La flemmardise aigue est une spirale qui peut paraître sans fin lorsqu’après vacances, maladie et fuite d’eau, courir à travers Paris pour rattraper tous les films que l’on a en retard permet de s’auto-justifier dans la non mise à jour d’un blog. Les jours passent, et l’on arrive à se convaincre que l’on n’a vraiment, vraiment pas le temps d’écrire. On commence deux ou trois posts, mais avec un tel esprit de perfectionnisme que la mise en ligne est sans cesse repoussée.
Et puis un jour boum. Non, plutôt BOUM. Il fallait bien que cela arrive, car cela arrive tout de même de temps en temps. On voit le film. Non je la refais. On voit LE film. Pas LE film de l’année, entendons-nous. Enfin si en l’occurrence, l’année commence, et pour le moment c’est celui-là le film de l’année. Mais bon, LE film qui donne envie de taquiner le clavier et noircir quelques lignes sur Word après de trop longs jours de flemmardise aigue, donc.
Samedi soir je l’ai vu, ce film (oui bien sûr les « on » du paragraphe précédent était en fait un « je » mal déguisé). Après avoir vu dans l’après-midi le beau Bright Star de Jane Campion et l’étrange, fascinant et bancal Mr Nobody de Jaco Van Dormael (qui mérite également que je parle de lui, une autre fois peut-être), je ressortis plus tard dans la soirée pour attraper un film en dernière séance aux Halles, histoire d’éviter la foule de la séance de 20h. Bien m’en a pris, pour conclure en beauté cette intéressante journée cinéphile.
Ce film c’est Agora, d’Alejandro Amenabar. Cet Alejandro Amenabar qui m’avait ébloui avec Ouvre les yeux et Les autres, avant de me décevoir par la facilité et le pathos de son Mar Adentro. Pour son cinquième long-métrage, le cinéaste espagnol s’est plongé, et nous avec, dans l’Alexandrie du 4ème siècle de notre ère. Une Alexandrie où la dominance païenne est bousculée par la montée du Christianisme, qui menace de renverser les rapports de force religieux et citoyens de la Cité de l’Empire romain.
Amenabar, en choisissant ce cadre, ce sujet, et cette protagoniste qu’est Hypatie, une philosophe astronome respectée à Alexandrie au 4ème siècle, a compris ce qui fait le sel et la force du film dit historique : celle de commenter la société présente par celle passée, et d’envisager le futur.
Agora, s’il est un grand film par le budget, par le soin apporté à la reconstitution et l’aspect visuel, ose aller plus loin qu’offrir un spectacle. C’est un film qui se passionne pour les balbutiements de la science (l’astronomie plus précisément) et la difficile coexistence des différentes religions. C’est un film que j’ai craint (en tant qu’athée), comme je crains souvent les films qui traitent de la foi et de la religion, parce que c’est un sujet hautement intéressant mais immanquablement casse-gueule.
Amenabar ne manque pourtant pas son rendez-vous avec le sujet. Il signe un film brave sur le questionnement. Questionnement de la foi bien sûr, mais au-delà de la question de la religion, questionnement de la connaissance. De ce que l’on prend pour acquis. Le questionnement perpétuel comme moteur d’une société qui réfléchit, qui avance, qui évolue. Cela n’a l’air de rien, mais placé dans le contexte d’une société où sciences et religions sont incontournables, le questionnement peut vite apparaître comme un concept au choix révolutionnaire, dangereux, primordial.
D’autant qu’Amenabar ne place pas ses regards annexes dans le vide non plus. Les rapports entre maîtres et esclaves et la place de la femme dans la société se disputent une place dans ce film qui n’a pas peur de nous embarquer dans une passion scientifique inattendue. Une passion qui n’éclipse jamais la force de la dramaturgie, mais au contraire la souligne et la met en valeur.
Qu’il est bon de commencer l’année par un film de cette qualité.
Et puis un jour boum. Non, plutôt BOUM. Il fallait bien que cela arrive, car cela arrive tout de même de temps en temps. On voit le film. Non je la refais. On voit LE film. Pas LE film de l’année, entendons-nous. Enfin si en l’occurrence, l’année commence, et pour le moment c’est celui-là le film de l’année. Mais bon, LE film qui donne envie de taquiner le clavier et noircir quelques lignes sur Word après de trop longs jours de flemmardise aigue, donc.
