mardi 13 janvier 2009

Mes films préférés de 2008

C'est la tradition. Comme chaque année à cette période, le temps du bilan culmine en une tentative excitante, frustrante, et jamais pleinement satisfaisante, de dégager ceux qui ont été, d'un oeil tout à fait subjectif, les meilleurs films de l'année. 2008 restera pour moi une année étrange, où mes films préférés préférés s'avèrent étonnamment interchangeables dans ce classement, du moins dans les premières places. Et les meilleurs sont...

1. Two Lovers
Le film le plus maîtrisé dans sa forme, le plus ambitieux et complexe malgré sa relative simplicité narrative, celui qui m’habite le plus encore aujourd’hui, c’est celui-ci. Trois personnages au cœur d’un triangle amoureux qui pourrait sembler conventionnel. Pourtant il n’y a rien de conventionnel chez James Gray. Son film intimiste est écrit avec l’âpreté de la tragédie et filmé avec le tempo d’un polar. C’est une petite histoire qu’un cinéaste remarquable transforme en grand film.




2. Juno
Il y a beaucoup de cinéphiles qui pensent que la réputation de Juno est nettement surévaluée. Désolé pour ceux-là, mais en février dernier, je suis tombé amoureux de Juno. Je suis tombé amoureux d’un film qui a su magnifiquement parler plusieurs langages. Le langage de la comédie pure, celui de la chronique sociétale, de la romance, et bien sûr un langage que le cinéma a souvent du mal à maîtriser, le langage geek. Cet étrange mélange a accouché d’une bouffée d’air cinématographique réjouissante.




3. The Mist
LE film de genre de 2008. La claque la plus inattendue et ahurissante qu’Hollywood nous ait infligé. La première pensée qui m’a traversé après le film fût « Comment quelqu’un à Hollywood a laissé Frank Darabont réaliser un film aussi sombre ??? ». Incroyable. The Mist, c’est le dénouement le plus choquant qu’Hollywood ait produit ces dernières années. Mais ce n’est pas que ça. C’est aussi une réflexion décapante sur les conflits humains, sur la nature du mal et sur le fanatisme. C’est LA bombe de 2008.





4. Into the Wild
Into the Wild n’est pas un film dont je suis sorti en me disant « Voilà un des grands films de l’année ». Ce sentiment a grandi au fil des mois, car plus que la plupart des œuvres vues cette année, la nouvelle réalisation de Sean Penn ne m’a pas quittée. Un an après sa sortie, je perçois encore parfaitement toutes les scènes, tous les personnages, tous les sentiments nés de ce film. Une odyssée humaine qui a su allumer quelque chose au plus profond de nous. Au plus profond de moi.



5. Le premier jour du reste de ta vie
Le seul représentant français dans ce classement. Après le délicieux Ma vie en l’air il y a quelques années, j’attendais impatiemment la seconde réalisation de Rémi Bezançon. Le résultat n’a rien à voir avec un simple film délicieux. Narrativement, Le premier jour est passionnant, mais c’est surtout intrinsèquement qu’il remue tout ceux qui ont grandi dans une famille imparfaite (ça fait du monde !). J’entends déjà les plus pointus railler cette chronique familiale… Tant pis pour eux.




6. Le Bon, la Brute, le Cinglé
Depuis 2004, au moins un film coréen figure parmi mes dix longs-métrages préférés de l’année écoulée (en 2004, il y en avait même trois). 2008 était sur le point de faire exception, jusqu’à la sortie du « western kimchi » de Kim Jee-Woon. Explosif, épique, hilarant, Le Bon, la Brute, le Cinglé a débarqué en catimini pour s’imposer comme le divertissement le plus jouissif que le grand écran ait connu en 2008. Un festival d’aventures qui file une pêche monstre, et donne une envie folle de cinéma.




J’ai beau être un amateur de comédies américaines, je place rarement les films du genre si haut dans mes classements. Mais voilà, Délire Express m’a soufflé. Je m’attendais à me bidonner un bon coup, et le film m’a offert bien plus que cela. Il m’a offert un portrait non seulement hilarant, mais aussi d’une grande sagesse, sur l’amitié masculine. Il m’a offert un film d’aventures d’un rythme effréné et totalement imprévisible. Enfin il m’a offert le personnage le plus délirant, stupide et attachant de l’année.




8. Shotgun Stories
Shotgun Stories est le tout premier film sorti en 2008 que j’ai vu, au cours de la première semaine de janvier. Je me doutais qu’un an plus tard, il figurerait parmi mes préférés de l’année. Comment pouvait-il en être autrement lorsque l’influence évidente de ce premier film de Jeff Nichols se situe du coté de Terrence Malick. Un portrait âpre d’une famille dans les décors couleurs des champs du sud des Etats-Unis, explorant avec force réflexion la violence du pays de l’Oncle Sam. L’œuvre d’un futur grand cinéaste.




