dimanche 28 juillet 2013

« Lone Ranger » : western et basket sur les Champs-Élysées

Sur le papier, je ne suis pas le client le plus évident pour « Lone Ranger ». Le nom de Jerry Bruckheimer à la production a cessé d’éveiller ma curiosité voilà quelques années, Johnny Depp me tape légèrement sur le système depuis quelques films, et Gore Verbinski est coupable d’avoir commis, avec les mêmes compères Bruckheimer et Depp, une bonne partie de l’inepte saga « Pirates des Caraïbes », dont le succès continue de me laisser coi. Non, décidément, ce « Lone Ranger » avait tout pour me rendre méfiant, et les échos venus des États-Unis lorsque le film s’y est planté au début du mois n’ont rien arrangé à l’affaire.

Cependant l’amateur de cinéma d’aventures que je suis, et de western également, n’a pu laisser passer la chance d’aller jeter un œil au film, spécialement lors de l’avant-première en présence de l’équipe du film dans cette belle salle des Champs-Élysées qu’est l’UGC Normandie. En guise d’équipe, il ne fallait pas s’attendre à voir débarquer Johnny Depp, mais Jerry Bruckheimer, Gore Verbinski et le vrai héros du film, Armie Hammer, avaient fait le déplacement. Jean-François Camilleri, le patron de Disney France, discutait le rang devant moi avec une de ses connaissances, expliquant que l’orage avait retardé la projection et signalant que le coach de l’équipe de basket des Miami Heats, dont le nom m’échappe, était présent ce soir-là (allez savoir pourquoi) et qu’il allait l’annoncer lorsqu’il monterait sur scène (ce qu’il fit effectivement, annonce suivie d’un tonnerre d’applaudissement…).

Finalement l’équipe arriva avec 30 minutes de retard (le premier retard qu’ait connu Camilleri en tant que boss de Disney France, paraît-il) sous l’ovation attendue du public, tandis que l’inimitable Béatrice était là pour s’occuper de la traduction avec la… hum… verve qu’on lui connaît. A côté de moi, ma voisine sortit son carnet de notes, peut-être en vue de relater en détail la présentation de l’équipe de « Lone Ranger » sur son propre blog (je vous résume : « c’était formidable de faire un tel film et on espère que vous l’apprécierez autant qu’on a pris plaisir à le réaliser », si si je vous jure), pendant que je songeais à quel point Armie (un p’tit diminutif d’Armand) Hammer était grand et me demandais si le coach des Miami Heats n’était pas là pour le convaincre de changer de carrière et de se lancer dans la NBA. Ce serait vraiment dommage, car même si « Lone Ranger » s’est planté au box-office américain (même pas 100 millions de dollars de recettes quand le film a coûté au moins le double), Hammer a de l’avenir dans le paysage cinématographique outre-Atlantique, à la fois charismatique, maladroit et touchant la plupart du temps, tendance James Stewart moderne.

Il est d’ailleurs probablement la raison pour laquelle le numéro auquel se livre une fois de plus Johnny Depp dans le film est non seulement supportable, mais plaisant. Voilà quelque temps que le Depp est en roue libre sur grand écran, recyclant encore et toujours son personnage d’excentrique sympathique, des trop nombreux « Pirates des Caraïbes » aux films de Tim Burton. Ici, s’il ne s’écarte pas vraiment de ce personnage récurrent en incarnant Tonto, le Commanche un peu loufoque sur les bords qui va prêter main forte au Lone Ranger pour arrêter tueurs, malfrats et hommes de pouvoir corrompus dans l’Amérique du Far-West. Mais ce qui change c’est qu’il n’est pas le protagoniste, du moins pas le seul, et que le duo qu’il forme avec Armie Hammer se nourrit d’une certaine dynamique, où le sérieux de Hammer est contrebalancé par l’humour apporté par Depp, qui devient finalement sidekick à vocation comique.

Le duo d’acteurs n’est pas la seule chose recommandable du film, au demeurant, puisque celui-ci s’avère, contre toute attente, un film d’aventures plaisant. Et à y regarder de plus près, il ne faut pas trop s’étonner de l’accueil froid réservé au film aux États-Unis, tant « Lone Ranger » s’escrime à dénoncer les forfaits perpétrés par les ancêtres, qui des militaires aux bureaucrates en passant par à peu près tout le monde, ont construit la société par le sang, l’oppression et la corruption. Hum… le portrait n’est pas franchement flatteur. Attention à ne pas non plus trop prendre « Lone Ranger » au sérieux, car il s’agit bien d’un divertissement pur, pas toujours bien calé niveau rythme, n’exploitant pas autant que possible tous les personnages, mais un divertissement bien huilé tout de même, presque à l’ancienne si ce n’est ce budget pharaonique qui à l’écran ne semblait pourtant pas nécessaire.

Décidément, après « Prince of Persia », « John Carter » et quelques autres, je crois que j’aime bien les films d’aventures hollywoodiens qui ont été boudés chez eux. Ils sont rarement parfaits, souvent boursouflés, mais insufflés d’un vrai sens de l’aventure. J’espère que le coach des Miami Heats est rentré chez lui sans être parvenu à recruter Armie Hammer. Je préfère le voir sur grand écran.
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