Je suis un bon client pour la SF. Il est rare que je laisse passer un film du genre, d’autant qu’ils ne sont pas si nombreux sur grand écran. Même les films qui peuvent sembler faiblards sur les bords (voire bien au milieu) tombent généralement dans mes filets lors de leur passage en salles, que ce soit le blockbuster incontournable à la Star Trek ou l’indépendant discret à la Pandorum. L’Étrange Festival a prouvé par le passé le goût de ses programmateurs pour la science-fiction de qualité, et il m’était donc impossible de faire l’impasse sur le film de SF spatiale de l’édition 2010, avec en tête le souvenir d’avoir découvert dans ce même amphi du Forum des Images le beau Moon de Duncan Jones.
La curiosité du film choisi cette année pour succéder au voyage de Sam Rockwell sur la Lune, c’est sa nationalité. Suisse. Combien d’entre vous ont déjà vu un film de SF suisse, sincèrement ? Sans vouloir porter ombrage au pays de Jean-Luc Godard, il est cocasse de découvrir l’existence d’un film suisse s’aventurant dans l’espace. Bien sûr j’ai acheté ma place d’emblée pour cette rareté (déjà passée par Gerardmer) intitulée Cargo, d’autant que le synopsis était vraiment excitant : au 23ème siècle, la Terre n’est plus qu’un lointain souvenir pour l’Humanité. Notre belle planète bleue n’est plus habitable, trop polluée. A la place, les êtres humains se sont refugiés dans des stations spatiales surpeuplées, excepté ceux ayant les moyens de se payer une place sur Rhea, une distante planète accueillante pour l’espèce humaine.
Le cadre est posé. Notre héroïne est médecin. Elle embarque à bord d’un vaisseau dont l’équipage part construire une nouvelle station spatiale, à quatre années de distance. Pour un tel voyage, l’équipage est placé en cryo-sommeil. Seule une personne de l’équipage, à tour de rôle, prend une garde de huit mois, éveillé à bord du vaisseau. Mais alors que la destination n’est plus qu’à quelques semaines, notre toubib, de garde, a l’impression que quelqu’un d’autre est présent à bord…
L’ambition ne manque à l’évidence pas sur le papier. La première question, la grande question, c’était « A quoi peut bien ressembler un film de SF suisse ? ». L’instinct nous pousse à attendre un film quelque peu cheap, or la surprise est de taille. Cargo n’a pas à rougir d’une production hollywoodienne pour ce qui est de la qualité visuelle. Si ce n’était la langue germanique résonnant dans les couloirs du vaisseau, on pourrait se croire dans un film américain. Il est dès lors permis de se dire que l’on s’embarque pour un film vraiment intéressant, qui va pouvoir nous offrir une grande maîtrise visuelle avec potentiellement un point de vue et une direction originale – après tout on est dans un film suisse, ils ont forcément des choses différentes à dire les suisses !
La déception de Cargo vient contre toute attente du scénario. Le point de départ riche en possibilités cinématographiques - terre surpeuplée, abris de fortune dans l’espace, une riche planète de substitution à la Terre – n’est finalement pas exploité autrement que dans une direction attendue, quelque peu essoufflée par d’autres films, passés plus tôt et ayant déjà traité sujets similaires avec plus d’aplomb et d’originalité. Cargo nous sert un plat froid dans lequel on a déjà plus d’une fois planté nos fourchettes. Les réalisateurs Ivan Engler et Ralph Etter essaient de nous faire peur avec une présence inquiétante, sans grand suspense. Ils dénoncent les mensonges des grands de ce monde qui tentent de nous faire avaler des cachalots. Ils crient au danger du non respect écologique de notre planète. Mais tout cela manque de voix malgré les cris. Sans être mauvais, Cargo est décidément bien convenu.
Et me revoilà plongé un an en arrière, lorsque je marchais sur la Lune avec Sam Rockwell… Ca c’était de la grande SF.
3 commentaires:
Bonjour,
merci pour le commentaire sur mon blog.
Très bon post que le votre j'ai bien aimé. Je reviendrai régulièrement vous lire
à bientôt
dame skarlette
Merci Dame Skarlette !
N'hésitez pas à revenir, vous serez la bienvenue !
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