9. The Visitor
Cette histoire d’un professeur veuf et amorphe qui reprend peu à peu goût à la vie au contact de clandestins était si prometteuse que je craignais une déception qui ne s’est pas présentée. La grande qualité du film de Tom McCarthy, c’est de ne jamais chercher autre chose que la simplicité et la justesse. De là découle une grande finesse dans l’écriture, dans la mise en scène, et dans l’interprétation. S’il y a une justice à Hollywood, Richard Jenkins sera nommé à l’Oscar du Meilleur Acteur.



10. REC
Le cinéma d’horreur n’est pas ma spécialité. J’ai de grosses lacunes dans le genre, je suis le premier à l’avouer. Donc quand je m’emballe pour un film du genre, c’est fort. REC m’a véritablement happé. C’est à l’évidence le film à avoir le mieux capté les possibilités offertes par une caméra unique et subjective dans le déroulement narratif d’un film. Je ne m’étais pas trouvé aussi terrifié au cinéma depuis Le Projet Blair Witch voilà bientôt dix ans. Cloverfield et ses clichés scénaristiques peut aller se rhabiller.

11. My name is Hallam Foe
L’une des plus belles surprises de l’année. Maintes fois repoussé, ce petit film écossais est enfin sorti à l’aube de l’été, sans que grand monde aille le voir, malheureusement. La facilité serait de se contenter de dire qu’il s’agit d’un film hitchcockien moderne, alors que le film a son identité propre. Le portrait d’un adolescent qui se cherche dans une grande ville glacée, dans le microcosme d’un hôtel. Un vrai film d’atmosphère, subjuguant, amer, sexy. Jamie Bell grandit et continue de faire des choix de carrière judicieux.

12. There Will Be Blood
En allant voir le nouveau film de Paul Thomas Anderson, j’étais persuadé, devant l’ampleur du projet et de sa réputation, qu’au final ce serait soit le meilleur film de l’année, soit le plus décevant. Ce n’est ni l’un ni l’autre. En fait il pourrait fort bien être le meilleur film de l’année, mais il va me falloir plus de temps pour revoir et digérer cette œuvre monstrueuse, dont l’ambition formelle n’a d’égal que l’investissement de Daniel Day-Lewis dans le rôle principal, la performance la plus imposante de l’année.

13. The Dark Knight
Tout a été dit sur la suite de Batman Begins. Que c’est le plus grand film de super héros de tous les temps, que sa complexité et son ambition transcendent le film de genre, qu’Heath Ledger y délivre la performance de l’année… ou bien au contraire que sa réputation est quelque peu usurpée. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit de la plus sombre adaptation de comic book qui soit, poussant la réflexion sur la lutte du bien et du mal dans des recoins rarement explorés au cinéma. Ledger ? Inoubliable.

14. A bord du Darjeeling Limited
Je suis un inconditionnel de Wes Anderson. Ses personnages me parlent, son humour me fait constamment glousser de plaisir, et son sens de l’absurde est ultra développé (j’adore l’absurde). Ces qualités se retrouvent dans TOUTES ses œuvres, et Darjeeling Limited ne fût pas une exception. Ce périple indien de trois frères si loin et pourtant si proches passe des rires aux larmes avec une aisance remarquable. Les affres de la famille et l’obsession de la mort, voilà la recette miracle de Wes Anderson.

15. Tokyo !
Il s’en est fallu d’un sketch pour que Tokyo ! figure beaucoup, beaucoup plus haut dans ce classement. Après l’ouverture avec le sympathique mais anecdotique Gondry vient la gifle Carax, OVNI fascinant, surréaliste, hilarant. Puis vient l’explosion de poésie. La petite touche de grâce apportée par le segment du coréen Bong Joon-Ho, décidément un des meilleurs cinéastes au monde. S’il avait fait de son sketch un long-métrage, il aurait peut-être été le meilleur film de l’année.

16. Soyez sympas, rembobinez
Michel Gondry est le seul cinéaste à avoir deux films parmi mes préférés de l’année. Mais si son court-métrage dans Tokyo ! n’était pas à la hauteur de ceux de ses collègues, son long-métrage est une réussite totale. Je suis allé voir Soyez sympas rembobinez pour Gondry bien sûr, mais aussi pour le fun incroyable promis par le pitch : deux amis qui retournent à leur sauce des classiques du cinéma hollywoodien. Un magnifique hommage au cinéma et à la vie de quartier. Un régal.

17. Un été avec Coo
Le succès en France des longs-métrages du maître Hayao Miyazaki pousse les distributeurs français à offrir plus de places aux autres animes japonais Après les deux bijoux découverts en 2007, Amer Béton et La Traversée du temps, 2008 nous a offert Un été avec Coo, ou l’amitié improbable entre un jeune garçon et une petite créature mythique surgie du passé. Cela semblait être un film mineur, plus enfantin. Erreur. Ce fût l’une des émotions les plus inattendues de l’année.

