mardi 5 mai 2009

Mais qu’est-ce qui rend "Incognito" si drôle ?


Une comédie française ayant l’air plutôt plate et plutôt beauf peut-elle se révéler être une agréable surprise ? Erreur de la banque en votre faveur a prouvé il y a quelques semaines que c’était effectivement possible, quoiqu’en l’occurrence l’à priori sur le film de Michel Munz et Gérard Bitton portait plus sur l’aspect téléfilm tout à fait trompeur. Les dialogues et situations parfaitement ciselées avaient balayé mes craintes.

Aujourd’hui, ce même genre d’à priori s’est emparé de moi à l’idée de voir Incognito d’Eric Lavaine. Les causes du doute étaient multiples et légitimes. Après tout, derrière la caméra, Lavaine avait déjà commis Poltergay, un faux OVNI raté. Après tout, le personnage principal du film est campé par le chanteur Bénabar qui fait ici ses débuts devant la caméra. Après tout, en haut de l’affiche, on ne peut s’empêcher de voir écrit en gros « Franck Dubosc », qui depuis quelques années se complait dans la « beaufitude » au cinéma (Camping, Disco). Bref trois raisons de craindre le pire.

Mais bon, en période de vacances, je laisse leur chance à des films qui passeraient rapidement à la trappe en temps ordinaire. Etonnamment, comme pour Erreur de la banque il y a quelques semaines, bien m’en a pris. Et encore plus étonnamment peut-être, la qualité première du film vient d’un des trois éléments cités comme facteurs décourageants… Non, pas la mise en scène de Lavaine… Pas non plus Bénabar, qui se débrouille pas mal dans son premier rôle, mais ne pousse pas non plus à une attente particulière pour une nouvelle transition vers la comédie…

Et oui, contre toute attente, la qualité numéro 1 d’Incognito, c’est Franck Dubosc. Drôle au côté d’Elie Semoun dans quelques « Petites annonces », le comique s’était plutôt jusqu’ici forgé une image beauf et imbue de sa personne difficilement appréciable au cinéma.
Peut-être son rôle de Francis, l’acteur raté se rêvant mime mais squattant pathétiquement chez son pote pendant dix ans, est-il le rôle de sa vie, car finalement il s’appuie sur une part de la personnalité de Dubosc qui nous est familière. Mais qu’elle soit le signe d’un talent réitérable ou non, son interprétation dans Incognito est souvent à mourir de rire.

Bon, certains me connaissant se méfieront de mon sens de l’humour, à n’en pas douter, mais toujours est-il que peu de comédiens m’ont fait autant rire ces derniers mois au cinéma que Franck Dubosc dans ce film. Il prouve qu’avec du recul, c’est-à-dire en ne se mettant pas trop en avant et en restant le second couteau servis par des dialogues et situations parfois irrésistibles, Dubosc est un dérideur de zygomatiques en puissance, un ressort comique volant toutes les scènes où il apparait. Si proche des beaufs cons sur les bords qu’il incarne habituellement, et pourtant si loin, tellement mieux servi. Il faut le voir déambuler les fesses à l’air à travers l’appartement sans slip (« je vois pas l’intérêt si c’est pour le retirer dans 2 heures ») ou mimant l’espoir avec un grand sérieux. Il parvient à introduire dans Incognito, sympathique comédie un peu téléphonée, des moments d’hilarité inattendus.

Il y a à coup sûr un avenir dans le cinéma français pour Dubosc, s’il parvient à canaliser son énergie comique dans des seconds rôles taillés sur mesure, plutôt que dans des premiers rôles fadasses. Allez Franck, un peu d’audace par le recul !

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