jeudi 9 septembre 2010

Des Hommes, des Dieux, des doutes...

La déception se mesure à l’attente que l’on a d’un film, et non forcément à ses qualités réelles. J’en suis conscient en sortant du film évènement de cette rentrée, Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois. Je suis sorti déçu. Je suis sorti déçu d’un film dont la rumeur cannoise le couronnait avant l’heure. Je suis sorti déçu d’un Grand Prix qui décidément sied bien au cinéma français. Je suis sorti déçu d’une œuvre encensée et auréolée par la presse. Je suis sorti déçu de près de quatre mois d’attente. Je suis sorti déçu d’un film dont j’attendais un bouleversement.

Je suis pourtant sorti déçu d’un bon film. D’un beau film. D’un film s’attachant avec discrétion à une tragédie ayant fait grand bruit. Un film portant un regard tantôt documentaire sur le quotidien de moines en terre algérienne, tantôt lyrique sur un drame annoncé. Un film qui trouve un juste équilibre entre le rapport à la foi que pose une telle communauté et le rôle social que celle-ci a pu jouer dans cette région d’Afrique du Nord où elle avait élu domicile. Un film tout en retenu, préférant la finesse et le mystère au déploiement de violons et d’émotion, même lors de cette scène de dîner où « Le Lac des Cygnes » résonne.

Des hommes et des Dieux montre les larmes mais ne les cherche pas. Des hommes et des Dieux montre les doutes, montre la détermination, montre le courage, mais aussi l’impuissance et le dépit. Certains films sont grand d’emblée, au premier regard. Je suis sorti déçu de n’avoir pas trouvé de la grandeur lors de cette première rencontre avec le film. Mais tenté de penser que le film de Xavier Beauvois est de ceux qui grandissent en nous, en moi, avec le temps. J’aurais préféré que le destin de ces moines de Tibéhirine interprétés par Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Philippe Laudenbach et les autres, m’enlace immédiatement. Mais il murira en moi, c’est certain. Des hommes et des Dieux m’a déçu, mais il n’a pas dit son dernier mot.

7 commentaires:

Phil Siné a dit…

eh bien tu décris parfaitement ce que j'ai ressenti : sorti déçu de ce qui semble pourtant être un bon film, c'est très bien résumé ! :)

David Tredler a dit…

Merci Phil ;)

selenie a dit…

Tout un pataquès pour ça ?! Mais soyons honnête c'est un très beau film. Le film se veut très fidèle aux faits, c'est le premier problème : Lambert Wilson semble le plus jeune de la communauté alors que dans les faits son personnage avait 59 ans, 3 autres moines étaient plus jeunes. Entre l'assassinat des croates et la première visite au monastère il ne se passe que 10 jours c'était en 1993, l'enlèvement effectif et les meurtres se déroulent en 1996 ; problème d'espace temps donc. Ensuite le quotidien et les quelques moments à l'extérieur du monastère sentent trop l'hommage avec des discours beaucoup trop téléphonés, trop démagogues... C'est d'ailleurs le soucis du film en entier le manque cruel de naturel, tout est trop écrit. Cependant malgré un début laborieux on prend petit à petit intérêt à suivre le cheminement qui va mener au drame. La scène du dernier repas vaut à elle seule les deux étoiles.

David Tredler a dit…

Le fait que le film ait pu se détacher un peu de la réalité ne me gêne pas. Il est vrai en revanche que le film est parfois un peu trop écrit. Notamment cette séquence où chacun y va de sa métaphore pour signifier qu'il vaut mieux rester que fuire. Mais c'est un beau film, à n'en pas douter.

Chris a dit…

C'est parce que l'expérience que propose Des hommes et des dieux est plus qu'un film...

Anne-Laure a dit…

CQFD : Il ne faut pas lire les critiques avant de voir les films, il faut se préserver des regards pré-machés, rester vierge devant un film... on parle ici de scénario mais la mise en scène... qui évoque avec une implacable simplicité la présence du sacré qui lie tout le monde par exemple...

David Tredler a dit…

Crois-moi Anne-Laure j'évite au maximum les critiques pourtant, mais pour certains films, il n'est pas besoin de lire les critiques pour entendre la rumeur murmurer à nos oreilles...
La mise en scène est majestueuse, tu as raison de le souligner.

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