Samedi soir je l’ai vu, ce film (oui bien sûr les « on » du paragraphe précédent était en fait un « je » mal déguisé). Après avoir vu dans l’après-midi le beau Bright Star de Jane Campion et l’étrange, fascinant et bancal Mr Nobody de Jaco Van Dormael (qui mérite également que je parle de lui, une autre fois peut-être), je ressortis plus tard dans la soirée pour attraper un film en dernière séance aux Halles, histoire d’éviter la foule de la séance de 20h. Bien m’en a pris, pour conclure en beauté cette intéressante journée cinéphile.
Ce film c’est Agora, d’Alejandro Amenabar. Cet Alejandro Amenabar qui m’avait ébloui avec Ouvre les yeux et Les autres, avant de me décevoir par la facilité et le pathos de son Mar Adentro. Pour son cinquième long-métrage, le cinéaste espagnol s’est plongé, et nous avec, dans l’Alexandrie du 4ème siècle de notre ère. Une Alexandrie où la dominance païenne est bousculée par la montée du Christianisme, qui menace de renverser les rapports de force religieux et citoyens de la Cité de l’Empire romain.
Amenabar, en choisissant ce cadre, ce sujet, et cette protagoniste qu’est Hypatie, une philosophe astronome respectée à Alexandrie au 4ème siècle, a compris ce qui fait le sel et la force du film dit historique : celle de commenter la société présente par celle passée, et d’envisager le futur.
Agora, s’il est un grand film par le budget, par le soin apporté à la reconstitution et l’aspect visuel, ose aller plus loin qu’offrir un spectacle. C’est un film qui se passionne pour les balbutiements de la science (l’astronomie plus précisément) et la difficile coexistence des différentes religions. C’est un film que j’ai craint (en tant qu’athée), comme je crains souvent les films qui traitent de la foi et de la religion, parce que c’est un sujet hautement intéressant mais immanquablement casse-gueule.
Amenabar ne manque pourtant pas son rendez-vous avec le sujet. Il signe un film brave sur le questionnement. Questionnement de la foi bien sûr, mais au-delà de la question de la religion, questionnement de la connaissance. De ce que l’on prend pour acquis. Le questionnement perpétuel comme moteur d’une société qui réfléchit, qui avance, qui évolue. Cela n’a l’air de rien, mais placé dans le contexte d’une société où sciences et religions sont incontournables, le questionnement peut vite apparaître comme un concept au choix révolutionnaire, dangereux, primordial.
D’autant qu’Amenabar ne place pas ses regards annexes dans le vide non plus. Les rapports entre maîtres et esclaves et la place de la femme dans la société se disputent une place dans ce film qui n’a pas peur de nous embarquer dans une passion scientifique inattendue. Une passion qui n’éclipse jamais la force de la dramaturgie, mais au contraire la souligne et la met en valeur.
Qu’il est bon de commencer l’année par un film de cette qualité.
2 commentaires:
J'utilise cet espace libre et gratuit pour remercier cette prof' d'espagnol de nous avoir fait découvrir le très intéressant et bon : Abra los Ojos. Parce qu'à l'époque à part Bunuel et Almodovar...
Je ne savais même pas que ce réal' avait ressorti un film, je l'avais lâchement abandonné à son second long.
Tu l'as alors TON film de ce mois de janvier 2010, mister Lee Kang-shen ;) Attends, une minute... j'ai Tsai Ming-liang au bout du fil, il demande à te parler, très intéressé par ta fuite d'eau. Il demande à pouvoir réaliser quelque shoot pour un prochain film qui sera seulement et je dis bien seulement projeté au Musée du Louvre... :))
C'était une bonne prof d'espagnol, à n'en pas douter !
Tu sais ce qu'il te reste à faire maintenant, aller voir Agora ;-)
Oui pour le moment c'est mon film du mois, mais en même temps j'ai dû voir 6 ou 7 films seulement... Mais il le serait sûrement si j'en avais vu 20...
Tsai Ming Liang est bien informé sur ma fuite, il a de la chance, c'est pas encore réglé cette histoire...
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