18. Tonnerre sous les Tropiques
S’il y a bien eu un film cette année qui a provoqué une avalanche de rires aux éclats, c’est la nouvelle comédie de Ben Stiller. Depuis Zoolander, je me languissais de son retour derrière la caméra, et l’attente en valait la peine. Des répliques cultes à foison, des personnages énooormes, et des comédiens n’ayant pas peur de se jeter à corps perdus dans des rôles timbrés. Il y a assez d’humour dans Tonnerre sous les Tropiques pour remplir 3 excellentes comédies.

19. Wall-E
Dans le cinéma d’animation, la régularité implacable avec laquelle Pixar produit du concentré d’excellence depuis près de 15 ans est pour ainsi dire sans égal. Wall-E est une pierre de plus à l’édifice d’une œuvre remarquable par sa capacité à émerveiller les enfants et les adultes à des niveaux de lecture différents. Le premier acte du dernier-né Pixar, dans lequel un robot évolue sur une Terre post-apocalyptique sans dialogue aucun, est une prouesse narrative et technique laissant pantois.

20. Lust, Caution
Il est toujours difficile, en fin d’année, d’apprécier avec le même discernement des films vus en janvier et d’autres vus au dernier trimestre. Lust, Caution fait partie des films qui m’ont le plus passionné et séduit au début de l’année. Depuis j’ai vu 200 films en salles qui ont forcément atténué l’impact que le film d’Ang Lee, Lion d’Or à Venise en 2007, a eu sur moi. Mais ce drame historique mêlant espionnage et érotisme dans la Chine occupée par les japonais résonne encore en moi malgré l’année écoulée.

Ca me crève le cœur de les avoir écartés : L’échange, Eldorado, Entre les Murs, Et puis les touristes, Frangins malgré eux, Iron Man, JCVD, Night and Day, Redacted, Rendez-vous à Brick Lane, Reviens-moi, Sans Sarah rien ne va !, Serbis.

6 commentaires:

Michael a dit…

4 films dans nos deux top 10, c'est quand même pas mal. C'est peut-être même un record ? Après "Two Lovers", "Delire Express" et "The Visitor", je peux comprendre. "Le Bon La Brute" continue de me laisser perplexe mais bon... "Shotgun Stories", je l'ai manqué et c'est un grand regret. Par contre, "REC", je ne comprends vraiment pas : c'était vraiment très bof et sans surprise !

Pour le reste, je comprends bien "Hallam Foe", "Darjeeling" ou "Wall-E" mais "Lust Caution" m'a profondémment ennuyé, "Soyez sympas" était - comment dire? - nul ?! Et ne parlons pas de "The Dark Knight", je risquerais de devenir méchant ;-)

Et il y a quand même un truc ! Je ne sais même pas ce que c'est que "Et puis les touristes" !?

Mais bon, ce sont des tops finalement pas si éloignés ;-)

Nat a dit…

Mais c'est pas possible! Comment ai-je pu oublier "Le premier jour du reste de ta vie" et "Hallam Foe"! J'suis un peu énervée sur c' coup-là! Mais tant pis ce qui est écrit est écrit...ou alors je rajoute qq lignes comme t'as fait...
Nat

David Tredler a dit…

"Soyez" sympas, "nul" ???!!! WTF Michael ??!! T'avais pas aimé ??? Un tel hymne à la geekerie cinéphile t'a laissé insensible ???

Lust, Caution, ennuyé, pfff.. mais bon je me souviens que t'étais pas fan... Dark Knight, pareil lol
REC, je pense que tu aurais dû le voir vite avant d'avoir tant de bouche à oreille, il ne t'aurait surement pas fait le même effet. Moi je trouve que c'est un film de genre ahurissant mais bon...

"Shotgun", t'as raté un truc énorme. Du cinéma dans la lignée de David Gordon Green, en plus sec et moins poétique.

Quant à "Et puis les touristes", je prépare un petit post foutraque rétro où justement je mentionne ce film pour dire qu'une semaine avant d'aller le voir, je savais pas ce que c'était. C'est un très beau film allemand, va voir la BA sur Allociné si t'es curieux.

David Tredler a dit…

Nathalie : je sais pas comment tu as pu les oublier moi non plus !

Michael a dit…

Bah oui, effectivement, "Soyez Sympas", j'ai trouvé ça pas sympa du tout. Bonne idée mais trop répétitive, Jack Black trop en roue libre, scénario foutraque. Un court métrage aurait été bien. Un film d'1h30, beaucoup trop...

J'ai été voir la BA de "Et puis les touristes" et effectivement, je me rappelle de ce film. Ca a l'air pas mal.

David Tredler a dit…

Pffff... Court métrage... n'importe quoi lol

Voilà, ça a l'air pas mal Et Puis les Touristes, et c'était vraiment excellent.

over-blog.com