. Les premiers aident les seconds à se trouver alors qu’eux-mêmes ont du mal à gérer leurs propres problèmes.

Hoffman interprète lui-même le personnage central de Jack, quadra tendre et timide, passionné de reggae insatisfait comme son meilleur ami de sa petite vie, œuvrant à lâcher son job de chauffeur et à trouver le grand amour en la personne de Connie, qui elle-même a bien du mal à aller vers les hommes. Pour la séduire, Jack décide d’apprendre à cuisiner et à nager, pour l’emmener faire une balade en bateau lorsque l’été viendra. Si Hoffman ne montre pas l’assurance dont certains de ses compères acteurs ont pu faire preuve en réalisant leur premier long, il affiche une sincérité séduisante. Il s’entoure d’une petite troupe de comédiens pour des joutes verbales bien senties tout en laissant un doux sentiment parcourir l’échine de son film, grâce à des images posées, grâce à une bande-son réjouissante, grâce à une simplicité et une émotion qui transparaissent. Grâce à une fin abrupte et délicate qui affirme une voix singulière dans le genre.

Certes le film est mineur, certes il est déséquilibré tant son dernier acte semble disproportionné par rapport au rythme du film jusque-là (avec une séquence de dîner bien trop longue à la fin), mais Rendez-vous l’été prochain séduit, par ses personnages d’égarés conférant gravité et nonchalance à une comédie qui n’en est peut-être pas une. Hoffman n’était pas là en fin de projection, mardi soir, pour recevoir une nouvelle salve d’applaudissements des spectateurs. Mais qu’importe. L’acteur fétiche de Paul Thomas Anderson n’aura pas eu besoin de cela pour comprendre qu’à Paris, on aime les comédies new-yorkaises… Mais cela, le monde entier le sait, non ?

(P.S. : le film sort le 29 décembre !)

mercredi 8 décembre 2010

Les jeunes aiment le cinéma ukrainien

Peut-être aurais-je dû finir le titre de ce billet par un point d’interrogation. Car c’est une question que je me suis posé en allant voir My Joy. Lorsque le film de Sergei Loznitsa était passé par Cannes, en compétition pour la Palme d’Or en mai dernier, ma curiosité avait été éveillée par ce qui ressemblait à un étrange objet cinématographique. Le film est sorti il y a quelques semaines dans l’indifférence la plus totale des spectateurs français, ce qui a très vite rendu difficile l’accomplissement de mon envie de voir le film. Moins d’un mois après sa sortie, seul le MK2 Parnasse le projetait encore, et seulement à 16h40.

Je ne peux pas non plus faire le grand étonné lorsque l’on parle d’un film Ukrainien de 2h07, le succès aurait certainement été plus étonnant que ce dédain du public. Après tout, le film est même revenu du Festival de Cannes bredouille. En me rendant en plein après-midi d’un jour de semaine au MK2 Parnasse, je m’attendais donc à ne trouver à mes cotés dans la salle que quelques cinéphiles curieux et une poignée de vieux (eh oui, pour les films d’art et essai en journée, i y a toujours des vieux). Or si j’ai bien trouvé mes cinéphiles et mes vieux, j’ai également trouvé un échantillon étonnamment conséquent de jeunes. Et par jeunes, je n’entends pas des mecs de 29 ans comme moi, mais bien des gamins à peine sortis du lycée qui devaient avoir entre 17 et 20 ans.

Mais que se passe-t-il chez les (post)ados aujourd’hui ? Ils viennent en bande voir un film ukrainien de plus deux heures ?! Pendant un moment je me suis demandé si je n’étais pas entré par erreur dans une salle programmant Harry Potter, avec ma petite dizaine de spectateurs nés dans les années 90. Et c’est qu’ils sont restés en plus, ils ne se sont pas démontés, ils ne s’étaient pas trompés de salle, ils ne se sont pas lassés et enfuis en cours de route. Non, ils sont bien restés. Ils ont regardé avec moi cette odyssée ukrainienne à travers la campagne et le temps, un film incroyablement maîtrisé et intrinsèquement fou dans lequel un routier perd peu à peu pied sur les routes, à la rencontre d’hommes et de femmes au contact desquels sa nature va être mise à rude épreuve. Le scénario est l’un des plus élaborés qu’il m’ait été donné de voir à l’écran cette année, un scénario dont la maîtrise est surlignée par une mise en scène implacable dont le caractère posé cache un sang bouillonnant.

Reste que le film est lent et que son propos est si riche qu’il déconcerte et égare, d’où mon étonnement à ne pas entendre moufter ces deux bandes de post-ados plantés là, dans cette même salle, alors que j’ai plutôt l’habitude de devoir supporter des ados élevés au pop-corn et aux sms en plein film. Ca fait plaisir de savoir qu’il y a des curieux dans toutes les générations de cinéphiles. Et cela me pousse à me poser la question : quelle a été mon premier vrai acte cinéphile ? Quelle a été ma première envie de cinéma différent, un cinéma ne parlant ni anglais, ni français, un cinéma que je ne serais pas allé voir poussé par ma mère. Une simple envie personnelle d’un cinéma d’ailleurs qui ouvrant à un autre horizon que celui du cinéma français ou américain qui marquent tous les ados.

Je crois que cet acte cinéphile a eu lieu pour moi à l’automne 2000, lorsque je suis allé seul, pour satisfaire une envie qui m’était propre, deux films d’auteur asiatiques. C’était Yi Yi d’Edward Yang et In the mood for love de Wong Kar Wai. Il y a à peine plus de dix ans. Il y a dix ans, j’aimais les films chinois (je les aime toujours). Aujourd’hui, je suis heureux d’aimer un film ukrainien.

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